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QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ?

Pierre | 22 avril 2021

Parfois, mais si souvent, un couple qui tangue s’accroche à un autre afin de se reprendre.
Parfois, mais si souvent, l’autre couple coule alors, mourant sous les yeux indifférents du premier.
Ainsi font les êtres lorsque leur bonheur est plus important que tout, ils se servent de qui va là. Martha et George ont des années de mariage derrière elles, et autant de disputes. Nick et Honey, ont la splendeur éthérée des premières amours.
Lorsque, au terreau de l’ivresse, les anciennes s’écharpent en face des nouvelles, ce sont elles qui explosent, percutées par tant de violence. Alors, au matin, apaisées, les vieilles amoureuses reprennent leur vie, jusqu’au prochain soir, et jusqu’au prochain couple à démasquer.

C’est ainsi qu’est présentée l’une des pièces qui se joue actuellement au théâtre le Poche de Genève.
Qui a peur de Virginia Woolf d’EDWARD ALBEE
« Qui a peur de vivre une vie sans illusions ? ».

Le titre fait référence à l’écrivaine Virginia Woolf, mais il semblerait que la référence ne soit due qu’à un mauvais jeu de mot. Ce qui est sûr, c’est qu’il soit lié à la comptine des 3 petits cochons de Walt Disney. Qui a peur du grand méchant loup ? On retrouve dans la bande-annonce de l’adaptation cinématographique avec Elisabeth Taylor et Richard Burton.

Si l’on fait lecture de la pièce avec ce dessin animé, on comprendra que le couple construit une sorte de maison pour résister à un danger extérieur, l’image qu’il donne de lui-même. Les maisons de pailles, de bois et de briques seraient un indicateur de la longévité des couples.

L’action théâtrale débute sous la forme d’une rencontre entre deux couples universitaires.
Le premier couple plus âgé, est composé de George, professeur d’histoire et Martha, la fille du recteur. Martha est déçue de la médiocrité de son époux et regrette avoir pensé que celui-ci pourrait succéder à son père, Le deuxième couple, plus jeune se compose de Honey et Nick.
Nick est un nouveau professeur de biologie, il s’est senti obligé d’épouser HONEY parce qu’il la croyait enceinte. La soirée aurait dû se dérouler sous la forme d’une intégration à un nouveau milieu social, mais très vite la soirée dérape et les secrets intimes sont révélés.
Une scène de ménage d’une sourde violence éclate entre George et Martha : tout au long de la pièce, c’est un déballage délirant de vérités et de mensonges qui va bouleverser surtout le jeune couple.
Pour donner une vraisemblance à ce jeu de massacre, Edward Albee, introduit l’alcool qui justifierait la désinhibition des personnages. Un jeu s’instaure aussi bien au sein des couples que dans les confidences entre les maris.
Anne Bisang qui signe la magnifique mise-en-scène note que l’auteur n’a pas créé de scène entre les femmes. Il fait même dire à un de ses personnages masculin on se demande ce qu’elles se racontent.

Je vais prendre appuis sur le cahier de salle pour savoir comment fonctionne l’écriture d’Edward Albee ?

C’est très simple, dit-il. Je découvre que je pense à une pièce de théâtre. Je ne suis pas une personne qui a des idées pour une pièce de théâtre. Qui se dit : Ohh, waouh, ne serait-ce pas bien d’écrire une pièce sur ce sujet ? J’écris les pièces pour savoir pourquoi je les écris. Je suis conscient que la réponse vient généralement au terme du travail. Lorsque j’ai fini la pièce. Je me suis tellement impliqué dans la réalité que je ne pense plus beaucoup à ce qu’il a provoquée.

Est-ce que vous entendez les personnages parler dans votre tête ?

Oui, et je le prends comme une expérience pour savoir si je connais bien mes personnages. Je vais par exemple me promener sur la plage et imaginer une situation qui ne peut pas se trouver dans la pièce que je compte écrire, et pendant une demi-heure environ, je me promène avec mes personnages en leur faisant improviser des dialogues pour cette situation. Et si je peux les voir et les entendre cela m’indique que je les connais suffisamment pour qu’ils puissent jouer ma pièce.

Le théâtre le Poche se prête particulièrement bien selon Anne Bisang au voyeurisme. Alors si l’envie de retourner au théâtre, l’envie de mater des disputes de fictions vous chatouille rendez-vous là-bas. Vous verrez ça fait du bien de retrouver un semblant de vie normale.

Une publication de Pierre


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