Voyage vers l’espoir
Notre époque est marquée par des flux migratoires importants, que ce soit de réfugiés économiques, politiques ou bientôt climatiques.
Les artistes, sentinelles de la population, ne peuvent qu’être sensibles à cette situation et agir en faveur d’une solidarité artistique.
L’œuvre présentée au Grand Théâtre de Genève participe à ce mouvement avec les codes et la théâtralité qui sont propres au lyrique.
L’opéra composé par Christian Jost s’appelle VOYAGE VERS L’ESPOIR.
De fait il reprend, la trame et le titre du film qui l’ont inspiré.
Le livret est écrit par KATA WEBER Je vais la citer :
« Le film m’a fait penser à une tragédie grecque : l’histoire pourrait être celle de la démesure d’un père. Mais l’est-elle vraiment ?
Est-ce qu’il lutte contre le destin ou est-ce qu’il y obéit ? La matière me rappelait beaucoup les histoires des tragédies grecques ».
Quelle est cette histoire ?
Un paysan anatolien souhaite améliorer sa vie, il apprend à travers le récit d’un proche que la Suisse serait une forme de paradis tant le niveau de vie économique est supérieur à celui de son pays. Il décide de partir, veut tenter l’aventure malgré les réticences de son épouse. Il ne peut pas embarquer toute sa famille et choisit de prendre le plus jeune de son fils pour ce périple.
Le voyage sera long et pénible.
C’est un film récent ?
Non, il date de 1991 et avait reçu l’oscar du meilleur film étranger.
Xavier Koller son auteur, évoquait un fait divers tragique.
Il s’agissait, lors d’une tentative d’immigration illégale en Suisse, de la mort par l’épuisement et le froid d’un enfant de 7 ans.
Nous ne sommes pas loin d’une photo insupportable sur le rivage Lampedusa
Exact, en 2016, un photographe avait donné à voir le corps d’un jeune enfant pour nous sensibiliser aux drames qui se jouent dans la Méditerranée.
Aujourd’hui c’est donc le Grand Théâtre qui s’attaque au problème, qu’est-ce que ça donne ?
L’opération du Grand Théâtre est paradoxale, elle crée une esthétique avec forces et moyens sur la misère humaine. On n’économise pas sur un somptueux décor composé de montagnes et des projections qui contextualise les routes.
Je n’émets pas de critique à ce constat mais j’observe une forme de distanciation qui sépare le drame vécu de la vision que l’on peut transmettre.
Peut-être est-ce aussi le choix de la forme et du lieu de la représentation qui crée cette distanciation. Qu’en penses-tu ?
La présence des réfugiés sur scène qui jouent leurs propres rôles ainsi que les rôles de la police est méritoire. Cela donne une forme de reconnaissance et de mise à jour de ceux qui sont trop souvent mis dans l’ombre. A ce niveau-là, nous ne sommes plus pleinement dans l’artifice mais dans une forme de témoignage.
La cause est noble, la scénographie est belle, la programmation contemporaine ouvre des champs nouveaux.
L’ensemble de la saison se nomme : « Mondes en migration »
Programmé avant la guerre en Ukraine, la thématique ne concerne pas que le monde d’aujourd’hui, mais elle constitue la trame historique de nombreux opéras.
Je salue cette démarche car il est important que l’ensemble des couches sociales de notre société soient interpellés et trouvent des solutions pour arrêter ces drames.
Pour clore cette chronique, je signale qu’il est possible de voir gratuitement Voyage vers l’espoir le film qui a inspiré la démarche sur la plateforme Play Suisse. – https://www.playsuisse.ch/detail/751513?locale=fr
Chronique: Pierre
Animation : Zebra
Réalisation : Sébastien et Tamara
Première diffusion antenne : 6 avril 2023
Crédit photos: Gregory Batardon
Publié le 14 avril 23
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
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