menu Home search
La QuotidienneMusique

« Maybe Next Year »: le bouillonnement émotionnel de Gino.

Julian | 22 janvier 2024

Avant cette nouvelle année 2024, on m’a proposé de chroniquer l’œuvre du jour, de l’artiste électro-pop vaudois Gino. Or, j’étais déjà occupé sur autre chose, ce pourquoi inspiré par le titre de l’album, j’ai dit « Maybe Next Year » !

Calembour à part, qu’est-ce que j’ai pensé de cet album ? Et bien je l’ai trouvé très difficile à écouter. Mais pas parce que c’est complexe. Ça c’est sûr, tu ne te retrouveras pas devant du jazz modal à la mesure irrégulière.

Ici, les prods éléctro-pop sont très brut de décoffrage. Pas beaucoup d’effets ajoutés, uniquement le son des synthés et des boites à rythmes. Un son bien « fat » qui, ajouté à un chant volontairement approximatif, se rapproche d’une esthétique « punk » qui va droit au but et sans artifices.

En fait, j’ai trouvé l’album pesant, tant sur les intrus que sur les lyrics. Comment dire… Whaou… C’est triste ! Comme si tu dansais sur une piste bondée la boule au ventre des larmes que tu ne peux pleurer.

En effet, la thématique tourne beaucoup autour des peines de cœur, des doutes, et des questionnements qu’on peut traverser durant un tel moment. Il s’agit pour Gino d’un moyen de sortir tous ces trucs qui restent bloqués à l’intérieur, qui bouillonnent, et qu’on sait ni vraiment identifier, ni comment exprimer.

Ça n’engage que moi, ça me fait beaucoup penser au genre « Emo », ce genre de musique rock caractérisée par des paroles émotionnelles, voire confessionnelles ; l’interprète se déverse entier sur les sons !

Ouvrir son cœur est louable, ceci dit, bien que ça ne rende pas l’album moins qualitatif, les paroles sont en anglais. J’ai déjà abordé le sujet précédemment ; si un artiste émergeant choisit de chanter dans la langue de Shakespeare plutôt que dans sa langue natale – en l’occurrence le français – ce peut être soit par choix artistique, soit pour se cacher derrière elle.

Pour le coup, j’en ai parlé avec le principal intéressé ; il y a plusieurs raisons à l’anglais. La première est en lien avec les sujets qu’il aborde, qui sont très personnels et pas forcément évidents à confronter. Le fait de chanter dans une autre langue l’aide à s’en détacher un peu, à créer une distance qui le permet d’être moins vulnérable en expiant ses pensées.

C’est vrai, pas tout le monde n’a la force de se montrer à nu ; certains ont besoin d’habits, d’une armure, bref, de protection avant de s’exposer au monde.

Mais aussi, là ou en français on attendrait de lui une belle plume, moi y compris, Gino arrive à être plus direct et terre-à-terre avec l’anglais. Les paroles font ainsi l’effet d’un coup de poing dans le ventre qui nous laisse estomaqué.

Je me permettrai quand même de donner un contre argument sous la forme d’une œuvre que j’ai précédemment chroniqué, l’EP « La Mer Se Dessine » du groupe neuchâtelois Sérotonine. Au premier abord, beaucoup le sépare avec « Maybe Next Year » : l’un est bien moins triste que l’autre. Cependant, j’y ai beaucoup pensé en écoutant l’album d’aujourd’hui.

Maintenant, je sais pourquoi : tout en ayant des prods vont droit au but, les paroles, sans être ni du parnasse ni aussi intimes, sont en français. Un électro direct et brut de décoffrage dans sa langue natale est donc possible ! Et si Gino arriver un jour à se défaire de son armure de la langue, on aura alors quelqu’un qui se met réellement à nu devant nous, sans prendre ni pincettes ni distance avec son sujet.

En attendant, « Maybe Next Year » de Gino est un album personnel, fait par quelqu’un qui se confronte à lui-même, à ce qu’il ressent au plus profond de son âme. Si vous aimez les œuvres directes où l’âme y-est déversée, ou si tu veux exorciser tes peines d’amour, c’est fait pour toi !

Une publication de Julian


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd