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Un premier album flamboyant pour Billie Bird

Nolwenn | 24 mars 2023

Le 10 mars dernier sortait «Incendies» le tant attendu premier album de Billie Bird. Et les amis, croyez-moi, ça valait le coup d’attendre. Après s’être fait remarquée en 2018 avec la sortie de titres qu’on a toutes et tous en tête depuis, comme La Nuit, Les déferlantes, ou encore Désir Noir, Billie Bird revient avec neuf nouveaux titres d’une beauté rare, et d’une brutale sincérité. Si ses premiers morceaux étaient teintés années 80, pour ce nouvel album coproduit avec Fabio Pinto, guitariste de Monte Mai, elle s’est tournée vers des sonorités plus contemporaines et expérimentales. Mais les piliers sont les mêmes: au centre, on retrouve la guitare, tantôt électrique, tantôt acoustique, mais omniprésente, et évidement cette voix chaude et puissante qu’on se réjouissait de retrouver.

Cet album c’est une renaissance, une métamorphose. Billie Bird nous embarque dans un voyage au plus profond d’elle-même. Commencé en plein deuil, il parle de la mort, de la perte de repères, de la douleur, des doutes, de la complexité des relations, mais il se termine sur une ouverture, dans le titre La fin du monde où elle semble avoir fait la paix avec elle-même. C’est tout ce cheminement qu’on suit à travers ces titres. C’est très fort et ça transperce le cœur. Je vais vous faire une confidence, c’était un enfer d’écrire cette chronique car il a fallu choisir les chansons à passer, mais aussi les chansons dont j’allais parler. Ça m’est rarement arrivé d’avoir autant de choses à dire sur chaque chanson d’un album. Elles ont toutes un niveau d’aboutissement assez hallucinant, tant au niveau de l’écriture, de la composition, mais aussi de l’arrangement, et de l’interprétation. Alors on connaissait déjà la qualité de sa plume et la puissance de sa voix, mais là en termes d’arrangement et de production je pense qu’elle a bluffé tout le monde.
Il faut dire que les premiers singles avaient annoncé la couleur. Parmi eux il y avait «Ton venin». La monstre baffe. Un morceau assez minimaliste qui repose sur une ligne de basse qui pose les bases, une prod méga efficace, et une voix qui prend son temps et crée une tension en restant très calme, presque monotone alors qu’on aurait envie que ça pète. Mais en fait, c’est ça qui pète. C’est cette tension. On devient acteurs et actrices de cette chanson, parce que ce que ça crée en nous fait part intégrante du morceau, et c’est ça qui fait que c’est si bien. Cette chanson elle te chope et elle te lâche plus jusqu’à la fin. Genre elle te prend par le colbac et elle te dit « toi tu vas m’écouter ».

Je sais bien que je peux pas vous parler de chaque chanson, mais je suis obligée de vous parler de l’avant dernière: «À l’Aube». Comment vous dire… Il faut l’écouter. Il faut mettre un casque, préparer des mouchoirs, beaucoup, beaucoup de mouchoirs, et se laisser traverser par cette bombe. Ça parle de la mort, et c’est absolument bouleversant. Tout est parfait. Les paroles sont impressionnantes d’imagination, dans le sens où elle se met à la place d’une personne sur le point de s’en aller, et dont elle n’a pas pu assister au départ. L’instru est à la fois douce et enveloppante avec une superposition de chœurs qui soutiennent la chanson du début à la fin, mais elle participe aussi à la narration, avec des synthés atmosphériques qui donnent vraiment une impression d’au-delà. On sait pas si c’est la musique qui sert les paroles ou l’inverse. C’est beau, c’est cinématographique, et c’est excessivement bien fait.

Alors c’est deep, mais l’album est suffisamment bien pensé pour qu’il soit ponctué d’espèces d’îlots; des moments plus apaisés qui permettent de souffler un coup. Cet équilibre entre tempêtes et éclaircies au fil du disque est très intelligemment construit, et fonctionne vraiment bien. Malgré l’intensité de certains morceaux et la profondeur des textes, c’est pas lourd à écouter. Et c’est aussi parce que chaque élément a sa raison d’être ; elle est pas dans la performance, elle cherche pas à faire une démonstration, donc rien n’est jamais «de trop». Tout est pensé, tout est réfléchi, tout est pesé, pour créer une émotion, et faire passer un message. Et c’est réussi. Billie Bird se dévoile plus que jamais, et montre l’étendue de son talent toujours avec humilité.

C’est un bijou cet album. Il est cohérent et consistant, dans le sens où ça démarre très fort, et ça ne s’essouffle pas, ça te tient en haleine tout du long, chaque chanson a ses spécificités, son identité, son utilité sur le disque. C’est d’une beauté et d’une grâce assez impressionnantes. Alors courrez vite l’acheter et prenez le temps d’écouter chaque chanson plusieurs fois pour en saisir les subtilités.


Chronique : Nolwenn
Animation : Zebra
Réalisation : Arthur
Post-production : Raphael
Première diffusion antenne : 14 mars 2023
Crédits photo vignette : DR
Crédit photo une : Avalanche
Crédits photo background : François Maxim
Publié le 24 mars 2023

Une publication de Nolwenn


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