L’expo qui a ravivé la flamme avec mon vélo
Le vélo sous toutes ses formes. Ou une plongée dans l’histoire captivante de la bicyclette à Genève. C’est ce que propose le musée Rath, en collaboration avec le Muséum, jusqu’à la mi-octobre à la place Neuve.
J’y suis allée sans attente. J’aime bien mon vélo, mais ce n’est pas la passion non plus. J’y tiens surtout parce qu’il m’emmène où je veux, qu’il est facile et qu’il ne me coûte pas cher. Depuis quand il existe ? D’où il vient ? Honnêtement, ça ne m’a jamais intéressé. Ou peut-être vaguement au tout début, quand on s’est rencontré, dans la phase d’approche. Mais aujourd’hui, tout ce que je lui demande, c’est de rouler, c’est tout. On est un vieux couple… On cohabite, sans folie, ni surprise.
Dans ce cas, pourquoi aller voir une expo consacrée entièrement au vélo ? Eh bien, j’y ai vu l’occasion de raviver la flamme. Une sorte de nouveau « date ». Je me suis dit qu’on pourrait y aller ensemble, parler de sa famille, de ses origines, évoquer ses points forts et ses points faibles. Ça lui ferait certainement plaisir et au final, ça ne pouvait que nous rapprocher !
Arrivée sur place, j’ai d’abord cru que Péclot 13 avait ouvert une antenne à la place neuve ! Le musée Rath est rempli de vélos ! Il y en a partout et de tous les modèles. Des bécanes de ville avec des guidons à l’anglaise, des tricycles ingénieux, des engins de course ultra légers… On se croirait dans une immense bourse à vélos logée dans une des plus vieilles institutions de la Ville ! Rien que pour ce tableau, ça vaut la peine.
Passé cette première impression, j’ai compris que mon acolyte à deux roues n’était pas né avec sa selle moelleuse, ses 21 vitesses bien agréables, son pare-boue efficace et ses freins à disques sécurisants. Eh oui, nos vélos actuels sont bien le résultat de multiple petits progrès mis bout-à-bout. Et croyez-moi, mon coccyx douillet et mes mollets paresseux les apprécient chaque jour !
Il faut dire aussi que les premiers modèles ne font pas rêver. Rien qu’à les regarder, ça donne le vertige ou des crampes, voire les deux. Après les draisiennes qu’on enfourche comme un cheval, il y a les fameux grands bis, ces engins élégants dotés d’immenses roues avant, très rapides, mais aussi très instables et très dangereux.
L’autre option, à la fin du 19e, c’est le vélocipède à pédales. Ses roues sont de mêmes dimensions, mais en fer et sans pneu, et sa selle est en métal… Autant dire que le moindre dos d’âne doit être un supplice.
L’expo retrace bien cette évolution par avancées successives, faite d’essais et d’erreurs. J’ai bien aimé aussi découvrir les innovations ratées, comme cet étrange vélo fabriqué entièrement en plastique beige, par Volvo en 1980. Une sorte de deux roues pour Playmobil, lourd et mal pratique. Évidemment, ça a été un échec commercial.
Au sous-sol du musée, il y a des expériences didactiques. On peut actionner par exemple diverses roues pour comprendre l’effet gyroscopique. Ça a l’air simple, mais le jour de ma visite, ni mon voisin, ni moi n’avons réussi à les faire fonctionner. (Je ne suis pas très douée en physique, mais ça m’a rassurée de voir que je n’étais visiblement pas la seule.) Le mystère de cette force reste donc entier…
Un peu plus loin, j’ai pu par contre tester les poids de différents cadres de vélo de course. (Entre nous, c’était plus facile, il suffisait de les soulever…) Et franchement, c’est impressionnant. Le dernier modèle est tellement léger qu’on peut le soulever avec le petit doigt !
Avant d’aller voir cette expo, je pensais que l’âge d’or du vélo, c’était aujourd’hui. Que la bicyclette n’avait jamais été aussi populaire à Genève. Je me disais que c’était lié à la crise climatique et à toutes les politiques publiques mises en place pour promouvoir la mobilité douce. Mais, à travers l’expo, j’ai réalisé que le vélo a vécu en réalité ses heures de gloire au siècle passé. C’est difficile à imaginer, mais dans les années 50, il y avait des embouteillages de cyclistes sur le pont du Mont-Blanc ! En regardant les photos en noir et blanc, on dirait une Critical Mass à chapeaux !
Le point fort de l’expo, c’est qu’elle s’adresse autant aux passionnés de deux roues super calés qu’à des gens comme moi qui savent tout juste remettre leur chaîne quand ils ont déraillé. Elle aborde autant des aspects très techniques, que des éléments plus historiques ou sociologiques.
Concernant ta relation avec ton propre vélo, he ben, je dirais qu’elle s’est approfondie. J’ai davantage conscience de ce qu’il a traversé, des conditions de vie de ses ancêtres… Depuis, je trouve que je suis moins sévère avec lui quand ses vitesses sautent ou que sa selle me tend le bas du dos. Bref, on a ouvert un nouveau chapitre de notre relation ! Merci au Musée Rath !
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Chronique : Céline
Animation : Emma
Réalisation : Sébastien
Crédit image: Céline
Première diffusion antenne : 19 juin 2024
Mise en ligne : Céline
Publié le 21 juin 2024
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