Un drone inquiétant
Drone
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Imagines si on t’observait en permanence, si tu avais une caméra toujours braquée sur toi. Ça serait méga angoissant …. C’est ce qui est malheureusement arrivé à Emilie, une étudiante en architecture. Elle a pourtant l’habitude d’être filmée, puisqu’elle fait du « caming » pour subvenir à ses besoins. Le « caming » est une forme de prostitution virtuelle, dans laquelle Emilie se livre à des actes sexuels en échange d’argent. Alors que la jeune femme a habituellement le contrôle de sa caméra, elle commence à perdre pied lorsqu’un drone s’immisce dans son intimité. Tous les soirs, l’objet volant est là, face à la fenêtre d’Emilie. Il ne veut plus la quitter, et ne cesse de la fixer, de l’épier, de la surveiller. Le plus flippant, c’est qu’il arrive même à entrer en contact avec l’étudiante. Le drone communique par virements bancaires, qu’Emilie peut soit accepter soit refuser.
Dans un premier temps Emilie est terrorisée, elle refuse tout lien avec le drone. Puis un soir, curieuse, elle décide d’accepter l’argent. C’est à ce moment-là que tout va basculer. Le drone commence à être bienveillant et à aider la jeune femme dans ses projets. Il devient les yeux d’Emilie et lui montre tout ce qu’elle ne peut pas voir par elle-même. Elle a juste à enfiler un casque de réalité virtuelle pour découvrir tout ce que la caméra filme. C’est très étrange, on a l’impression qu’une vraie relation amicale se développe entre eux. Mais cette amitié ne va pas durer, car rapidement le drone change d’attitude. Il se métamorphose jusqu’à devenir agressif. Il est menaçant envers Emilie, mais également envers son entourage. Il y a d’ailleurs une scène magnifiquement bien réalisée, dans laquelle le drone pourchasse Emilie dans un immense parking souterrain. Mais cette fois-ci, elle ne se laisse pas faire et tente d’attaquer la caméra diabolique. Il y a alors un combat entre le drone et Emilie, qui prend la forme d’une superbe danse. Le drone est prêt à tout pour atteindre la jeune femme, et il n’a pas peur du sang.
La jeune femme essaie de découvrir qui se cache derrière le drone. Emilie veut savoir qui pilote le drone, qui en a les commandes. L’étudiante commence alors à soupçonner tout le monde. Elle va jusqu’à se demander si ce n’est pas une hallucination, une invention de son cerveau qui lui joue des tours. Évidemment, l’omniprésence de cet appareil la rend dingue et paranoïaque.
C’est un drone super sophistiqué, un prototype énorme, qui ressemble à une espèce d’insectes en métal. A la place des yeux, il a un gros objectif qui fait penser à un œil. C’est très déstabilisant, on dirait une vraie créature vivante. D’autant plus que le spectateur prend parfois la vision du drone. Il y a des supers plans séquences, avec une vision panoramique qui se rapproche toujours plus d’Emilie. Le drone part du ciel pour plonger sur le sol. Ca donne un sentiment d’oppression, comme si la machine dominait la jeune femme. Pour avoir cet effet, Simon Bouisson a tourné avec un vrai drone, qui pèse presque une dizaine de kilos, et qui peut se déplacer jusqu’à 200 km/h. La caméra devient ainsi presque un personnage à part entière. Marion Barbeau a dû s’y adapter et apprendre à jouer avec ses mouvements. Le plus impressionnant, c’est qu’on pourrait penser que le drone à des émotions. Selon la manière dont il est piloté, il peut paraître gentil et doux, mais il peut aussi paraître très agressif lorsqu’il va vite et qu’il est brusque. Le résultat est génial ! Je pense qu’on peut féliciter le pilote, qui a fait un super boulot.
Simon Bouisson a d’ailleurs sûrement cherché à créer une prise de conscience chez le spectateur. Je pense que ce film est une sorte de sensibilisation, c’est de la prévention face au danger des écrans. Les nouvelles technologies peuvent être très utiles, mais aussi très dangereuses. Il faut donc se responsabiliser et être raisonnable. Il ne faut pas partager toute sa vie sur les réseaux sociaux par exemple. Car tout ce qu’on partage peut se retourner contre nous. Pour marquer les esprits, je vais terminer avec les mots de Simon Bouisson, qui incarnent plutôt bien le film : “Nous sommes, individuellement et collectivement, dans l’addiction aux technologies. On a parfois l’impression de pouvoir contrôler cette dépendance, mais au moment où on essaie de s’en défaire, on se rend compte que c’est trop tard. C’est elle qui nous possède”
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Chronique : Orégane
Animation : Emma
Réalisation : Léo
Crédits photos : Haut et Court
Première diffusion antenne : 1 octobre 2024
Mise en ligne : Orégane
Publié le 2 octobre 2024
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