L’Orage – Water Tower: Des grooves chauds et torrentiels
Le 4 octobre, le radar météo nous avertissait de nouvelles précipitations: L’Orage sortait son troisième album, Water Tower.
Water Tower, en anglais, c’est un château d’eau, et l’album porte plutôt bien son nom car il étanche notre soif de groove -promis c’est le seul jeu de mots de cette chronique. L’Orage, c’est quatre musiciens confirmés, et comme on dit quand on a un peu de classe, ils pèsent dans le game. Nelson Schaer, batteur et fondateur du groupe, est aussi le programmateur du festival Musique en Été au parc La Grange – parce que sinon on s’ennuie, c’est évident. Et il sait s’entourer! Avec Robin Girod à la guitare, Ganesh Geymeier au saxophone, et Fabien Iannone à la basse, on est face à une sacrée équipe de choc.
Deux recommandations pour aborder cet album: Écoutez les 7 titres avec des écouteurs, et d’une seule traite.
Les écouteurs, c’est pour faire justice au mixage de Fabien Iannone. Tout est équilibré, et j’ai tout de suite été captivé par le son très chaud et un peu vintage de l’album. Ça donne une aura à la fois apaisante et bouillonnante aux morceaux, comme on peut l’entendre sur Medeglia.
Le son de basse nous détend comme le ronronnement d’un chat, et derrière, le saxo, très organique, nous murmure délicatement du Rimbaud à l’oreille et nous dit que tout va bien aller. Je me suis laissé transporter par les mélodies, en apesanteur, chaudement enveloppé par le son. Vu la météo chaotique du moment, Water Tower fait l’effet d’un bon feu de cheminée.
En écoutant les 7 titres d’une traite, j’ai ressenti l’album comme une balade d’une trentaine de minutes, où on passe par une suite de paysages différents. En ouverture, le morceau Art To annonce bien la couleur des titres suivants. Sur certains morceaux, j’ai cru reconnaître quelques influences de grosses pointures du style. Des dynamiques et des percussions qui font penser à Weather Report dans Mohan ou Mountain Light, ou alors des grooves bien secs à la Vulfpeck comme on peut entendre sur In Plain Sight.
Ce que j’ai trouvé assez dingue dans cet album, c’est la composition des morceaux. On sent que les gars connaissent leur sujet. La batterie remplit parfaitement son rôle de moteur rythmique, chaque coup tombe au bon endroit au bon moment, avec des dynamiques plus que maîtrisées. La guitare et le saxophone jouent souvent à un jeu de question-réponse, et finissent par s’entremêler, même si la gratte aurait mérité d’être mise un poil plus en avant. Et enfin, j’aimerais bien avoir les reins aussi solides que la basse, qui porte pratiquement tout le groove de l’album sans transpirer une seule goutte.
Toute cette virtuosité, ça donne un album bien construit, où on se laisse ballotter par les morceaux qui se déroulent. Pour moi, Water Tower c’est quasiment un sans fautes.
‘’Quasiment’’, parce qu’il y a quelque chose qui m’a un peu perturbé avec 502 Blues, le dernier morceau de l’album. C’est une reprise du morceau rendu célèbre par Wayne Shorter, et j’ai plus ressenti ce morceau comme un ‘’bonus track’’ qu’une véritable conclusion de l’album, comme s’ il avait été greffé après qu’on ait terminé la fameuse balade. Attention, l’exécution du morceau reste excellente, on est plongé dans un Chicago de 1960 pluvieux et enfumé, où notre trench-coat de détective se confond avec les journaux qui traînent par terre. L’ambiance de ce 502 Blues est bien différente du reste de l’album, et après les 6 morceaux précédents, j’ai été un peu laissé sur ma faim, m’attendant à un final plus éclatant.
Water Tower demeure un incontournable, je ne peux que le recommander. Ce troisième album de L’Orage, je le redis, c’est vraiment un voyage à écouter d’une seule traite, qui passe en un éclair.
Oui, j’ai menti pour les jeux de mots…
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Alexis, Marlon, Christian
Première diffusion antenne : 14 octobre 2024
Crédit photo vignette : Romain Iannone
Crédit photo fond : L’Orage
Publié le 16 octobre 2024
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