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CultureLa QuotidienneThéâtre

Phèdre! une pièce qui vous fera aimer celle de Racine

Martin | 9 octobre 2023

Mardi dernier, je me suis rendu à notre bien-aimé Théâtre de Carouge pour aller voir Phèdre ! Phèdre! (avec un point d’exclamation, je précise, car elle est écrite par François Grémaud) – à ne pas confondre avec Phèdre (sans point d’exclamation) de Jean Racine. Mais le lien entre les deux pièces est aussi clair que le titre, vous verrez pourquoi.
On connait tous cette fameuse pièce que l’on a probablement découvert sur les bancs de l’école. Phèdre, la reine d’Athène, est prise de passion pour son beau-fils Hyppolite. Elle commet l’impardonnable erreur d’avouer cet amour, croyant que son époux Thésée ne reviendra pas. Pour la faire courte, il se trouve que Thésée n’est pas mort. Et quand il rentre, c’est la catastrophe.
On oublie tout de suite la pièce classique en alexandrins que notre professeur nous avait forcé de voir au cycle. C’est une approche bien plus drôle, ludique et éducative.
Car le sujet de la pièce, ce n’est pas vraiment la tragédie en question, mais bien davantage la grande admiration que Romain Daroles, l’unique acteur de cette pièce, voue au texte de Racine.
On n’assiste pas à une simple représentation. On commence comme si c’était une conférence sur Phèdre.
Mais c’est bien mieux que ça.
C’est comme si le meilleur professeur de français était sorti des planches pour vous faire aimer les tragédies du 17ème siècle. Et à mesure qu’il explique la pièce, il se met à la jouer, emporté par le désir de nous partager ses passages favoris. L’aveu de l’amour interdit qu’éprouve Phèdre, le choc de Hippolyte, la colère de Thésée. Pour rester dans le thème de l’histoire antique, c’est un peu comme un cheval de Troie : une pièce qui veut vous faire découvrir un classique, sans en avoir l’air. Le seul accessoire à sa disposition n’est autre que le livre de la pièce, qu’il utilise comme costume : Posé sur l’épaule, c’est l’armure de Thésée. Sur la tête, la couronne de Phèdre, devant la bouche, la barbe de Théramène. Et on tombe en plein dedans. Comme quoi, avec un bon acteur, l’imagination fait le reste.
Pendant une heure trente, Romain Daroles nous explique les origines mythologiques de la pièce, le contexte historique de son écriture, la différence entre une tragédie et une comédie.
Il explore aussi, toujours avec humour, le fonctionnement des alexandrins, en abordant les règles absurdes et les vers sublimes.
// De douze syllabes afin d’être bien clair –
Comme dans cet exemple ici qui est en vers //
Il alterne des explications avec des scènes de la pièce, lisant quelques vers suivis par des explications vulgarisées, interagit avec le public, tout cela avec un rythme soutenu qui ne vous laisse pas vous endormir.
La plus grande surprise arrive vers la fin, quand il offre au public le livre de la pièce : on suit les dernières pages avec lui, pour se rendre compte que tout, mais tout – même ce que l’on pensait être des improvisations circonstanciels – était écrit dans la pièce.
C’est exactement la manière dont j’aurais aimé qu’on m’apporte le théâtre à l’école. Cette pièce n’est pas qu’un simple divertissement, c’est aussi un peu un cours de français après l’heure.
On apprendra notamment que Vénus, avant d’être une marque de rasoir, c’est la déesse de l’amour. Ou que depuis que Égée s’est noyé dans la mer qui a pris son nom, pour Thésée, Égée est à la fois le nom du père et de la mer.
C’est drôle à mourir, les amateurs de jeux de mots seront servis, les classicistes confirmés seront surpris. Personne ne sera laissé sur la touche.

Chronique : Martin
Animation : Emma
Réalisation sonore : Molham et Martin
Première diffusion antenne : 2 octobre 2023
Rédaction : Martin
Mise en ligne : Valérie
Crédit photo vignette : Suvannasorn
Crédit photo fond : Loan Nguyen
Publié le 9 octobre 2023

Une publication de Martin


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