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La QuotidienneMusique

L’étreinte sonore d’Olympic Antigua

Radio Vostok | 23 janvier 2022

– Alors comme ça on a un Alex Turner dans le coin et tu nous avais pas dit ?! Je fais référence au sulfureux chanteur des Arctic Monkeys. On a entendu ça avec le groupe Olympic Antigua dont tu viens nous parler Romain.

– En effet un petit air de ressemblance se cache derrière la voix d’Igor Metrailler, le chanteur du groupe valaiso-vaudois. Il est accompagné de deux guitaristes et un batteur, dans l’ordre : Tiziano Zandonella, Tim Dorsaz et Kévin Ruffieux. Avec leur formation, Olympic Antigua nous propose du rock à la limite de la soul et du blues. Oooh yeah.

Malgré une année culturelle difficile ils ont profité des fenêtres de liberté offertes en 2021 pour faire une série de concerts à Vevey, Nyon, Monthey ou Sion. Dans la région de Lausanne on a pu les voir au fameux croc’ the rock festival et ils reviendront aux Docks le 4 avril 2022.

Avec leur morceaux on plonge dans une ambiance de salle de billard ou début de soirée dans un pub mi-chic mi-crasseux. Il y a de l’électricité dans l’air mais on se tient encore. C’est plutôt langoureux, une sorte d’étreinte sonore, parfait pour un dîner aux chandelles ou une soirée entre vieux potes. Les chansons entièrement composées par le groupe rappellent aussi la route, les longs voyages… Douces montées, la sauce prend progressivement dans un écrin de saturations grâce aux overdrive et au fuzz finement utilisés.

Entends-tu ces effets de grattes dont je parlais ? Ils sont quasi inévitables depuis les années 70 et amènent un côté indéniablement vintage. Un qualificatif raccord avec Olympic Antigua ! On sent la recherche du son vieille école sur lequel ils viennent déposer des voix à cœur ou à pique.
« Sassy squid » dont on avait un extrait à l’instant, dépeint une histoire alcoolisée du rapport à l’Autre. On sent que les fruits macérés peuvent nuire au céphalopode. Les paroles tantôt chantées ou parlées marquent la singularité du groupe. Toutefois, comme souvent chez eux, elles semblent d’abord constituer un autre élément instrumental plutôt qu’un message propre et identifiable. La musicalité des mots prime.Ils tombent juste comme il faut. C’est l’important.

– Ce n’est donc pas de la chanson à texte…

– Dans le mille. Les instruments et le chant se répondent et s’entremêlent dans une agréable harmonie. Sur une batterie en 4/4 diablement efficace se succèdent les solos planants et les refrains chantés à la manière d’un jeune dandy loubard.

– Et niveau actu ?

Le seul EP disponible à ce jour a pris le même nom que le quatuor : Olympic Antigua… Sorti en octobre 2021, le projet sonne déjà comme un travail abouti, méticuleusement arrangé avec une sonorité sensuelle. On a envie de danser un slow ou chalouper langoureusement la démarche. Mmmmmh oui. Avec les solos à la B.B King on peut aisément ajouter leurs sons aux playlists douces et ambiantes.
Et sinon, comme je l’ai mentionné, on pourra les écouter au Docks le 4 avril prochain !
Allez opopop on note les jeunes.

– It was « See you Day and Night » Pretty hot in’it ?

– Oui je vais chercher les bougies si tu continues. Tu parles anglais toi maintenant ?

– Un brin, ça fait écho à l’influence évidente d’un jeune pays reconnu pour la qualité de ses productions musicales…Roulement de tambour… : The United States of America. Les rappels aux cousins d’outre atlantiques se déclinent autant dans la composition que dans la production. Les parties s’équilibrent de façon académique, la rythmique blues est assumée, même le son sali est propre. Fuck yeah !

Cette troisième piste de l’EP nous invite à ralentir la cadence, à contempler l’horizon, votre partenaire ou ce magnifique meuble chiné pendant deux ans sur les internets. La voix du chanteur se double par moment, «en overdub» comme on dit dans le business. Elle se marie avec la ligne de basse minimaliste et le pattern de gratte tendrement joué. Une sacrée attaque cependant et la fameuse reverb’ pour nous plonger dans une ambiance chaleureuse. Je vois une cuisine de trentenaire quelque peu dérangée, lumière tamisée. On vient de finir le fameux risotto ai funghi avec CETTE fille, celle relancée quatre fois pour aller «marcher en ville». C’est le moment fatidique… «j’ai une superbe vue sur le parc Mont-Michel, t’avais vu?»

– Espèce ce vieux dragueur.

– Si peu. Pour revenir au son, Olympic Antigua construit ses vibrations sur des ingrédients classiques, une mélodie langoureuse en guise de thème, une voix nonchalamment posée et des silennnnces. L’air de rien ça rythme bigrement une œuvre. C’est un délice quand les instrumentistes respectent la blanche, le soupir… On laisse à chacun le temps d’exprimer sa partie, les notes respirent et soufflent tranquillement, comme un vent d’été. A l’oreille, de notre côté, on dispose d’avantage de place pour apprécier le moment et le saisir pleinement. C’est de la soul en pleine conscience finalement.
Les adeptes du style pourraient aisément les voir signés chez Daptone, le fameux label de feu Charles Bradley… C’est l’inverse. Pour le moment la distribution se fait 100 % al mano et ils font ça avec brio. Leur belle galette rose bonbon reste aujourd’hui épuisée.

– Oui au fait maison ! Vive le rock romand et on monte le son. «Mr Preacher» entre en scène.


Chronique : Romain
Réalisation : Cyril
Crédits photo podcast : © Julien Chavaillaz
Crédits photo background : © Gaetan Nicolas
Date de diffusion : 12 janvier 2022
Publié le 23 janvier 2022

Une publication de Radio Vostok


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