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Pénurie chez les disquaires genevois, notre enquête

Lola | 22 février 2021

La crise touche tous les domaines, et le marché du disque n’est pas épargné. Entre retards de production, dates de livraisons incertaines et concurrence amère, la situation est délicate pour les disquaires genevois. Conséquences du Covid ou problèmes de fond plus insidieux planant sur la profession ces dernières années ? Radio Vostok a interrogé Nicolas Dupont, disquaire chez Sounds Records, Nicolas Meury de Little Lion Sound, fondateur du label Evidence Music et Jack Davet, propriétaire de DIG it Records, au micro d’Antoine Minne alias Zebra.

Les boutiques locales dans la tourmente
Si les vinyles sont indéniablement revenus à la mode, dépassant leur petit frère le CD aux États-Unis et permettant l’ouverture possible d’usine de pressage suisses, force est de constater que les boutiques indépendantes des grands distributeurs ne sont pas toujours bien sollicitées. Les disquaires genevois s’accordent tous, l’obstacle de ces derniers mois a été la livraison de leur stock. Les retards se sont accumulés, la clientèle n’a pas été à même de trouver la diversité de choix attendue, le tout s’est fait ressentir sur le chiffre d’affaire.

Noël sans les classiques
Pendant la période des Fêtes, le vinyle apparaît pour beaucoup d’amateurs comme le cadeau idéal. Nicolas Dupont explique que les stocks n’ont pas été renouvelés correctement. Chaque année, les commandes sont passées en novembre et livrées à temps pour les achats de Noël. Décembre 2020 ne s’est pas déroulé de la même manière : « on a quasiment rien reçu des grands classiques, on commence à en recevoir maintenant ». Les trois intervenants confirment la base solide de vente que peuvent représenter certains gros albums, tels que The Dark Side of The Moon de Pink Floyd et Nevermind de Nirvana, absente de ce Noël. Les retards de livraisons ne se sont pas uniquement faits sentir en décembre, ils étaient déjà l’une des préoccupations premières apportées par la crise, mais Noël n’a fait qu’alourdir leurs conséquences, sans remonter le moral et la vente des disquaires après cette année complexe. « Je pense que Noël, on va le fêter autour du 21 juin cette année… » ajoute-t-il.

Pas de production, pas de livraison
Les causes de ces livraisons arrivant tardivement au compte-gouttes ne sont pas explicites, mais les hypothèses sont nombreuses. Albums pas repressés par peur de ne pas pouvoir les revendre ou primeur donnée aux gros distributeurs qui laisse bredouille les disquaires locaux, le problème semble également prendre racine dans la production même. Les usines, par manque de personnel, se trouvent surchargées. Les sorties se multiplient, les plus récentes attendent sur celles qui, malgré le temps, n’ont toujours pas été traitées : la machine s’enraye. Les labels indépendants constatent également des retards à ce stade là de la production. « Avec la priorité des gros labels et grosses sorties, les labels indépendants passent en dernier », commente Nicolas Meury. Alors qu’ils pouvaient auparavant espérer une commande de vinyles dans les deux mois, il faut aujourd’hui faire preuve de patience, d’organisation et de vision à long terme, le tout n’arrivant pas avant 4 à 5 mois. Avec tout ça, les distributeurs se font de plus en plus discrets, diminuant leur demande de moitié. Le Covid affecte donc tout le secteur, mais ne porte pas non plus l’entière responsabilité des difficultés actuelles du marché du vinyle local.

Boutique du coin ou commande en ligne
Se fournir chez le marchand local ou directement par la plateforme du label indépendant qui nous intéresse, rien de mal là dedans. La concurrence peut être considérée comme saine, la machine tourne dans le bon sens, selon nos trois disquaires. Mais une compétition plus amère et moins loyale s’opère du côté des mastodontes comme Amazon, ajoute Nicolas Meury, loin d’être dédiés à la musique uniquement. Catastrophe écologique, consumérisme à outrance, ces immenses plateformes de distribution mettent à mal les commerces locaux dans tous les domaines, disquaires y compris. Ces derniers s’adaptent, tentent de proposer une offre différente, à la manière de Jack Davet qui se tourne maintenant de plus en plus vers des labels indépendants pour diversifier et distinguer son stock par rapport à celui de la vente en ligne. Mais ça n’est pas sans conséquences, cette manière de faire l’oblige à placer le prix de base à 30 CHF, car les pressages indépendants sont limités et donc plus difficiles à trouver. Résultat : « Les clients font la gueule ».

Covid oui, mais pas que
La situation actuelle est loin d’être simple pour les disquaires et labels genevois. Les fermetures répétitives et les dysfonctionnements des usines de pressage s’ajoutent à la rude concurrence des géants de la vente en ligne qui, en temps de confinement, ne font qu’augmenter leur chiffre d’affaire, au détriment des boutiques locales. Au final, c’est au consommateur de décider s’il préfère favoriser la grande distribution ou au contraire soutenir son disquaire local.
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Invités : Nicolas Dupont de Sounds Records, Nicolas Meury d’Evidence Music et Jack Davet de DIG it Records
Interview : Antoine Minne alias Zebra
Réalisation : Nacho
Crédits photos de Une et de Podcast : DIG it Records
Crédits photo de Background : Sounds Records
Date de diffusion : 28 janvier 2021
Rédaction et mise en ligne : Kelly
Responsable éditorial : Charles Menger
Publié le 22 février 2021

Une publication de Lola


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