menu Home search
La QuotidienneMusique

Sprint – No Style: Une machine à pogos genevoise

Lionel | 5 février 2025

Petit instant bio, Sprint c’est un renouveau, comme une sorte d’éclosion de chrysalide d’un groupe qui répétait depuis longtemps sous l’Usine. À force de remodelages, de remises en question, et de travail, Sprint a atteint sa maturité et nous délivre un EP qui tabasse. On sent que les membres savent où ils veulent aller. Les morceaux suivent une logique dans la composition, les musiciens sont carrés et précis, et surtout, comme le nom de l’EP l’indique, y a pas de style spécifique: Sprint se font plaisir en mélangeant leurs influences. Ca donne un beau bouquet de hardcore, comme sur le premier titre éponyme à l’EP.

No Style: Pas de style, ça veut dire plein de styles, et on sent que Sprint trouve ses influences et son inspiration dans beaucoup de groupes différents. Il y a quand même certaines racines plus visibles que d’autres. J’ai par exemple Diecast en tête, qu’on peut sentir sur les breakdowns et les parties lourdes, mais surtout, il y a comme une présence de Turnstile qui surplombe l’EP. C’est bien sûr aidé par la voix de Léo Mohr -oui, le même Léo Mohr de Cosmic Shuffling, qui a un timbre de voix similaire à celui qu’on entend chez le Turnstile de 2011.
Aux côtés de Turnstile, on trouve aussi d’autres Genevois parmi les influences de Sprint. Le groupe fait partie du grand arbre généalogique du metal et du hardcore genevois. Sprint, comme tout le monde, ça a été des ados, qui ont mis un pied dans le monde du metal en voyant des groupes comme Promethee ou Kess’khtak. Avec cette volonté d’ajouter leur pierre à l’édifice, l’équipe de Sprint confronte et mélange ses influences pour donner des morceaux bourrins et efficaces, tout en se permettant quelques subtilités bienvenues, comme sur ‘’Black Sheep’’.

Petit trivia pour les nerds du solfège, cette partie dans ‘’Black Sheep’’, c’est une mesure en 5 temps et une mesure en 6 temps. Ouais, les gars font du 11/4, c’est pas mal.
En dehors de jouer des bridges qui alignent plus de chiffres que le loto du dimanche, Sprint parviennent à rester cohérents dans leur composition. Ca fait que même pour les néophytes qui écoutent le hardcore de loin, on va pas tomber dans le cliché de ‘’c’est toujours la même chose’’. Tout au long de ‘’No Style’’, on a des mesures irrégulières, des changements de bpm, ou des structures très riches avec beaucoup de parties différentes. Ça donne des morceaux vivants et variés, mais attention à pas trop en mettre. Je dois avouer qu’à quelques reprises, je me suis fait semer par Sprint (en même temps vu le nom du groupe c’est normal). J’ai eu quelques moments où j’essayais de suivre et de discerner une structure, et c’est juste à l’instant où j’étais pris dans l’énergie d’une partie que ça changeait déjà. En gros, attention à ne pas aligner trop de riffs d’un coup. Il y a beaucoup de bonnes idées, mais les auditeurs et auditrices ont pas toujours le temps de pleinement en profiter et de se mettre dedans.
Inversement, quand Sprint décident de faire des parties plus longues, on les sent bien passer. Sur ‘’Symbols’’ par exemple, le groupe alterne entre des parties bien punk-hardcore et des sections plus lourdes, qui se rapprocheraient presque du stoner. Cette alternance donne une bonne dynamique au morceau, avec des respirations bienvenues, et on sent que les musiciens se connaissent depuis longtemps. C’est un des aspects les plus importants pour un groupe, et Sprint le retranscrivent bien dans leurs morceaux. Le solo de guitare à la fin de ‘’Symbols’’ est soutenu par un accompagnement saupoudré de petits accents précis, et ça, ça amène du groove. Parfois, je parle des ‘’slows’’ d’un album, ici c’est l’inverse, on a un morceau qui tabasse sur un EP déjà bien bourrin.
5 titres, selon moi, c’est un bon chiffre pour une bonne sortie genevoise. C’est efficace et droit au but, tout en proposant des arrangements qui donnent de la couleur et une identité aux morceaux. Chaque titre a sa propre manière de faire bouger la tête des gens, en particulier grâce à la composition rythmique. Sur ‘’Touch the Ground’’, on a des sensations de déséquilibre, où seuls les musiciens savent où est le métronome. Ça capte l’attention et ça tient en haleine, jusqu’à la résolution où on retrouve un kick-snare plus simple à suivre. C’est le moment où notre métronome interne lâche un ‘’aaaaah…’’ de soulagement et où on reprend l’autoroute du headbang.
On me susurre dans l’oreillette que Sprint va vernir cet EP le 7 mars à Lissignol. J’ai donc un bon mois pour me laisser pousser les cheveux et choper des Doc Martens, histoire d’aller prendre mon bain de pogos.

Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Marlon, Christian
Première diffusion antenne : 3 février 2025
Crédits photo: Jean Mohr / Axfratis (graphisme)
Publié le 5 février 2025

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Lionel


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd