Motif de Psycho Weazel : voyage au bout de la nuit

Si je suis chroniqueur musical, c’est pour découvrir et partager. Je t’avoue que jusque-là, je parle d’artistes avec qui je suis plutôt familier. Beau Diable, Prune, Bandit Voyage, je les connais de relativement longue date. Pour l’œuvre d’aujourd’hui, niveau découvertes, on va être servis !

Psycho Weazel est un duo venu tout droit de Neuchâtel, composé des producteurs Ivo Roxo et Léo Besso. Leur musique électronique fluctue entre de la house et la dance. Après une incursion dans l’Italo-Disco sur Bianco e Rosso pt.1 et 2, ils sortent leur nouvel EP, Motif.

Cet EP est bourré de collabs. On commence avec le titre « Encore » en feat. avec le chanteur angevin, Nerlov. L’instru, à la fois synthpop et dance, se distingue par des claviers quelque peu atonaux qui évoquent la distorsion d’une cassette VHS trop vielle ; tu sais, quand le son et l’image tremblotent. On se sent transportés en boite de nuit durant les années quatre-vingts, peut-être même à l’abri d’un ciel pluvieux.

On trouve ensuite « Bateau Abstrait ». L’arpège voltigeant d’un clavier, une rythmique 4-on-the-floor bondissante, et des accords oniriques nous font danser, sur la piste, dans le salon, ou dans nos têtes. Une narration en espagnol – faite par Noémie Griess de Barrio Colette – nous met à la place d’une jeune fille qui vit ses premiers amours lors d’une soirée qui lui restera gravée à vie. On a tous eu ce genre de première expériences de jeunesse ; ses premières sorties, ses premiers émois, ses premières danses…

Par ailleurs, j’apprécie le petit clin d’œil à « It takes two » de Rob Base et E-Z Rock. Gimmick très utilisé, certes, mais efficace.

Pour les deux dernières, on prend les mêmes et on remixe! La composition de l’EP me fait beaucoup penser aux singles durant l’ère du disque (aux années 2000, quand le CD était encore roi) : un titre principal, une face b, et le reste, des versions live, ou des remix si on veut en profiter pour faire des collabs.

On trouve donc une version rave de « Encore » avec Cornelius Doctor. Quelques vocals de Nerlov saupoudrent la boite à rythme et le synthé qui nous transportent dans une nouvelle boite de nuit, une qui ressemble étrangement au Zoo de l’Usine…

La quatrième et dernière piste est une réinterprétation de « Bateau Abstrait » par le producteur genevois Reda Saiahr. Hormis le sample de « It Takes two », plus mis en évidence, et quelques bribes de la narration, rien ne transparait du morceau original ; c’est presque un morceau inédit ! Les saveurs «musique-éléctro-des-eighties» couplé à des percussions aux influences orientales nous évoquent le dernier morceau de la soirée, avant la fermeture des portes.

Cet EP nous transporte-t-il en boite de nuit ? Les deux derniers sons évoquent bien évidement ce monde-là. Moi, je suis très peu «sortie-jusqu’à-6-heures-du-mat». J’ai préféré « Encore » et « Bateau Abstrait », qui par moment m’ont évoqué ce que faisaient New Order dans les années quatre-vingt. Ces titres là m’ont semblé être un bon compromis entre la synthpop et ce monde nocturne cher à ce duo neuchâtelois.

Ce que j’aime chez cet album, c’est le coefficient découverte d’artistes, qui y-est «off the charts» comme on dit outre-manche. Psycho Weazel a collaboré avec trois artistes différents, et tous ont laissé leur patte. Au point qu’après l’écoute, on peut s’intéresser à la pop Rn’b de Nerlov, aux mix new wave de Cornelius Doctor, ou encore à la disco orientale de Reda Saiarh.

Motif de Psycho Weazel, en plus d’être une mine de talent et de découvertes, c’est quatre pistes qui nous transportent dans un univers nocturne où tout le monde y trouve son compte. Chers DJs, de quoi ajouter à votre répertoire pour les prochaines soirées !

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Chronique : Julián
Animation : Emma
Réalisation sonore : Benno
Première diffusion antenne : 31 octobre
Crédit photos : Psycho Weazel
Publié le 3 novembre

Une publication de Julian