Slow Horses, une série à découvrir d’urgence
As-tu entendu parler de Slow Horses avec Gary Oldman et Kristin Scott Thomas? Non?
Je le savais ! Personne n’en parle. C’est un scandale !
Et pourtant la série a reçu des prix prestigieux au Royaume Uni et possède quand-même un casting solide… A la base, c’est une série d’espionnage qui se déroule de nos jours à Londres et dans ses environs. Le thème principal ? Comment un service d’agents placardisés du MI5 (tous étant censés être des espions ratés)- va réussir à déjouer des complots visant la sécurité du pays. En effet, à la différence du MI6 qui est le service de renseignement britannique extérieur, le MI5 est le service de renseignement intérieur c’est-à-dire qui gère les menaces à l’intérieur du Royaume Uni.
Le scénario semble assez classique mais il intègre plusieurs éléments originaux. En premier lieu, le côté outsider de l’équipe. Considérés comme des ratés, ces bourricots, (d’où le nom de la série Slow horses) sont relégués dans un petit immeuble de bureaux poussiéreux des années 70 surnommé l’étable par les autres agents du MI5. Dans ce triste lieu, nos 6 agents aux failles plus ou moins avouées (addiction aux jeux ou aux drogues, fainéantise patentée ou encore égotisme ostentatoire), nos anti-héros donc réalisent toutes les tâches administratives les plus ingrates et inutiles possibles. On se croirait dans un véritable purgatoire à la sauce soviétique. Cela, sous la houlette d’un chef encore plus incompétent et fainéant qu’eux : Jackson Lamb alias Gary Oldman. Toutefois, et c’est un second élément original, ils vont s’avérer beaucoup plus futés et débrouillards que prévus. Et cela fait le sel d’un second arc narratif captivant qui est d’éclaircir la raison de leur présence dans ce service. Si vous rajoutez à cela une passionnante histoire d’espionnage liant les problématiques actuelles aux vestiges de la guerre froide, et une réalisation efficace sans être ostentatoire (pas d’images clipesques ou d’esthétisme à la Euphoria ici), et bien vous restez juste scotché sur votre canapé !
Au-delà du scénario abouti, le réalisateur a réussi à intégrer au sein de ce récit d’espionnage à la John le Carré, du Drama (sans divulgacher, le côté parfois léger du récit va être contrebalancé d’événements bien dark), des scènes d’action hyper efficaces telles que l’attaque d’un entrepôt par un commando surarmé et même… de l’humour (j’en reparlerai tout à l’heure) ! Et ce qui est incroyable dans tout cela c’est que l’on y croit, ça marche, on croit aux personnages et à leur histoire ! On pourrait craindre une suite de scènes disparates, un peu comme un film à sketches mais pas du tout : on découvre une fiction hyper prenante. La qualité des acteurs et le montage qui alterne entre rythme rapide ou plus lent selon les situations font que l’on est pris par l’action, et touché par ces agents cabossés. En résumé on ne s’ennuie pas un seul instant !
On y découvre également ce personnage exceptionnel qui restera à coup sûr dans votre mémoire, celui du responsable de l’équipe revenu de tout joué par Gary Oldman qui est juste incroyable. Il faut le voir, alcoolique, habillé comme sorti des années 70, le cheveu gras, les vêtements sales, misanthrope, entretenant un plaisir non dissimulé à sortir les vannes les plus terribles – mais terriblement drôles – à son équipe. Toutefois les apparences sont parfois trompeuses, et on va apprendre progressivement à le voir sous un jour nouveau et plus complexe mais je vous laisse le découvrir.
Autre élément, sa résonance actuelle. Je dirais même plus: son ouverture vers une réconciliation générationnelle. Slow Horses oppose ainsi dans la trame de son récit deux visions du monde. D’une part, un univers libéral froid dirigé par des technocrates cyniques, scrutant et contrôlant l’ordre public grâce aux dernières technologies (le MI5 donc). D’autre part, un monde plus fauché mais plus humain, c’est la fameuse équipe de l’annexe travaillant dans un immeuble en décrépitude, où la paperasse s’amoncelle et où les agents sont bons mais avec leurs failles. Et c’est tout à fait délicieux de voir que le côté bricolé / sans grands moyens de ces agents peut être aussi efficace – voire plus efficient même – que toute une armée de « robots » ou d’intelligence artificielle.
Ainsi, et ce sera ma touche d’espoir finale, cette série arrive à réunir deux mondes, deux générations que l’on pensait aujourd’hui définitivement séparées voire opposées. En effet, tu vas retrouver au sein de l’étable d’une part le côté boomer (par le personnage de Gary Oldman en particulier) d’autre part des personnages plus jeunes reflétant une modernité faite d’acceptation des différences et des faiblesses ; et c’est la synergie entre les deux qui va permettre de résoudre les menaces rencontrées. Slow Horses met ainsi en son centre ce retour de l’humain et de la fraternité dans un monde de plus en plus froid et individualiste représenté par le MI5 où tout n’est que process autorité et finalement tristesse.
Alors si vous voulez une excellente série à bingewatcher avec derrière une vraie réflexion et de l’humour, Slow Horses est faite pour vous. Ne la ratez pas !
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Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Alexis
Chargé de com : William
Crédits photos : Apple TV
Première diffusion antenne : 3 juin 2024
Mise en ligne : Johan
Publié le 14 juin 2024
Mis en une le 18 juin 2024
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