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CinemaCultureLa Quotidienne

Saltburn, le film qui divise les critiques

Martin | 29 janvier 2024

Une fois n’est pas coutume, je range mes livres et mes pièces de théâtre pour vous parler d’un film qui m’a profondément secoué pendant les fêtes, un film qui divise les critiques, qui a démentiellement plu à certains pour en choquer et en décevoir d’autres, je vais vous parler de « Saltburn », un film réalisé par la Britannique Emerald Fennell.

L’histoire se passe en Angleterre, au début des années 2000. Oliver Quick – joué par le talentueux Barry Keoghan, révélé dans le film somptueux « Les Banshees d’Inisherin » – entre à Oxford avec une bourse. Manque de chance, il n’a rien de cool. Il n’a ni l’argent pour participer au train de vie effréné de la jeunesse anglaise dorée, ni la tchatche nécessaire pour s’intégrer d’une autre manière. Avec l’aisance sociale et financière qui lui font défaut, le voilà avec de bien mauvaises cartes pour se sortir du club terne des intellos invisibles. Scénario classique, me direz-vous, mais croyez-moi, vous n’avez rien vu de tel, vous n’êtes pas prêt.

Oliver parvient à se lier d’amitié avec Felix Catton – joué par le séduisant Jacob Elordi – le garçon le plus beau et le plus populaire de la bande des cool kids. Une aubaine, sa porte de sortie de la misère sociale. Il se confie à Felix à propos de son environnement familial difficile, empreint d’abus de drogues et de maltraitances. Et quand la mort du père d’Oliver survient, Felix le console et lui propose de venir passer l’été à Saltburn, son manoir familial. Oliver est vite séduit par le luxe démentiel dans lequel vit la famille, l’excentricité des parents et de la sœur de Felix. Il les adore autant qu’il les déteste et les jalouse d’être nés dans une telle opulence. Et si l’été commence bien, la réalisation nous fait sentir que quelque chose cloche, que la fête ne tardera pas à tarir et que de multiples couches de ténèbres et de mensonges surgiront bien assez vite.

Saltburn, c’est le genre de film qui vous fascine et vous hante des jours après son visionnage. On oscille entre la comédie noire et le thriller psychologique, on adore et on déteste chaque personnage. On voudrait en être et en même temps, on se félicite d’être loin de ce monde décadent.

Comme le disait la réalisatrice dans une interview, un des buts du film est de nous faire sympathiser avec des personnages peu recommandables. Le genre de personne qu’on ne peut pas supporter, le genre de personnes qui sont détestables. Et pourtant, on peut les aimer, on peut tomber amoureux d’eux, on peut comprendre pourquoi ils sont si séduisants, en dépit de leur cruauté, de leur injustice et de leur étrangeté palpable. On veut être proche d’eux, être ami avec eux, faire partie de la fête. Et la raison qui l’explique nous échappe.

Emerald Fennell aborde à la fois la différence de classe, l’amour obsessionnel, la jalousie, l’excès, la générosité, le mensonge, la trahison. Chaque thème se mêle avec les autres pour former un tout grandiose, avec un scénario qui laisse place à des dizaines d’interprétations et d’avis différents. Chacun sera libre de voir les éléments qui l’auront le plus marqué.

Visuellement, le film vous en met plein les yeux. Le color grading saturé au maximum, la luxure démentielle et le train de vie des Catton vous enivre de couleur et d’envie de fête, qui contraste radicalement avec les moments sombres que le film nous réserve.

Le casting est impressionnant, avec non seulement les deux stars montantes mentionnées avant, mais aussi soutenu par des acteurs exceptionnels comme Rosamund Pike, Richard E. Grant et Alison Oliver, qui offrent chacun une performance qui vous fera regretter qu’ils n’existent pas. La bande-son fait des allers-retours entre les hits de l’époque et des compositions qui soutiennent parfaitement les moments forts et vous donneront des frissons quand vous les réécouterez en marchant dans la rue.

En somme, « Saltburn », c’est un mix entre le « Maître des illusions » de Donna Tartt, le film « Le Talentueux Mr Ripley » avec Matt Damon et Jude Law, Gatsby le magnifique de Fitzgerald, avec une touche de Gaspar Noé, le tout saupoudré avec une dose des séries Skins et Euphoria.

Vous allez l’adorer, ou vous allez le détester, mais la seule et l’unique promesse que je peux vous faire est qu’il ne vous laissera pas indifférent.

Une publication de Martin


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