Lost in Lona – Scared Like A Mother and Her Gun: Guérison

‘’Scared Like A Mother and Her Gun’’, ou effrayée comme une mère et son pistolet, si on traduit littéralement. Les partisans de Trump ou les fans de chasse diront qu’on est jamais censé avoir peur tant qu’on a un flingue, mais c’est pas la question.
C’est le debut album de Lidia Beck et Konstantin Aebli (ou Li et Konni, d’après leur page instagram), deux artistes de Bâle-Ville. Le projet a officiellement vu le jour en 2021, et on peut se demander ce qui a pris autant de temps entre la naissance de Lost in Lona et la sortie de leur premier album. Perso je me dis que c’est toujours bien de prendre son temps pour sortir un projet abouti, même si je faisais exactement le contraire durant mes études – le fameux faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Prendre son temps, c’est aussi ce qu’on fait en écoutant l’album. ‘’Scared Like A Mother and Her Gun’’, c’est 9 titres réconfortants qui te font vadrouiller l’esprit. Pendant que j’écoutais l’album, j’avais l’impression de me balader sur un petit sentier de montagne, juste en suivant le chemin. Parfois je me perdais, parfois je m’asseyais sur une souche d’arbre humide, pour ensuite mieux reprendre ma route. Bref, toutes ces figures de style pour dire que l’ambiance et le mix de cet album sont très bien réussis. On a une certaine mélancolie, une espèce d’errance, comme si on se perdait mais que c’était pas grave. Alors ok, c’est bien sûr grâce au mixage, mais surtout grâce à la voix de Lidia Beck, qui mène la danse, comme sur ‘’On Purpose’’, le morceau d’ouverture de l’album.
Les notes cristallines de la voix, ça fait un truc, y a quelque chose qui se passe là, à l’intérieur, quand on écoute ça. Au niveau de la composition, sur ce morceau comme sur la plupart des autres, j’ai eu l’impression qu’on retrouvait le même schéma: La voix est l’élément principal de Lost in Lona, et les instruments sont un peu en retrait pour soutenir la performance de Lidia Beck ET de Catherine Tang – eh oui, il faut bien honorer les bassistes qui font des backings.

Mais Lost In Lona, c’est pas seulement des longues notes tendues sur des instruments au fond du temps. C’est également des morceaux beaucoup plus doux, qui s’apparentent à des berceuses comme ‘’As it Was’’ – pas le morceau de Harry Styles, attention, ou alors plus punchy à la sauce pop californienne, comme ‘’Lose it All’’. Lost in Lona ont d’ailleurs enregistré ce morceau en live session, c’est-à-dire que tout le groupe joue en même temps, et la version a reçu de sacrément bons retours. On sent qu’en live, ça doit être quelque chose.

Lidia guide la dynamique, et même si les morceaux connaissent pour la plupart un développement en crescendo (on commence tranquille et on finit plus fort), il y a une volonté de garder une ambiance intimiste. Pour moi, même si c’est très réussi, j’ai trouvé quelque fois dommage qu’il y ait cette espèce de plafond qui bloque une explosion de son plus marquée, et qui aurait aidé à la puissance de certaines parties. C’est surtout flagrant sur le morceau ‘’Insecure’’. Perso j’attendais une fin de morceau plus longue (le morceau lui-même dure moins de 2 minutes donc il y avait de la marge). C’est comme si les instruments annonçaient quelque chose mais qu’au final on laissait tomber de façon un peu abrupte. On retrouve quelques frustrations comme ça à certains moments, et je trouve juste dommage que ces moments-là n’aillent pas au bout de leurs idées.
Bon je dis ça, mais ce caractère calme de l’album a quand même une aura de ‘’force tranquille’’. Ca dû se remarquer mais j’aime quand le son prend bien sa place, forcément les premiers groupes que j’écoutais c’était Led Zeppelin ou Deftones. Eh bien, j’ai été agréablement surpris par la maîtrise des dynamiques, on retrouve quand même cette sensation de puissance sans être écrasé par le son, ça donne à la musique de Lost in Lona un côté d’intimité intense, par exemple sur ‘’Scared like a mother and her gun’’, le morceau qui donne son nom à l’album (ou vice-versa).

Pour moi, cet album est une sorte de guérison. À l’approche du froid de l’hiver, ‘’Scared like a mother and her gun’’ apporte quelque chose d’apaisant, où on sent que les paroles sont authentiques et sincères, comme si les 9 morceaux de l’album avaient autant d’effet sur les gens qui l’écoutent que sur les musiciens et musiciennes qui les jouent. Si j’ai dit dans une précédente chronique que l’album de l’Orage était un bon feu de cheminée, Lost in Lona est la couverture et le coussin qui nous enveloppent.
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Marlon, Christian
Première diffusion antenne : 04 novembre 2024
Crédit photo: Lost in Lona
Publié le 09 novembre 2024

Une publication de Lionel