NoLand de Reymour : un voyage musical entre rêve et folie

On commence avec des bruits de pas, puis la sonnerie d’un vieux téléphone à cadran, suivis de synthés aux airs de vieux pianos mécaniques à rouleau.
L’intro annonce tout de suite la couleur du reste de l’album, et sonne comme un appel nous invitant dans l’univers du duo fribourgeois Reymour.
Après Leviosa, composé durant la période tourmentée du COVID-19, Lou Savary et Luc Bersier nous offrent un deuxième opus, sorti le 18 septembre.
Les deux artistes décrivent eux-mêmes leur groupe comme :
“Une aventure psycho-romantique, semée et parsemée de sonorités 80’s et de textes bucoliques pour alcooliques.”
Et effectivement, cette définition prend tout son sens dans cet album. Il en émane des sentiments amoureux, des environnements calmes ou encore l’ivresse.

NoLand nous entraîne dans une parade empreinte d’onirisme et de folie, avec des morceaux riches en histoires, images et paysages aux parfums de romances, de forêts brumeuses et de clairières apaisantes.
On remarquera également leur envie d’explorer et d’expérimenter, que ce soit en termes de production sonore, de texte, et surtout d’ambiances. Comme par exemple avec le titre « Documentary ».
NoLand ressemble au souvenir d’une époque révolue, un songe mélangeant le passé et le présent.
L’une des grandes forces de cet album est son aspect très immersif, qui fait écho à notre propre existence, nos souvenirs, nos joies et nos peines.
Bien que les morceaux soient assez différents les uns des autres, ils forment un tout étonnamment homogène et s’enchaînent avec brio.
Lorsque l’on appuie sur play, on a l’impression d’ouvrir une boîte à musique, nous embarquant dans une valse où des titres aux rythmes lents et nonchalants se mélangent en titubant à des morceaux aux instrumentations bien plus rock, où les pianos tranquilles se transforment en synthétiseurs.
Pour ma part, j’ai un gros coup de cœur pour “L’Odeur du tabac froid”, un morceau hors du temps et rempli d’amour nostalgique.
La chanteuse Lou Savary passe du français à l’anglais avec une aisance remarquable, tant dans l’écriture que dans l’interprétation.
Et pourtant, ne vous y trompez pas, elle sait faire autant preuve de douceur que de noirceur.
Je vous invite d’ailleurs à découvrir cette dualité à travers ses projets parallèles.
Notamment, ses collaborations dans Les Sillons des Vallons de Tonito Yama, et aussi Nacken du Naon sur l’album All the Past Horses Lights, dont on écoute tout de suite un extrait.
Le deuxième membre du duo, Luc Bersier, quant à lui, démontre une nouvelle fois ses capacités de producteur et nous propose des sonorités variées, et des instrus où se nichent plein de détails qu’on prendra plaisir à découvrir à chaque écoute.
En termes d’inspirations, certain·es d’entre vous pourraient penser à des groupes comme Agar Agar ou La Femme… il n’en est rien !
Et c’est, à mon sens, pour le mieux, car cela rend le style de Reymour plus underground.
Le duo cite lui-même des groupes bien plus confidentiels et expérimentaux, tels que le Suédois Facit et sa synth pop épurée, mais également Ambassade ou Eye, issus du label Knekelhuis, dont ils font partie.

Ces références enrichissent bien plus leurs horizons musicaux et les éloignent habilement d’une scène parisienne talentueuse, mais souvent bien trop consensuelle.
Naviguant entre Berlin et Bruxelles, Lou et Luc montrent une affinité certaine pour la scène alternative, et il suffit de voir leurs prochaines dates pour comprendre que leur musique a su dépasser les frontières.
Ce mois-ci, ils se produiront au célèbre Paradiso d’Amsterdam, mais aussi à Fribourg, le 19 octobre au Bad Bonn de Guin.
Et le 8 octobre c’est à Paris, au Petit Bain que ça se passe, avec la release party de l’album.
Avec NoLand, Reymour nous montre que la folie à deux, ce n’est pas qu’au cinéma.

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Chronique : Adrien
Animation : Emma
Réalisation : Candice et Léo
Première diffusion antenne : 8 octobre 2024
Crédit photo vignette : Structure Bâtons
Crédit photo fond : Reymour
Publié le 9 octobre 2024

Une publication de Adrien