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Mélissa Laveaux chante son Panthéon

Nolwenn | 21 avril 2022

Le 11 mars dernier la canadienne Melissa Laveaux sortait son quatrième LP : « Mama forgot her name was miracle ». Après quatre ans de silence, l’autrice, compositrice et interprète haïtio-canadienne fait son retour, dans un concept album rythmé et incisif. Chaque chanson représente une héroïne – réelle ou mythologique – que l’Histoire a oubliée, ou qu’on a volontairement effacée, comme c’est malheureusement souvent le cas avec les figures de féminines. Elle crée ainsi son propre Panthéon, dans un disque poétique, spirituel et militant.
Les chansons parlent de Jackie Shane, une des premières icônes ouvertement trans aux Etats-Unis, de Harriet Tubman, ancienne esclave afro-américaine qui a milité pour l’abolition de l’esclavage, d’Alice Walker, écrivaine et militante féministe, mais aussi de la déesse Lilith, de la Papesse Jeanne, ou encore de Ching Shih : une travailleuse du sexe chinoise devenue la pirate la plus respectée des Mers du Sud. La musicienne devient une conteuse militante, racontant l’histoire de nombreuses femmes qui se sont battues pour s’émanciper d’un destin qui leur a été imposé.

Musicalement, c’est aussi très réussi. On retrouve les ingrédients miracles de Melissa Laveaux : des sonorités qui viennent des quatre coins du monde, des rythmes entrainants, des mélodies innovantes, et surtout cette voix chaude et cuivrée, si particulière et intrigante. Avec des textes aussi engagés, il y a le risque que le message l’emporte sur la musique, que les textes soient très bien, mais que les chansons soient trop lourdes pour être écoutées d’une oreille dans le bus. Mais pour le coup, c’est très réussi. Oui, le message est fort, mais n’empêche que les chansons sont cool.
Bien sûr, l’anglais permet de se détacher plus facilement du propos, mais même quand Oxmo Puccino la rejoint sur un des titres, c’est pareil : c’est cool, ça sonne, c’est rythmé. Il y a beaucoup d’humour et d’insolence dans sa manière de raconter ces histoires, et l’équilibre entre les textes et la musique est bien dosé, donc pas d’inquiétude à avoir : même si c’est clairement des chansons à textes, et que l’album a une portée militante, c’est pas un disque de slogans politiques. Elle raconte des histoires en musique, et c’est super entrainant.

Ça groove, c’est riche et varié en termes de rythmes et de mélodies. Il y a de tout : des percussions hyper présentes, de nombreux riffs de guitare, des synthés, de grosses lignes de basses, des cuivres, des chœurs, et pourtant ça fait pas « trop ». C’est vraiment bien fait, et ça ne ressemble à rien d’autre. Elle a sa patte, son style d’écriture et d’arrangements, et c’est assez rafraichissant. Et après en écoutant attentivement les paroles, on se rend compte qu’en plus d’être de la très bonne musique, il y a un important message derrière. C’est un projet vraiment très bien réalisé, et l’idée du concept album est aussi bien pensée en sachant que c’est son quatrième LP : c’est une façon en plus d’innover, de se renouveler, et de surprendre, ce qui n’est pas toujours facile sur la durée.


Chronique : Nolwenn
Réalisation : Cyril
Première diffusion antenne : 6 avril 2022
Crédits photo podcast : © Adeline Rapon
Crédit photo background : © Romain Staros Staropoli
Publié le 21 avril 2022

Une publication de Nolwenn


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