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Aujourd’hui c’est une chronique mi culturelle mi musicale que tu nous proposes Estelle. Pure Gignoux, qu’est-ce que c’est ?

En commençant sa carrière en classant des photographies à la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, Danielle Gignoux n’imaginait certainement pas qu’un jour elle photographierait Nina Simone, James Brown ou Ella Fitzgerald.
A travers ses clichés en noir et blanc, Danielle dite Dany retransmet les émotions, la puissance des concerts de ces stars légendaires. Son fond a été acquis par la Bibliothèque de Genève en 2019 , et invite le public à découvrir son travail dans une exposition rétrospective qui sent bon le jazz et la sueur des salles de concert.

Mais laisse-moi reprendre depuis le début : Dany Gignoux a 23 ans et elle classe des photographies pour la Croix Rouge. Très vite, elle apprend à les développer, et de fil en aiguille elle devient photoreporter et pigiste. Ses voyages, ses rencontres lui font prendre plusieurs directions. Elle fait des reportages sur des sujets de société, elle documente des mouvements sociaux, comme les luttes féministes. Elle est aussi ancrée localement, à Genève, car elle documente la vie de quartiers comme Carouge ou les Pâquis.

Mais ce qui a toujours été la trame de fond de son travail, son sujet préféré, c’est la musique. En commençant à photographier des artistes pendant des festivals comme le Nyon Folk Festival, l’actuel Paleo, elle devient une habituée, familière avec les chanteurs et chanteuses de renommée internationale qui passent par les planches suisses.

Ce qui caractérise son travail, c’est sa proximité, sa capacité à capturer l’émotion et l’instantanéité de concerts uniques et légendaires. Elle retransmet la ferveur des foules. Sur scène ou en backstage, elle documente l’énergie et la bonne humeur de ces moments de partage.

Son rapport avec les artistes lui permet de les suivre en tournée, comme elle la fait en suivant Miles Davis en Europe entre 1987 et 1991. Elle devient aussi l’amie de Dizzy Gillespie, illustre jazzman afro-américain, dont elle suivra les tournées et les concerts jusqu’à sa mort en 1993.

Ce qu’on vient d’entendre c’était donc Dizzy Gillespie qui performait en 1977 « Get Happy » au Montreux Jazz Festival. Au milieu de la foule, Dany Gignoux, comme un poisson dans l’eau qui capture ses premiers clichés de l’artiste. Elle saisit avec tant de justesse la force, le mouvement et l’énergie qui se dégage de ses sujets que son travail sera utilisé pour illustrer des pochettes d’albums. Dont par exemple celui de Stan Getz, Pure Getz. Dont on comprend le clin d’œil pour le nom de l’exposition « Pure Gignoux ». Pour le plaisir, on s’écoute un petit extrait de Stan Getz en duo avec Joao Gilberto

Mais pour revenir à notre photographe, c’est quoi la « patte » Gignoux ?

C’est certainement son art du détail, son attention toute particulière aux bijoux, aux vêtements, aux poses de ses modèles. Elle sait tirer parti des jeux de lumières et d’ombres sur scène, pour donner du relief et de la profondeur à ses clichés.

Elle joue aussi avec ses tirages en s’adonnant au photomontage, en superposant différents négatifs en faisant ce qu’elle appelle un « sandwich ».
Sa carrière est un témoin de la quantité d’artistes légendaires qui se sont produits en Suisse, et nous pouvons aujourd’hui apprécier une petite partie de son travail. Un travail artistique, mais également de documentation historique autour de la musique et du jazz mené par une personnalité genevoise de premier plan.
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Chronique : Estelle
Réalisation : Ornella
Production: Angie
Crédits photo : ©Curtis Mayfield : Midem à Cannes, 20.01.1972 / Bibliothèque de Genève, gig n24x36 1 mayc 01 18
Date de diffusion : 23 février 2022
Publié le 28 février 2022

Une publication de Estelle Sauser


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