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CinemaÉcransLa Quotidienne

Un grand frère comme les autres

Inès | 22 juillet 2021

Quand j’étais petite, dans mes longs trajets en voiture, j’appuyais ma tête contre l’épaule de mon frère… Et je faisais semblant de dormir. Je faisais semblant de dormir, parce que bah… j’arrivais jamais à dormir en voiture, et je trouvais ça cool. Je trouvais ça cool que mon frère toujours occupé, de 10 ans plus âgé, toujours à bouger, bah pour moi il s’arrêtait. Il laissait ma tête reposer sur son épaule, et il prenait soin de pas réveiller sa petite sœur. Le vent tapait contre la vitre, mais moi… je faisais semblant de dormir.

Parfois on ne se comprenait pas trop lui et moi, ses trucs de grand garçon, mes trucs de petite fille. Mais on était frères et sœurs quoi, donc même si on ne se comprenait, on se comprenait quand même. Même si on était différents, au final on était pareil. Ce petit moment, privilégié, d’amour adelphique, un moment au-delà du temps et au-delà des genres, c’est sur cette scène que s’ouvre El Nombre del Hijo, de Martina Matzkin.

Mais comment se définir dans un monde qui ne semble pas vouloir comprendre. Comment être quand on sait ce qu’on est, qui on est mais que les autres ne semblent pas l’accepter, ou font semblant de l’accepter, l’acceptent sans comprendre ou comprennent sans accepter. Un gros bordel quoi.

Lucho s’appelle Lucho, le fils de son père et le frère de sa sœur. Mais son entourage semble vouloir égoïstement projeter ce qu’ils veulent de lui. Tiraillé entre sa vie d’adolescent déjà assez compliquée, il doit gérer les attentes des autres. Cheveux longs ou court ? Poupée oubliée au fond d’un tiroir, une plage au sable collant, soleil récalcitrant comme Lucho d’enlever ses vêtements sur la plage au sable collant et aux regards conglutinants.

Alors Lucho marche seul, il va tout droit sans personne, il marche et il avance. Il continuera à avancer droit face aux vagues. Il n’est pas perdu parce qu’il sait, il est. C’est aux autres de le rejoindre, aux autres de dépasser la peur des vagues parce que Lucho lui n’a pas peur. De courrir, face au vent, cesser de craindre les vagues car ce n’est qu’en résistant qu’on se noie. Laissez-vous emporter par le bruit de celles-ci, et elles vous berceront au rythme du remous, .. elles vous berceront comme les bras de son père à la fin.

Chronique : Inès
Animation : Lola
Réalisation sonore : Alexis
Première diffusion antenne : 17 juin 2021
Mise en ligne : Inès
Crédit photos : Constanza Sandoval
Publié le 21 juin 2021

Une publication de Inès


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