Le tragi-comique de The White Lotus séduit
La série The White Lotus revient pour une troisième saison, sortie le 17 février 2025.
Comme vous l’avez constaté, la grisaille est là, présente, collante, pendue à nos basques depuis des mois (mais elle n’a pas d’autres amis ou quoi ?). A force ce gris empoisonne nos corps puis nos âmes, la recherche de soleil devient indispensable sinon vitale. Alors on va à Maurice ou au Maroc pour les plus chanceux, à la montagne ou au Salève pour les plus motorisés, pour les autres il faut être patient, résilient ou sous antidépresseur. Je vous propose aujourd’hui une petite alternative, qui ensoleillera votre esprit comme votre cœur, et non je ne parle de MDMA mais bien d’une série à découvrir ou pour ceux qui connaissent déjà une nouvelle saison à déguster. Cette série c’est White Lotus écrit et réalisé par Mike White.
Le pitch
Le pitch de la série est assez simple. Chaque saison se déroule dans un hôtel de luxe différent – on est sur du très haut de gamme catégorie ultra riche – interdiction de venir avec sa Swatch – avec à chaque fois de nouveaux personnages. On a donc voyagé à Hawaï (saison 1) puis en Sicile (saison 2) et cette fois ci nous accostons en Thaïlande. La structure de la série est basique mais très efficace grâce à la mise en scène. Au début de chaque saison une sorte de catastrophe est annoncée de façon plus ou moins allusive, mais bon grosso modo on sait qu’un truc pas très cool (à base de sang / victime / larmes) va frapper. Les épisodes suivants décrivent chronologiquement ce qui s’est déroulé jusqu’au drame final. Prenons l’exemple de la saison 1 : la première scène se passe dans un aéroport avec une famille qui parle de la fin de ses vacances à un homme visiblement tourmenté. Cet homme dont on apprend qu’il est censé être en lune de miel regarde fixement un cercueil rentré dans un avion… Et la scène suivante enchaîne alors directement avec l’arrivée par bateau de nouveaux arrivants dans un palace avec évidemment sa jeune épouse et lui. Ce dispositif narratif est extrêmement malin pour deux raisons : d’une part on a envie de savoir ce qui s’est passé : qui est mort / pourquoi / qui l’a assassiné et d’autre part cela nous oblige dès le début à s’interroger et à regarder sous le vernis des apparences car dit meurtre ou drame dit probablement trahison haine envie ou a minima faute. Or l’hypocrisie, les apparences trompeuses sont un des thèmes majeurs de la série.
Particularité de la série
Alors on n’est clairement pas sur une histoire telle que Hercule Poirot fait une thalassothérapie ou Maigret fume la pipe aux Maldives. Il n’y a pas de détective, pas d’enquête en tant que telle, étant donné que l’histoire nous raconte ce qui s’est passé jusqu’au drame. Mais par contre et c’est là que la série est très forte et se rapproche du film policier ; c’est au niveau de l’ambiance. Elle est juste unique, car elle oscille entre légèreté estivale, faite de cocktail farniente et sieste (ce qui à l’heure où je vous parle est clairement un gros fantasme de mon côté) et une atmosphère trouble, souterraine, mortifère ou le danger semble pouvoir jaillir à n’importe quel moment. Derrière le côté paradisiaque et le sourire radieux de ces ultra riches, un malaise sourd se répand tout au long de la série. La mise en scène est pour cela incroyable. La musique, l’esthétisme des plans, font que l’on est scotché à cette série ; et – good news- la nouvelle saison part sur d’aussi bonnes bases.
Un cast hors du commun
Mais sans acteurs de talent, ça ne fonctionnerait pas surtout que certains personnages sont à la limite de la caricature. Et le cast de chaque saison est toujours incroyable. On peut citer la nouvelle IT girl Sydney Sweeney que l’on a vu dans Euphoria, Jennifer Coolidge ou encore Michael Imperioli (alias Christopher dans les Sopranos). Et la nouvelle saison est du même acabit avec notamment Parker Posey, Walter Goggins (qui a joué dans Django Unchained et qui est l’inoubliable Shane Vendrell dans the Shield). Et puis à noter aussi une nouvelle actrice, à la base chanteuse dans un groupe très connu… Lisa de … Blackpink ! dédicaces aux fans et aux fashionistas. Enfin en synthèse, un super casting encore pour la saison 3 avec des personnages toujours aussi bien vus et comme mon grand-père le disait : très bien croqués !
Personnages types
Côté personnages, on a donc 3 copines américaines complètement hypocrites (qui a dit pléonasme dans mon casque? ) , un couple mystérieux complètement dépareillé, et une famille WASP si normale et pourtant si dérangeante. On retrouve ainsi la recette du succès des saisons précédentes : 1 – une vision sans concessions de nos travers, de nos petits ou grands mensonges dépeints à travers des personnages attachants et / ou navrants (au choix) ; 2 – évidemment un suspens prenant du début à la fin des 10 épisodes ; 3 – il ne faut pas oublier également un humour et une ironie féroce.
Force de la série
Ici comme dans le théâtre antique, tragique et comique sont indissociables. Dans un même mouvement, on se marre devant la vacuité de certains personnages tout en s’émouvant de leurs failles profondes. C’est le reflet de nous-même que nous voyons dans cette série, parfois stupides, parfois généreux mais toujours humains. Sous le stratus de Genève, rien n’a finalement changé depuis des millénaires, les ingrédients d’une œuvre qui résonne en nous reste les mêmes, et the White Lotus les associe avec talent – la saison 3 n’en est que la confirmation. Alors oubliez la grisaille et la pluie et plongez dans le soleil et l’incandescence de The White Lotus.
–
Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Lyes et Théo
Première diffusion antenne : 27 février 2025
Crédits photos : Warner Bros Discovery
Mise en ligne : Johan
Publié le 2 mars 2025
Mis en une le 3 mars 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.