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La QuotidienneMusique

Production sensible avec «Devoodrifte» de Melodiesinfonie

Romain | 3 juillet 2022

Dernière chronique de l’année. Ça sent bon le sable chaud et les apéros interminables. Encore une dernière pépite musicale avant d’aller écouter d’autres mélodies. Cette fois-ci je suis allé traîner l’esgourde du côté zürichois avec le nouvel EP de Melodiesinfonie. Cette œuvre de quatre titres s’appelle «Devoodrifte». Pour résumer c’est une grande barbe à papa sonore mais je développerai cela par la suite. L’artiste n’a pas encore une grande notoriété mais ça pourrait bien lui tomber dessus. Il développe une sonorité plurielle et contemporaine. J’apprécie particulièrement ce genre de composition à la croisées des chemins. Le choix minimaliste de quelques instruments et leur usage millimétré me parlent directement. On trouve une dose conséquente d’effets, un goût certain pour l’électronique mais le groove s’installe de façon organique. Cela provient du touché de guitare et de la batterie jazz frappée avec délicatesse. Multi-casquette, l’auteur joue de ce dernier instruments, produit à l’ordinateur, la fameuse MAO, et il chante également. Finalement il s’adonne volontiers au Djing. Le genre de personne un peu énervante en somme.

Parfois il est bon d’être en 2022 car on entend de plus en plus de sonorités à priori «féminines», avec de grands guillemets, chantées par des hommes. Lui se définit comme tel mais il y quelque chose de sensible, une douce vibration qu’on entendait pas autant chez les porteurs de barbes il y a quelques années. Ça peut rappeler Steve Lacy ou Benny Sings, des références de ce style détendu. On se situe entre le r’n’b, la soul et le jazz. Un son curatif, c’est pour cette raison que je pense aux porteuses de vulve. Serait-ce cliché ?

Penchons-nous sur la production de cette nouvelle sortie. La gratte à tremolo revient souvent comme sur la première piste de l’EP appelée également « Devoodrifte ». On emploie souvent le terme «tremolo» pour ces voix aux ondulations régulières et variables, dans l’ancienne chanson française par exemple. On trouvait cela dans le timbre d’Azenavour ou Julien Clair. A la guitare on peut également appliquer un effet similaire à cette modulation, soit à la pédale soit en studio. Melodiesymphonie l’utilise allégrement et pour mon plus grand plaisir. Ça amène un charme ancien et désuet. Parfois il parle au micro tel un poète mais le plus souvent il chante. C’est langoureux et finement produit avec des reverb’ et d’habiles distorsions.

Les paroles abordent des sujets romantiques, un sujet apparemment inépuisable. Toutes les pistes sont écrites avec beaucoup d’air pour une meilleure écoute des détails de composition. Parfois on ne sait pas s’il s’agit de véritable percussions ou non, fort perturbant pour un batteur comme moi. On trouve quelques samples improbables et des synthés funky voire sexy je dois dire. La quatrième et dernière chanson est un jazz spirituel, plutôt connoté vieille école, américaine ou française. New-York ou Paris dans les années 50. On peut écouter un trombone se lier d’amitié avec une guitare suave. Il est 22h30 dans un café aux sièges de cuir rouge. Tout le monde est suspendu aux jeu des instrumentistes. Le son est si généreux que le temps s’arrête. J’espère qu’on vivra de tels moments cet été. Merci à toute l’équipe, prenez soin de vous-autres et on se voit à la fête de la musica !


Chronique : Romain
Réalisation : Ornella
Crédits photo podcast : © Leila Ruru
Crédits photo background : @ Bluestaeb
Date de diffusion: 7 juin 2022
Publié le 3 juillet 2022

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