On ira : road movie drôle et émouvant
Les quelques rayons de soleil qui ont pointé le bout de leur nez à Genève ces derniers jours ont réchauffé mon cœur et projeté mon esprit sur la route des vacances. Et qui dit vacances, dit bien sûr plage et camping-car ! Et ça tombe bien puisqu’on va parler de « On ira » !
On dirait une chanson de Jean-Jacques Goldman mais c’est le titre du premier long-métrage de la réalisatrice Enya Barroux.
A première vue, la bande-annonce laissait penser à une version française de « Little Miss Sunshine », ce road movie de 2006 qui mettait en scène une famille entassée dans son vieux break sur les routes américaines avec plus de névroses que de bagages.
Dans « On ira », on suit l’histoire de Marie, une octogénaire face à une récidive de son cancer et qui se sait condamnée. Elle refuse de mourir dans la souffrance et décide d’avoir recours au suicide assisté en Suisse.
Tu as remarqué comme la Suisse apparaît toujours dans les films comme le lieu du suicide assisté ou le repaire des banquier·ères ? Je suis hyper fière de mon pays ! Sans oublier le Cervin et les montres !
Marie décide d’embarquer ses proches dans un road trip jusqu’en Suisse. Il y a son fils, Bruno, fauché, endetté, père immature et irresponsable. Anna, la fille de Bruno, en pleine crise d’adolescence. Sauf que Marie se garde bien de révéler la véritable raison de ce voyage à son fils et sa petite-fille et leur fait croire qu’iels vont récupérer un héritage chez un notaire. La petite troupe est conduite par Rudy, un auxiliaire de vie, quasiment emmené contre son gré. Et les voilà parti·es dans un vieux camping-car, direction Zurich.
Et bien c’est une très jolie surprise que ce film. Je dirais même une petite pépite de sensibilité et de sincérité. Je me suis laissée prendre dans l’histoire, j’ai profité avec plaisir de cette comédie qui gère son rythme de façon très efficace. Oui le sujet est grave, on parle de fin de vie et de suicide assisté mais c’est traité avec humour et émotion, c’est léger sans être superficiel, c’est touchant sans pathos.
On pourrait craindre un traitement de ce thème par la seule tristesse. Et c’est le propos du film que de montrer que ces moments de vie sont comme les autres, tristes oui, mais aussi imparfaits, parfois loufoques, drôles. On alterne entre l’émotion et le rire sans que l’un en fasse trop ou prenne le pas sur l’autre. Les dialogues et les réparties sont savoureuses. Je suis très sensible quand les films tiennent tout ou partie sur des quiproquo parce que je trouve que c’est souvent assez lourdingue. Mais là, c’est subtil.
Ce film est un hommage de la réalisatrice à sa grand-mère et on perçoit toute la tendresse qu’elle porte à ses personnages qu’elle ne juge jamais. Ils sont très imparfaits mais touchants. C’est grâce à un quatuor de comédiens et comédiennes dont on peut noter la belle alchimie et des interprétations réussies. Chapeau bas à Hélène Vincent qui joue Marie pour son jeu entre fragilité et comique.
Je suis dithyrambique, je sais mais je vais souligner quelques réserves. Il y a des passages où on nous sort un peu des violons mélodramatiques alors que ce n’est absolument pas nécessaire parce qu’on est ému sans ça. C’est presque dommage d’en rajouter.
Je vous ai parlé des personnages et bien, je pense que celui de Rudy, l’auxiliaire de vie interprété par Pierre Lottin, aurait pu être plus développé. J’ai l’impression qu’on a seulement effleuré ce qu’il avait à raconter comme si une suite était prévue. Ce qui serait vraiment bizarre.
Le traitement de l’enjeu principal est sans réel parti pris. Mais il me semble que c’est voulu étant donné que la France est en plein dans ce débat autour du suicide assisté et de la fin de vie.
Le message du film dépasse le trop éculé « ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage » pour une version plus approfondie mais pas encore aboutie de « quand on connait la destination, on vit différemment le voyage » qui concerne à la fois Marie et nous, spectateur-rices, complices du mensonge.
Malgré tout ça, c’est un joli film, qui ne révolutionne pas le genre du road movie mais qui vous fera passer un beau moment.
Pour celles et ceux qui le peuvent, la journée européenne du camping-car se tiendra à Albi en avril. Pour les autres, aller voir le film, ce sera moins coûteux et tout aussi dépaysant. Et puis si vous passez à Zurich…….. y’a plein de choses à y vivre !
–
Chronique : Sophie
Animation : Emma
Réalisation : Marlon et Alexis
Première diffusion antenne : 10 mars 2025
Crédits photos : UniFrance
Mise en ligne : Sophie
Publié le 13 mars 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.