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Ce film « Moi capitaine » témoigne d’une réalité brutale et bouleversante. Tout commence au Sénégal, avec 2 ados qui rêvent grands. Seydou et Moussa rêvent de gloire, ils souhaitent devenir des stars de la musique, en Occident. Leur but, bouleverser leur destin et surtout offrir une vie meilleure à leur famille respective. Ils se mettent alors secrètement à travailler d’arrache-pied, pour financer leur migration. Ils arrivent à réunir la somme nécessaire et commencent donc à organiser leur voyage.

Mais les 2 jeunes vont vite être avertis par les villageois, du danger que représente le parcours migratoire. On essaie de les dissuader et de leur faire prendre conscience qu’il y a peu de chance qu’ils arrivent sains et saufs en Europe. Et que même s’ils arrivaient à atteindre l’Occident, ils y auraient une vie plus misérable qu’au Sénégal. Ce qu’ils peuvent voir à la TV ou sur les réseaux sociaux ce n’est clairement pas la réalité, mais qu’une simple utopie. Malheureusement, ça ne suffit pas à démotiver Seydou et Moussa. Au petit matin, sans prévenir personne, ils décident, en presque toute insouciance, de partir réaliser leur rêve. L’espoir est d’abord plus grand que la peur. Au début tout semble trop simple, c’est dans le désert que le rêve commence à virer au cauchemar. La peur va alors finir par broyer l’espoir pour le transformer en courage.

Tout ne se passe pas comme prévu. Ils vont vite comprendre qu’ils auraient dû écouter les avertissements des villageois.
Seydou et Moussa sont rapidement confrontés à la dure réalité de la migration. Ils sont témoins de la cruauté et de l’inhumanité de certains réseaux, minutieusement organisés pour dépouiller les migrants. Ces réseaux profitent de la détresse et du désespoir des voyageurs pour s’enrichir. C’est simple, soit les migrants payent, soit ils sont emprisonnés, et dans la pire des cas torturés, puis tués. Chaque étape du voyage est une épreuve qui semble insurmontable, les 2 amis ont regardé plus d’une fois la mort dans les yeux. Mais ce qu’ils peuvent voir est bien plus traumatisant que ce qu’ils peuvent vivre. Dans leur champ de vision, c’est de la souffrance, des morts et encore des morts. Mais pas une seule trace de l’Europe.
C’est alors dans le désert que tout bascule. Affamés, assoiffés et épuisés, Seydou et Moussa sont brutalement séparés. Moussa est lui emprisonné par les autorités libyennes et Seydou, ne pouvant plus baisser les bras, se retrouve obligé de continuer seul ce calvaire. Il va alors enchaîner les galères, jusqu’à se retrouver lui-même emprisonné en Libye. Et c’est là, qu’il voit les pires horreurs.

Sincèrement, j’ai cru que j’allais chialer une dizaine de fois pendant le film. Que ce soit de tristesse ou de joie pour chaque petite réussite. Même en ayant conscience de ce qui se passe, c’est vraiment frappant de voir cette tragédie sur grand écran, d’autant plus que l’on s’attache aux personnages. On conscientise encore plus les dangers de la migration clandestine et l’ampleur que ça prend. Et c’est ce que vivent chaque jour des milliers d’humains, qu’on ne considère même plus comme tels. On découvre aussi qu’il y a tout un trafic d’êtres humains mis en place, et que les migrants emprisonnés sont revendus et réduits en esclaves. Mais comment peut-on laisser faire ça au 21ème siècle ?!

En plus, notre ressenti est probablement amplifié par la bonté et le courage du personnage principal Seydou. Tout au long du périple, il se bat pour sa propre vie, mais aussi pour celle des autres. Il y a une scène marquante dans le Sahara, où une mère est à bout de souffle et ne peut plus continuer. Elle demande désespérément de l’aide, alors que le groupe continue d’avancer sans elle.Seydou ne supporte pas d’abandonner une vie, il décide donc de faire demi tour pour sauver cette femme, mettant sa propre vie en péril. Mais malheureusement, il a dû se résoudre à partir sans elle. Il y a un réel contraste entre l’humanité extraordinaire de Seydou et la violence des passeurs et des autorités, qui font subir quotidiennement des atrocités aux migrants. Ce qui nous fait ressentir énormément de culpabilité, car à peine âgé de 16 ans Seydou prend ses responsabilités.Mais nous dans l’histoire ? Nous avons les moyens nécessaires de faire cesser cette calamité. Mais on préfère rester spectateurs, car nous refusons égoïstement de partager un peu de notre confort.

Finalement, ce film est une véritable leçon de morale et d’humanité. Certes, nous pensons être impuissant face à la situation. Mais si chacun à notre échelle, nous pouvions faire en sorte que leur rêve d’une vie descente deviennent réalité, ça serait formidable.

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Chronique : Orégane
Animation : Emma
Réalisation : Léonard, Gianpier et Alexis
Crédits photos : Greta De Lazzaris
Première diffusion antenne : 9 janvier 2024
Mise en ligne : Orégane
Publié le 17 janvier 2024

Une publication de Orégane


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