Les pouvoirs du sorcier
Augure
—-
Et si la magie existait vraiment ?
Imagines, si nos différences pouvaient nous donner des pouvoirs. Ça serait formidable !
Mais malheureusement, encore aujourd’hui, la différence peut faire peur. C’est ce que Baloji met en lumière dans son premier long métrage, à travers 4 personnages pas comme les autres. Il nous présente 2 congolais et 2 congolaises, perçus comme des sorciers à cause de leurs caractéristiques peu communes.
Le film nous raconte l’histoire de Koffi, l’aîné d’une famille congolaise, qui est installé depuis 18 ans en Belgique. Alors que Koffi n’est jamais retourner dans son pays natal, il doit s’y rendre pour présenter sa femme enceinte à la famille. Et c’est avec la boule au ventre qu’il prépare son voyage. Il pense à chaque détail, et veut que tout soit parfait, pour ne recevoir aucun reproche. Il va jusqu’à couper sa coupe afro pour être sûr de plaire à sa famille. Au contraire, sa femme se réjouit de rencontrer sa nouvelle famille, et a super hâte de découvrir la culture de son pays. Naïvement, elle essaye donc tant bien que mal de rassurer son fiancé.
Une fois le couple arrivé au Congo, nous allons vite comprendre que Koffi est le vilain petit canard de la famille. A son arrivée, l’ambiance est glaciale et les regards foudroyants fusent. En fait, l’homme a toujours été rejeté de la famille, car il est né avec une tache de vin sur le visage. Selon le pasteur du village, c’est une marque « du diable ». Koffi est donc considéré comme un sorcier depuis son plus jeune âge. Et ce n’est pas le seul personnage à subir cette assignation. Durant son voyage, Koffi rencontre, parfois sans le savoir, d’autres sorciers marginalisés par la société.
Baloji a clairement prouvé qu’il avait sa place au cinéma.
Le Festival de Cannes a d’ailleurs reconnu son talent et lui a décerné le Prix de la Nouvelle voix, dans la catégorie Un nouveau Regard. D’autant plus que Baloji ne s’est pas contenté de réaliser le film, il a également énormément contribué à la bande-originale. Pour enrichir le vécu des personnages, l’artiste a sorti 4 albums, dont certaines chansons figurent dans le film. Chaque volet prend la perspective d’un des « sorciers ». Ce n’est pas tout, en collaboration avec Ekel Hoste, le réalisateur a aussi conçu lui-même les costumes. Certains d’entre eux sont très élaborés, avec beaucoup d’éléments provenant de cultures différentes.
Baloji décrit son style cinématographique comme étant du surréalisme magique. Surréalisme, parce qu’il y a des séquences dans lesquelles nous sommes immergés dans le rêve d’un des protagonistes, qu’on ne voit jamais se réveiller. Ça laisse alors place à une frontière très fine entre le rêve et la réalité, ce qui est la spécialité des surréalistes. Malgré tout, c’est assez bien fait pour que nous puissions faire la distinction entre les deux dans le scénario.
Et magique, car il fait beaucoup d’allusion à la magie et à des phénomènes surnaturels. Le réalisateur affirme être fasciné par l’occultisme, c’est-à-dire toute la science de l’invisible et des esprits.
Finalement, ce long-métrage nous démontre que Baloji est un artiste complet. Ce film superstitieux et onirique lui a permis de combiner toutes les formes d’art qu’il pratique, en une seule œuvre. En plus d’être philosophique, c’est magnifique à voir !
—-
Chronique : Orégane
Animation : Emma
Réalisation : Léo, Lorenzo
Crédits photos : Grandfilm-Wrong Men
Première diffusion antenne : 7 mai 2024
Mise en ligne : Orégane
Publié le 14 mai 2024
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.