Linkin Park – From Zero: La réanimation qu’on attendait
Si on avait dit au Lionel de 15 ans qu’il allait pouvoir un jour parler de Linkin Park à la radio, il serait devenu tout foufou. Linkin Park signent leur retour avec un album qui nous réserve plusieurs surprises. Beaucoup disaient que Linkin Park était mort, et pour cause: Le groupe sort quand même d’un hiatus de 7 ans depuis leur dernier album ‘’One More Light’’, sorti en 2017.
Un hiatus qui s’explique plutôt facilement: Je peux pas parler de Linkin Park sans mentionner Chester Bennington, le chanteur principal du groupe, décédé le 20 juillet 2017. Il portait quand même l’énergie et une grosse partie de l’identité du groupe. À sa mort, Linkin Park ont donné peu de signes de vie. Un concert hommage le 27 octobre, puis Mike Shinoda, le rappeur et chanteur, déclare que l’avenir de Linkin Park est incertain. Par contre, quelques signes commencent à apparaître en 2024… Je vais m’arrêter là pour l’historique du groupe, parce que réciter des pages Wikipédia c’est bien, mais et l’album dans tout ça?
‘’From Zero’’, le 11 titres de Linkin Park, est sorti ce vendredi 15 novembre. Autant dire que j’ai dû speedrunner cette chronique dès vendredi à 3h du matin pour profiter des 3 pauvres jours que j’avais à disposition, mais bon pour quelqu’un qui rush son mémoire de master en 2 mois, ça passait.
‘’From Zero’’, huitième album studio de Linkin Park en à peu près 25 ans d’existence, signe le retour d’un groupe qui a bercé l’adolescence de beaucoup de gens. Alors bien sûr je ne suis plus un ado dark et tourmenté, je suis à présent un adulte tourmenté par ses factures, par le réchauffement climatique, ou par le fait que Jean-Marie Bigard fasse encore des spectacles. Mais la nostalgie revient quand même au galop, ‘’From Zero’’ reprend tous les éléments qui marchaient dans les albums précédents. Linkin Park n’ont pas du tout hésité à voyager entre les styles qui ont fait leur succès, avec quand même un accent prononcé sur le rock. Le style se rapproche de leur album de 2014 ‘’The Hunting Party’’, avec une composition quand même plus mature.
Qu’on se rassure, on n’est pas sur un ‘’Hunting Party 2.0’’. Malgré tous mes efforts, j’ai pas pu m’empêcher de deviner de quel album venaient tels ou tels sons. On a évidemment des échos des débuts de Linkin Park. ‘’Two Faced’’ est rempli de samples comme il faut et renvoie à l’époque de ‘’Meteora’’, le deuxième album du groupe, mais on retrouve aussi des sonorités de ‘’Minutes to Midnight’’ avec ‘’Stained’’, qui met l’accent sur une instru plus électronique et des voix plus mélodieuses, ou encore des morceaux plus pop comme sur ‘’A Thousand Suns’’, avec le morceau ‘’Overflow’’.
Cet album c’est pour moi un condensé de la carrière de Linkin Park, un peu comme si ‘’From Zero’’ était la dernière branche de l’arbre généalogique de la formation. Sans aller jusqu’à dire que c’est un CV du groupe, il y a quand même cette idée de regarder par-dessus son épaule et de se dire ‘’J’ai commencé là-bas, et maintenant j’en suis là’’. D’après ce que j’ai pu trouver sur internet, le titre de l’album fait référence au tout premier nom de Linkin Park. Je groupe s’appelait à la base ‘’Xero’’ (oui, presque comme les imprimantes). ‘’From Xero’’/‘’From Zero’’, on peut deviner un petit truc, mais on peut aussi lire une volonté de repartir sur des bases neuves. Et ces bases neuves, c’est un groupe qui a gagné en maturité, autant en expérience des membres que dans la composition des morceaux, mais qui revendique également ses racines: Du rock bien bourrin, des samples envoyé par Mr Hahn, le DJ, du gros scream, et des paroles profondes, le plus souvent sur le mal-être de manière générale. On capture bien ce caractère à la fois moderne et ancien dans le morceau ‘’Casualty’’. Un morceau très agressif, qui invite au pogo. Il est évidemment soutenu par les guitares saccadées et un peu dissonantes, par Colin Brittain, le nouveau batteur, qui tabasse ses fûts comme il faut, et évidemment par Emily Armstrong qui a les cordes vocales bien solides.
Globalement, Linkin Park applique sa recette traditionnelle: des instrus simples et efficaces qui filent tout droit et des samples qui remplissent l’espace. Ça donne un son puissant, mais qui laisse quand même une autoroute pour les voix. Et avec une Emily Armstrong au top de sa forme, le micro est entre de bonnes mains.
Mais alors qui est donc cette nouvelle voix de Linkin Park? L’annonce d’Emily Armstrong en tant que nouvelle chanteuse a fait beaucoup de bruit. Évidemment, on a les traditionalistes, pour les appeler comme ça, qui pensent que Linkin Park n’est plus Linkin Park sans Chester Bennington. Bien sûr, en tant que chanteur principal, c’était la voix du groupe, son identité sonore. On l’entendait chanter et on savait tout de suite que c’était du Linkin Park. Pour continuer, le groupe devait trouver quelqu’un à la hauteur. Je vous passe les détails des auditions, de la recherche, des rencontres, etc… , mais pour trouver la digne succession de Chester, Linkin Park marchait sur des oeufs, autant pour leurs futures performances que vis-à-vis de leur communauté. On parle quand même de remplacer un chanteur qui tenait un scream de 17 secondes (les vétérans se souviendront de ‘’Given Up’’). Eh bien, sur ‘’Heavy is the Crown’’, Emily Armstrong nous montre de quel bois elle est faite.
À ce moment-là je me demande simplement si le critère pour chanter dans Linkin Park, c’est pas d’avoir la capacité pulmonaire d’un cachalot. Pour les quelques sceptiques qui persistent, Linkin Park eux-mêmes ont affirmé qu’ils ne voulaient pas d’une voix qui serait un copié-collé de celle de Chester, non seulement pour ne pas enfermer la personne qui prendrait le micro dans un style contraignant, mais aussi pour ne pas retourner le couteau dans la plaie et rendre les fans encore plus tristes. Mais en tout cas, l’énergie est là.
On a donc un style et une attitude similaires entre Chester Bennington et Emily Armstrong, mais une exécution différente. Le groupe a quand même procédé à quelques changements de tonalité pour adapter les anciens morceaux aux cordes vocales d’Emily. Pour moi, c’est pas un mal, bien au contraire. Si les morceaux doivent être légèrement modifiés pour qu’Emily Armstrong puisse donner sa pleine puissance, ça ne peut que servir la musique de Linkin Park. Globalement, Armstrong a reçu un très bon accueil, puisque les ados d’il y a 15 ans sont maintenant des adultes plus ouverts – pour la majorité en tout cas. Je vais sûrement pas me faire des potes en disant ça, mais honnêtement je préfère les screams d’Emily que ceux de Chester. Les deux sont incroyables hein, attention. Mais je sais que ça peut être une affirmation bien osée, on frise le blasphème pour certaines personnes, là. D’ailleurs je viens de regarder mon téléphone, j’ai 16 appels manqués et un message de ma mère qui me dit que pour l’héritage je vais pouvoir me… le… mettre dans le… ok, d’accord.
Bien sûr, Linkin Park portera toujours la marque indélébile de Bennington en tant que membre influent du groupe. Mais je me dis que si Linkin Park s’était arrêté là, Chester aurait pas vraiment apprécié, surtout que la relève tient la route, et c’est un euphémisme. Quand on écoute ‘’From Zero’’, on sent qu’Emily Armstrong maîtrise autant le scream violent que des mélodies puissantes, et a même une voix plus retenue, dans une certaine mesure, pour des morceaux comme ‘’Good Things Go’’.
C’est le dernier morceau de ‘’From Zero’’, le slow de l’album en quelque sorte. C’est surtout le titre qui m’a fait monter le volume alors que j’avais déjà les écouteurs à bloc. Et toujours à lâcher des petites subtilités dans ses morceaux, Linkin Park termine ce morceau par le même sample qu’au début de l’album, ce qui fait que ‘’From Zero’’ peut littéralement s’écouter en boucle.
En tout cas ça fait plaisir de retrouver le groupe qui a bercé mes années boutonneuses. Au même titre que ses fans, Linkin Park a grandi, il s’est cherché et est allé explorer d’autres sentiers, pour finalement donner un album mature qui reprend tous les éléments musicaux qui ont fait son succès. J’ai hâte de voir ce qu’on aura pour la suite, et si Mike Shinoda disait que l’avenir du groupe était incertain il y a quelques années, aujourd’hui il semble plutôt en bonne voie.
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Christian, Alexis
Première diffusion antenne : 18 novembre 2024
Crédits photo vignette: James Minchin III
Crédits photo couverture: The Uprising Creative
Publié le 21 novembre 2024
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
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