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Les Lambrini Girls débarquent à Genève

Romain | 5 février 2025

L’Angleterre ne s’endort pas sur ses lauriers. Nouvelle sortie remarquée avec le premier album des Lambrini Girls.

Dès les premières notes j’ai signé. Les Lambrini Girls ont des choses à dire, musicalement et verbalement. C’est fort, ça arrive tout droit de Brighton. « Who let the dogs out » a été publié le 10 janvier dernier, premier album du jeune duo, et leur tournée mondiale continue à fond la caisse.

Tu sais il y a des jours où on se sent tranquille. On laisse passer les gens pressés, tutto bene. Le genre d’état léger. Pourquoi courir? Pourquoi s’appesantir? Un état quasi religieux rempli de bienveillance. Généralement c’est ce qu’on cherche en matière de philosophie mais c’est à la fois une qualité et un défaut. D’un côté on ne fait pas de mal, de l’autre on n’fait pas bouger grand-chose puisqu’on est gentil tout plein. Tu rencontres parfois ces gens, puis toi après avoir lu un seul article du Monde diplo, t’as plutôt envie de mettre ta cagoule et partir au front, au sens propre comme au figuré. Deux salles, deux ambiances. Je blague mais suis toujours étonné qu’on ait encore l’électricité en Europe. Les gens se tiennent vachement à carreau!
Tout ça pour introduire que ce n’est pas le genre des deux musiciennes dont je viens te présenter la musique. Ecoutons ça.

Un succès grandissant
Les 11 pistes de ce disque électrisant font déjà grand bruit dans les médias. En août passé elles étaient sur la radio amérloque KEXP. Tu pourras voir ce qu’elles valent sur scène. Ce n’est pas du chiqué et totalement raccord à l’album. Punk, grunge, drôle, revendicatif et généreux.
On pourra les voir à Antigel, le 28 février. Je peux te garantir que ça va pogoter fort. On va leur montrer qu’on n’est pas des bisounours! Tu peux aussi t’y rendre pour le son, l’énergie déjantée, les distorsions baveuses et une batterie binaire qui te fait retrouver tes quinze ans et ta hargne endormie. On se délectera de ce rock animal avec l’accent du Sussex, quoi de mieux?

Engagement politique
Il leur faudrait cependant articuler un tantinet. Les Lambrini Girls nous distillent des chansons engagées avec des paroles incisives qu’on croirait tout droit sorties d’un film de Ken Loach. Iconoclastes, libres mais aussi ancrées dans leur paysage. Tu vois cette atmosphère de ruelles à briques où on sent la galère mais à tout moment le rire et le bon sens peuvent venir égayer cette maussade journée. C’est probablement pour cela que la bière coule à flot dans ces contrées. D’ailleurs le Lambrini duquel elles prennent le nom est un alcool bon marché que les jeunes rosbeef se procurent pour prendre leur première cuite dans les parcs. N’est-ce pas charmant? Nos musiciennes du jour ne cachent pas avoir une consommation respectable de liquides fermentés. Certes l’alcool est délétère mais n’est-ce pas excusable lorsqu’on n’a pas de soleil et un gouvernement inégalitaire depuis toujours? De Margaret Thatcher à Boris Jonson, aidé par Rupert Murdock et tous ses potes, on ne sait pas trop quand on lâchera la grappe des couches populaires dans ce pays d’une richesse folle. Le duo britannique aborde aussi des problématiques plus universelles telles que la colonisation, l’argent roi, la masculinité toxique et la xénophobie, comme avec « You’re Not From Around here » dont avait un passage à l’instant. Tout cela est fort léger mais tu peux aussi totalement oublier la patte politique pour te concentrer sur le son.

Des styles variés
“Filthy Rich Nepo Baby” mélange un rythme reggaeton avec une gratte sauvagement saturée. Un cocktail original qui crée l’identité singulière de la piste. Les crashs fusent ce qui permet de rajouter de l’énergie à la chanson. On les utilise aussi pour marquer les temps. Les crashs sont ces cymbales souvent en hauteur, face à la batteuse, et qui ne sont ni le charleston ni la ride, généralement sur les côtés du kit. Une autre chanson qui m’a bien plu est “Cuntology 101”, elle se trouve en toute fin d’album. Celle-ci sonne plus électro, un poil plus actuel avec des délicieux claviers entêtants comme chez LCD Soundsystem. Je vais te quitter avec un pied-de-nez aux chansons d’amour. Il s’agit de la piste “Love”, avec une remise en question de ce sentiment mimi à souhait mais tout de même relativement relou et codifié à mort. Les guitares prennent leur temps tandis que la batterie tape vite et fort. Un joyeux équilibre décoiffant. D’ailleurs j’ai rendez-vous chez le coupe-tif. Coeur coeur Xoxoxo.

Animation: Emma
Chronique: Romain
Réalisation : Christian et Noé
Première diffusion : 28 janvier 2025
Crédits photo vignette : Lambrini Girls
Crédits photo background :  Lambrini Girls/Antigel
Crédits photo Une : Lambrini Girls/Bandcamp
Publié le 1er février 2025
Mis en une le 5 février 2025

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Une publication de Romain


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