L’alcool et moi: une lecture pour le dry January
Rien de mieux que le mois de janvier qui a un goût amer de challenge avec son dry January pour parler du livre de Carine Fluckiger « L’alcool et moi ».
Avouons-le, il y a toujours plus de monde qui s’y mette et qui s’en vante… soit sur les réseaux sociaux ou bien des fois carrément en face de toi, avec ce regard méga jugeant, quand t’es là, à ton troisième verre de vin au bar, alors qu’eux sont à leur deuxième verveine. Pour rappel, le dry January c’est ce challenge où tu fais une trêve avec l’alcool pendant 30 jours. Une façon de demander pardon à ton foie pour tous les excès et tous les péchés que tu as commis pendant les beuveries des fêtes de fin d’année. Mais, selon moi, c’est aussi une façon de lui laisser reprendre son souffle, avant le 14 février – parce que oui, pour nous les célibataires, la Saint-Valentin c’est généralement une soirée pleine d’excès devant « Le journal de Bridget Jones » que tu regardes pour la 27e fois… sacré célibat !
En tout cas, bravo à toi si tu fais le dry January. Et si t’es comme moi et que tu ne fais pas ce challenge, parce que tu pars du principe qu’aucun marathonien n’a jamais pu garder son endurance physique en arrêtant de courir pendant un mois, bah c’est peut-être le moment de se poser les bonnes questions. Et pour ça je te propose de lire le livre de Carine Fluckiger « L’alcool et moi ».
Alors non, ce n’est pas un guide de survie pour notre foie.
Ce livre n’est ni une fiction ni un roman, c’est plutôt un recueil de témoignages de gens qui racontent leurs expériences avec l’alcool. C’est sous couvert de l’anonymat qu’iels nous racontent la façon dont iels ont commencé à boire, les raisons, mais aussi les suites. Dans ces 100 et quelques pages, la parole est libre, aucun jugement, mais simplement du partage d’expériences. Alors des fois c’est assez drôle, d’autres fois, captivant, mais c’est surtout toujours très touchant.
C’est donc un assemblage qui nous fait réfléchir.
En lisant ce livre, je me suis aperçu qu’il y a une chose qui revient souvent dans les différentes histoires : l’alcool part d’une consommation sociale ! En fait, l’alcool c’est souvent comme une histoire d’amour qui est quand même pas mal toxique. De plus, je me suis aperçu qu’on « apprend » à aimer l’alcool. D’ailleurs, tout le monde le dit : il faut connaître la bière pour l’aimer ou bien il faut se « former le palais » pour apprécier les bons vins. On a toutes et tous fait cette expérience de la bière tiède à 16 ans qui était franchement dégueu… bah maintenant on paie des fortunes pour apprendre à les déguster. On apprend le bon vocabulaire, pour parler du parfum boisé et fruité du vin, alors qu’en vrai il n’est juste pas dégueu et que tu comprends très vite qu’il va t’exploser le crâne le lendemain matin. Et au final quand tu apprécies l’alcool, bah ça devient un gros sujet tabou… genre le jéroboam dans la pièce. Tu caches à tes amis que tu bois un verre le soir quand tu rentres chez toi, tu dis à ta famille « j’bois pas, j’aime pas ça », mais tu finis les verres dans la cuisine et finalement, tu mens à ton médecin sur ta consommation. En fait en lisant ce livre on se rend définitivement compte que la frontière entre l’élixir et le poison est franchement très poreuse.
Donc, l’alcool n’est jamais juste une boisson.
C’est souvent un camouflage, une échappatoire ou un moyen de créer des liens. À la fin du livre, Carine Fluckiger demande aux personnes qui témoignent de définir leur rapport à l’alcool en trois mots. Il y a des réponses géniales comme liberté, gaieté ou culture… ce qui fait me demander si dans ma rubrique nous ne sommes pas toutes et tous un peu des gros buveur·ses. Mais il y a aussi des termes plus sombres, qui font réfléchir, comme anesthésiant, seul ou encore poison.
Moi, je me suis bien retrouvé dans désinhibiteur ou encore dans le mot liberté.
Mais, j’ajouterai peut-être paradoxe, parce que c’est fascinant à quel point cette drogue est normalisée, et en même temps tellement tabou. En tout cas, ce livre agit comme une véritable confrontation avec soi-même.
Alors non je ne fais toujours pas le dry january, mais pour garder bonne conscience, j’ai lu sans modération « L’alcool et moi » de Carine Fluckiger et je te le conseille ! Le texte est publié chez La Puce nanoédition et on peut le trouver directement sur leur site.
Bon, je t’avoue que je me sens un peu mal de ne pas faire ce challenge et que mes amis me poussent pas mal à m’y mettre. Mais je ne sais pas si t’es comme moi. Ce challenge me fait quand même légèrement rire. Parce que celles et ceux qui le font sont les mêmes qui, il y a quelques années, nous poussaient à goûter une bière, parce qu’iels disaient « oooh une bière tu verras ça peut que faire du bien ». Non… définitivement Sartre avait raison, l’enfer c’est bien les autres.
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Chronique : Michaël
Animation : Emma
Réalisation : Laure et Sébastien
Crédits images : Olivier Carrard
Première diffusion antenne : 22 janvier 2025
Publié le 23 janvier 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
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