menu Home search
La QuotidienneMusique

Måneskin peint de kajal le rock italien

Nolwenn | 7 février 2023

Le 20 janvier dernier, les italiens de Måneskin viennent tout juste de sortir leur troisième album, «Rush». Alors pour celles et ceux à qui ce nom ne dit rien: le groupe s’est d’abord fait connaitre par sa reprise de «Beggin» de Madcon. Mais si tu sais cette version qu’on a entendu partout, mais genre PARTOUT pendant des mois. Et si ça te dit toujours rien: c’est aussi ceux qui ont gagné l’Eurovision en 2021, et qui accessoirement ont fait polémique avec l’histoire du rail de coke pris en direct à la télé. J’ai pas le temps de développer donc spoiler alert: apparemment c’était faux.
Le 20 janvier, donc, Damiano, Victoria, Ethan et Thomas ont sorti un troisième album produit par la machine à tube suédoise, j’ai nommé Max Martin, qui a travaillé notamment avec Coldplay, Céline Dion, ou encore Maroon 5, entre beaucoup d’autres. Près d’une vingtaine de compositeurs ont aussi été mêlés à la création de cet album – à tel point que, sur 17 titres, seuls 4 ont été créées uniquement par le quatuor.

Comme une impression que Sony a eu une légère intention de créer une petite bombe? C’est possible, et ça a marché: Le groupe est nominé aux Grammy Awards 2023 dans la catégorie «meilleur nouvel artiste», l’album se place en numéro 1 des écoutes dans 12 pays dont la Suisse, le Japon, la Belgique, ou encore le Canada, et s’offre une jolie 3ème place au classement Spotify Debut Albums aux Etats-Unis et dans le monde, au premier week-end de sa sortie.
Une réussite, donc, pour ce groupe qui cumule quand même 320 certifications, avec 18 disques de diamant, 253 disques de platine et 48 disques d’or.

Alors je sais, la musique ce n’est pas une histoire de chiffres. Mais en fait je suis un peu embêtée face à cet album. C’est léché à souhait. Tout est fait pour que ça marche en piochant un peu dans tout ce qui a marché par le passé. Ça rappelle The White Stripes, Nickelback, y’a un riff qui est complètement pompé sur les Red Hot. Je vous dis ils ont pioché dans tout ce qui a marché jusqu’ici pour créer une espèce de patchwork qui, forcément, sur le papier fonctionne. Tout est minutieusement pensé pour faire des tubes. Et ça marche, mais ça se sent.

Et pourtant, je dois avouer qu’en l’écoutant bah… J’ai dedoliné.Je me suis même surprise à faire un peu de headbanging. C’est cool on dirait que nos groupes de rock préférés se sont concertés pour ressortir un album, certes moins innovant que les autres, c’est vu et revu, mais d’un côté ça fait plaisir de les retrouver et de faire un petit saut dans les années 90. On y trouve même un feat avec Tom Morello, le guitariste de Rage Against the Machine. Vraiment j’ai écouté cet album avec un plaisir non dissimulé, et je sais pas trop si je dois l’assumer ou le mettre sur ma longue liste de plaisirs coupables.

Leur vrai atout je pense que c’est leurs mélodies qui sont souvent bien cool. Mais pour le coup je trouve que les chansons les plus intéressantes sont celles en italien, sur lesquelles ils ont travaillé seuls. Il y a un côté beaucoup plus authentique, et peut-être aussi que le fait que ce soit pas en anglais rend ça plus original, et fait qu’ils se détachent un peu plus de leurs modèles. Je pense notamment au titre «Mark Chapman», en référence à l’assassin de John Lennon, que je trouve assez cool – la chansons, pas l’assassin. C’est bien incisif, je trouve le phrasé plus intéressant, certainement parce que c’est leur langue maternelle, il y a un gros solo à la fin – certes peut-être un poil stéréotypé, mais ouais je trouve qu’il marche plutôt bien ce morceau. Et c’est clair qu’on sent la différence avec les autres qui ont été créées avec des monstres de la compo et calibrés pour être des tubes.

Mais il n’y a pas que des titre énergiques; on trouve aussi quelques ballades sur ce disque. Certaines que je trouve un peu moyennes comme «If not for you» qui pourrait clairement être dans un film pour ados avec le bad boy qui est finalement méga sensible et chante des chansons d’amour sur scène. Y’a même des « chabadabada » derrière avec une monstre reverb pour bien montrer que c’est la chanson douce du disque et qu’ils sont un peu romantiques. Par contre il y a le dernier titre de l’album «The loneliest» qui parle de la mort – peut-être même du suicide – : je trouve que c’est la chanson calme la plus réussie, avec un petit côté Muse. Et oui encore une fois leurs influences ne sont pas très discrètes. Le clip est super aussi, bien teinté années 90, avec tout le monde en noir, sous la pluie, autour d’une tombe pour l’enterrement du chanteur qui est, lui aussi, face à son cercueil. Cliché me direz-vous? Oui. Mais bon, ça je crois qu’on l’aura compris.

N’empêche que j’ai dodeliné, et que je dodelinerai certainement à nouveau en réécoutant l’album. Un avertissement est cependant nécessaire: Les puristes risquent de pas aimer. Mais les non-puristes, dont je fais partie, apprécieront sûrement certaines chansons. C’est du rock très accessible, un peu mainstream, mais qui est bourré de clins d’œil aux légendes du rock des années 90. Alors les plus médisants d’entre nous diront que c’est pompé sur les légendes du rock des années 90, mais moi je préfère dire que c’est des clins d’œil. Ça regroupe tout ce qu’on aimait à cette période: c’est provoc, c’est insolent, y’a des grosses guitares, des grosses basses, ils et elles jouent vachement de leur image, ils sont sexy, marrants, et ça doit être assez cool à voir sur scène.
Pis bon, les puristes, soyez cool: Ils ont entre 22 et 24 ans. Oui ça fait un peu réchauffé mais s’ils continuent ils vont certainement développer leur propre style. Pour l’instant, c’est des gamins qui surfent sur une vague de succès très largement créée et exploitée par Sony qui y voit une machine à fric. N’empêche, ces quatre italiens d’une petite vingtaine d’années, avec leur accent et leurs visages d’enfants cachés sous du phare à paupière, font tous les plateaux télé anglais et américains, sont nominés au Grammys, ont Tom Morello qui joue sur leur album, et ont été invités personnellement par Mick Jagger pour faire la première partie des stones à Vegas. La classe quand-même, non?
C’est le premier groupe de rock italien à s’exporter de cette manière, et perso je trouve qu’il y a des trucs bien plus nuls qui remplissent des stades, alors à choisir, autant que ce soit des gens avec ce genre de références. Et qui sait, peut-être que ça aura le mérite de créer un regain d’intérêt pour le rock auprès des jeunes… Et pour les mecs en eye liner.


Chronique: Nolwenn
Animation: Zebra
Réalisation: Seb
Première diffusion antenne: 2 février 2023
Crédits photo vignette: DR
Crédits photos background: © Francis Delacroix
Publié le 7 février 2023

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Nolwenn


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




X

Tout schuss pour Vostok

Radio Vostok a besoin de toi maintenant
Dévale les Pentes de la Culture avec Nous !

7%
financé
340 CHF
sur 5000 CHF collectés
45
jours restant
play_arrow thumb_up thumb_down
hd