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La QuotidienneMusique

Anika dévoile son second album « Change »

Radio Vostok | 2 février 2022

Le son de cette anglaise à moitié allemande dénote. Son timbre vocal m’a titillé l’esgourde mais je vais d’abord te parler de son travail de façon plus globale. Anika est une alterno intellectuelle attachée à la scène underground diablement expérimentale. Avant de se lancer dans la musique elle pratiquait le métier de journaliste. J’ai l’impression de retrouver ce passif dans sa façon de composer. Je m’explique. La compositrice-intérprète s’intègre dans le milieu visé, en l’occurrence l’électro post-rock, cela avant d’en tirer la substantifique moëlle. Elle préparait sa nouvelle sortie solo depuis un peu plus de dix ans ! Son premier pressage sortait en 2010 avec sa tête blonde en pochette.
Le nouvel album « Change » est paru l’été passé sous le label Sacred Bones, sa deuxième maison après la renommée Stone Throw. Dans le cadre d’Antigel elle viendra nous le présenter au Groove le 1er février, cette nouvelle salle de la Jonction.

– Et pourquoi devrait-on tendre l’oreille ? Comment qualifierais-tu sa patte ?

– Il y un côté hypnotique trip-hop dans la musique d’Anika. Elle lie subtilement les influences et joue de la composition électro-acoustique. Un exercice peu évident. Par cela j’entends qu’elle s’appuie autant sur les boucles et les sonorités synthétiques que sur sa voix et les instruments plus classiques. En résulte un savant mélange ambiant à la croisée de la new wave et du rock électro des années 2000. Cela rappelle le LCD Soundsystem ou Massive Attack. Elle avait d’ailleurs collaboré dans le passé avec des membres de ces deux groupes mythiques.

« Critical » dont on avait l’extrait à l’instant introduit bien l’album. Il s’agit d’un crescendo planant avec sa batterie saccadée et sa signature enfantine au synthé. Une composition électronique fournie nous plonge dans une décadence esthétique. Une sorte d’œuvre en clair obscur, sombre mais porteuse d’espoir. Cela me fait penser au film « Fight club »…

– Ha oui très obscur même. Et sa voix alors ?

– C’est un élément central des chansons de l’ex-reporter. Son chant clair et poétique mènent à des univers vaporeux. La brume anglaise n’est jamais très loin dans son album. Il y quelque choses d’insaisissable voire de mystérieux. On pourrait être en Cornouaille avant que le soleil ne perce. Tout est magnifique au dehors mais on ne le voit pas. On le devine. Mieux vaut rentrer et faire du son !
Anika pose parfaitement sa voix, sans excès, avec l’étrange non-chalence d’une chanteuse confirmée. Un peu comme un Jim Morrison sous CBD. Les textes se développent lentement. On sent une attention toute particulière portée aux verbes, à leur portées multiples. Elle me fait aussi penser à Morcheeba ou Dido. Une sensibilité mature. Nul besoin de crier pour dire des choses fortes.

C’était « change » qui a donné son nom à l’album et sa pochette hyper rouge. La chanson se développe en ballade bucolique et aérienne. Elle pourrait faire office de B.O pour ta prochaine ballade montagnarde, au dessus des nuages, au delà des soucis matériels. Ça pourrait également convenir aux films indépendants proposés au festival Sundance. Des portraits sociaux, souvent américains où l’on pose le regard autrement sur notre société post-industrielle.
Le coté mécanique est assumé. On retrouve plusieurs traits communs avec le dub et la musique répétitive. Une fine complémentarité entre l’artiste et la machine. En ressort une certaine froideur héritée des usines et des villes modernes.

– Brrrr tu vas pas nous réchauffer avec tout ça.

– Non en effet, on sent que c’est une fille du Nord mais il y a une sorte de grâce timide et un groove organique derrière chaque compo’. Je te propose de passer la piste « Never coming back » en entière . Une douce invitation au mouvement. Des accords de synthés plaqués en mineur et en majeur. Comme si l’on partait d’une sombre nouvelle pour l’accepter et l’embrasser. « Tu ne reviendras pas » dit-elle, certes mais maintenant ? Va t-on s’arrêter de vivre ?

– Ooh non ! Un son introspectif si je comprends bien. On écoute ça


Chronique : Romain
Réalisation : Ornella
Crédits photo podcast : © Roland Owsnitzki
Crédits photo background : © DR
Date de diffusion : 25 janvier 2022
Publié le 2 février 2022

Une publication de Radio Vostok


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