Palatine : un hommage vibrant aux femmes

Le 5 novembre dernier, le groupe français Palatine sortait « Talismanie », un nouvel EP consacré aux femmes. L’ensemble du disque se concentre sur les femmes, la manière dont elles sont traitées, et la manière dont elles sont représentées. Ça parle de consentement, de violences, du mouvement Me Too, mais aussi de liberté, et de femmes fortes. En interview, Vincent, le chanteur et parolier du groupe, explique que cet EP c’est son parcours vers une prise de conscience sur la condition des femmes, même dans des pays aussi développés, civilisés que les nôtres. Au fil des titres, on le suit sur différent sujets, différents portraits de femmes, et différentes expériences.

Dans le titre d’ouverture de l’EP, « Elenore », il décrit une scène qu’on a toutes et tous vécue en boite : une meuf qui danse, et des gars qui l’abordent. Dans le refrain il dit « Elenore danse autour de toi, elle sourit, mais toi elle ne te voit pas. Elle danse, c’est tout, elle ne danse pas pour toi. » Et je trouve hyper intéressante la manière dont il aborde ce sujet, et ça vaut aussi pour les autres titres : C’est jamais moralisateur. Même avec des sujets aussi délicats, ça reste toujours musicalement intéressant. Ça marche, ça fait dodeliner de la tête, tout en faisant passer des messages importants. Après c’est quand même à double tranchants d’aborder ce genre de sujets quand on est un homme. Mais justement, là où c’est très bien fait c’est qu’ils ne donnent de leçon à personne, et ne prétendent pas tout connaître. Ils se questionnent et remettent en question certains de leurs propres comportements en tant qu’hommes. C’est plus une introspection qu’autre chose.

Mais l’EP ne parle pas que des femmes en tant que victimes, on retrouve aussi des figures de femmes puissantes, comme dans Samovar dont on vient d’écouter un extrait, qui parle d’une travailleuse du sexe. Là encore, rien de moralisateur ni aucun jugement. Il dresse le portrait d’une femme forte qui, je cite, « raconte des histoires aux hommes restés à quai ». Il décrit simplement une femme qui fait son taf. Pas de condescendance, ni de victimisation, simplement le portrait d’une femme comme une autre. Musicalement, je trouve que c’est le morceau le plus frappant. Les cordes se mêlent à des solos de guitare lancinants, et le tout crée une ambiance hyper douce et sensuelle, correspondant à merveille à son sujet.
On retrouve aussi de grands personnages féminins dans le titre Jane Jane. LE tube de ce disque selon moi. Il rassemble Calamity Jane, Jeanne d’Arc, et le mouvement femen ; trois figures du féminisme, mettant en avant trois approches très différentes de la cause à travers le temps.
Cet EP rassemble les réflexions d’un homme en plein parcours vers une déconstruction et prise de conscience. C’est super intéressant, c’est bien fait, musicalement c’est très beau, et comme tu l’as remarqué avant : c’est assez audacieux. Oui le féminisme un sujet « en vogue », mais prendre position comme ça en tant qu’artiste c’est pas évident, et surtout je trouve la démarche assez honorable venant d’un homme.
Au-delà de la thématique, les textes sont très intelligemment écrits. Il y a un vrai jeu autour des mots et de leurs sonorités, portés par une voix envoutante et très bien mise en valeur dans le traitement du son. Les arrangements sont monstrueux, tournant autour de différentes guitares. Un folk-rock lancinant et plein de texture, qui fait désormais partie de leur signature. C’est un super EP sur tous les points.

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Chronique : Nolwenn
Réalisation et post-production : Cyril
Crédits photo podcast : © Palatine
Crédits photo background : © Lucas Matichard
Date de diffusion : 10 novembre 2021
Mise en ligne : Helena
Publié le 15 novembre 2021
Mis à la Une le 17 novembre 2021
Modifié le 17 novembre à 13h39

Une publication de Nolwenn