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CinemaÉcransLa Quotidienne

Les libertés individuelles bafouées en Iran

Orégane | 20 mars 2024

Chroniques de Téhéran :

Le long-métrage met en lumière l’autoritarisme du régime totalitaire iranien, à travers 9 citoyens ordinaires placés au cœur des chroniques. Ces chroniques sont des plans-séquences fixes, focalisés sur une personne, qui a une conversation avec une tierce-personne. Il n’y a que le citoyen concerné qui est face caméra. On ne voit pas les interlocuteurs, nous pouvons seulement les entendre. C’est comme s’il y avait une caméra cachée quelque part dans la pièce et que cette caméra était nos yeux et nos oreilles. Elle nous permet d’observer et d’entendre tout ce qui s’y passe. Nous sommes témoins de ce que personne ne peut voir.

L’ambiance est d’ailleurs parfois pesante, en plus on a l’impression de vraiment être dans la pièce. Il y a par exemple une scène, où nous sommes les yeux du miroir : nous pouvons observer une petite fille qui danse en regardant son reflet. Puis, la vendeuse la force a essayer des vêtements qu’elle trouve vraiment moches. Elle veut une tenue rouge, mais c’est absolument interdit de porter ça à l’école. Elle doit aussi essayer un voile qui lui arrive jusqu’aux mains, qu’elle trouve affreux. Nous sommes témoins de ses réactions et de ses émotions devant le miroir. Elle était tellement déçue et triste, que ça nous brise le cœur.

Les 9 iraniens se trouvent dans des contextes différents, mais ça se passe toujours dans un lieu public. C’est souvent dans un service d’administration publique, qui met la pression et qui vérifie tout.

Toutes les catégories d’individus sont représentées, il y a des personnes de tout genre et de tout âge.

Par exemple, il y a un homme qui déclare la naissance de son fils, qu’il souhaite appelé David. Mais le gouvernement lui interdit, c’est impossible, car ça ne figure pas sur la liste des prénoms iraniens autorisés.

Il y a aussi une jeune femme, qui s’insurge d’une contravention, elle est injustement traitée comme une délinquante. Le motif de la contravention : conductrice ne portant pas le voile

Ou il y a encore un jeune homme, qui veut juste récupérer son permis, mais qui se retrouve obligé de se mettre à nu, pour que le fonctionnaire puisse examiner tous ses tatouages. Il est carrément prêt à refuser de lui donner son permis.

Les interactions s’enchaînent et les interdictions et potentielles punitions se multiplient. On découvre un régime qui contrôle les moindres détails de la vie privée, que ce soit de la tenue vestimentaire, jusqu’au choix du prénom de l’enfant. Il faut savoir, que l’Islam est inscrit dans la Constitution de l’Iran, c’est donc la religion qui dicte les lois de la société. Les libertés sont restreintes à tous les niveaux de l’existence. Les enfants sont éduqués dès le plus jeune âge, à se soumettre aux normes restrictives de la République islamique. On a le sentiment, que le régime iranien est omniprésent : il sait tout, il contrôle tout, et il punit s’il faut C’est très saisissant de notre point de vu occidental, c’est loin des valeurs humanitaires et libérales que nous connaissons …

Dans les différentes situations, les individus ont essayé de contester, ils partagent leur incompréhension et leur désarroi. Ils tentent même dans la plupart des cas, d’expliquer leur opinion, ou alors de se défendre avec des arguments valables. Mais les citoyens restent toujours inaudibles, face aux fonctionnaires du régime autoritaire, qui exerce un contrôle absolu. Rien ne leur est cédé, et aucune explication convaincante ne leur est donnée. Il faut respecter les règles de la République islamique, à point c’est tout. Si une question leur est posée, ils ont l’obligation de répondre. S’ ils refusent, ce sont les menaces qui les feront parler.

L’ensemble des chroniques, nous montre à quel point le régime iranien s’immisce profondément dans l’intimité des gens. Elles illustrent également la forte pression sociale qui règne dans la sphère publique. Les gens n’ont plus aucune liberté individuelle, que des restrictions. Durant le visionnage du film, j’ai vécu un véritable choc culturel. D’autant plus que je ressentais la détresse et le désespoir des Iraniens.

En Iran, la liberté de pensée n’existe pas et encore moins la liberté d’expression. Alors qu’en Occident, on descend manifester dans les rues pour l’égalité salariale, pour la retraite ou encore pour d’autres causes, qui tout d’un coup paraissent futiles. Nous ne menons clairement pas les mêmes combats, et nous oublions souvent tous nos privilèges. Ce long-métrage m’a rappelé la chance que j’ai de vivre en Suisse, dans un pays qui respecte mes libertés et mes convictions.

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Chronique : Orégane
Animation : Emma
Réalisation : Lorenzo, Alexis
Crédits photos : Copyright TAAT FILMS
Première diffusion antenne : 12 mars 2024
Mise en ligne : Orégane
Publié le 20 mars 2024

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