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Lenz – A la découverte d’un paysage intérieur

Elia Resuli | 15 novembre 2024

Cher·ères auditeurices, est-ce que vous vous êtes déjà ennuyé dans votre vie ?
Ben oui, qui ne s’est pas déjà lassé pendant un cours de maths ou bien pendant une réunion de boulot le jeudi soir quand à la place, on pourrait être en train de faire un apéro avec nos potes ?
Mais là, moi je fais référence à un type d’ennui plus profond. Celui où on regarde la télé par ennui, on mange ennui, on s’aime dans l’ennui, on fait l’amour par et avec ennui…
Vous l’aurez compris, une vie pleine d’ennui.
En tout cas, si la réponse à ma question cher·ères auditeurices est oui, je vous suggère très fortement de prendre rendez-vous avez un·e psy. Puis, je vous rassure que vous n’êtes pas seul·e dans le gouffre, car c’est la même situation tragi-comique dans laquelle se retrouve Monsieur L.
Mais qui est Monsieur L vous me direz ?
L est le personnage éponyme de la nouvelle pièce mise en scène par deux jeunes artistes diplômées de la Manufacture, Eléonore Bonah et Maria Clara Castioni. Basé sur le roman de l’écrivain allemand Georg Büchner – et oui je sors mon meilleur accent allemand pour prononcer son nom – Lenz, raconte l’histoire d’un homme, qui, après avoir marché pendant des mois entiers à travers des montagnes, arrive dans un petit village des Vosges appelé Waldersbach. Dans cette mise en scène, Monsieur L, comme on l’appelle tout au long de la pièce, va être retrouvé pendant sa marche errante, par deux dames interprétées par les actrices Luna Desmeules et Anne Tismer. Le duo dynamique nous relate l’évolution et les péripéties de cet homme malade, pendant qu’il essaye de fuir un état intérieur, hanté par … l’Ennui.

Bien qu’on nous parle du désarroi de ce jeune homme perdu qui essaie de chasser à tout prix sa lassitude, en allant même jusqu’à se jeter dans une fontaine d’eau froide, une chose est sûre, nous le public, on ne s’ennuie surtout pas.
Entre la réalité des sentiments de M. L et l’absurdité de ses gestes, on est captivé par le personnage, qui semble parfois se comporter comme un adolescent en pleine crise existentielle, car il boude, il hurle et il se couche par terre. Ce qui accentue l’aspect comique de la pièce.
Il y a un décalage très fort entre le fond et la forme, c’est-à-dire l’histoire tragique d’une personne profondément malheureuse et le fait de banaliser et dédramatiser le sentiment de détresse en jouant avec l’absurdité de Monsieur L.
Les événements sur lesquels la pièce s’est basée sont réels puisque Büchner s’est inspiré d’un fait divers pour écrie son roman. M.L. fait référence à Jakob Lenz, un dramaturge allemand, qui a bel et bien existé et qui s’est réfugié dans le village de Waldesbach.
Ce n’est pas un hasard, si Éléonore Bonah choisit d’explorer le texte de l’écrivain allemand pour son travail, puisqu’elle a grandi à vingt minutes de ce même village. Dans Lenz, les descriptions complexes du paysage alsacien, invitent le public à s’aventurer dans la nature et à se perdre dans de longues tirades, comme on se perdrait dans une forêt de hauts sapins.

D’ailleurs, la scénographie conçue par Maria Clara Castioni, est pensée pour nous laisser plonger dans notre imagination. Au tout début de la pièce, dès qu’on rentre dans la salle, on distingue un majestueux rideau argenté très théâtral, qui nous laisse penser que derrière il aura un décor tout aussi monumental. Mais surprise ! Ce n’est pas le cas. Le rideau se lève et sur le plateau on retrouve un nombre limité d’objets. Les décors sont très épurés et font appel au noir et au blanc pour créer un espace vide et abstrait. Cette scénographie intrigante n’est pas une simple illustration des vues montagneuses du village, mais au contraire : elle est une invitation à la découverte d’un paysage intérieur.
Alors cher·ères auditeurices, je ne peux que vous inciter à découvrir Lenz qui se joue encore toute la semaine à la Comédie, afin d’ajouter un peu de peps dans vos vies si cette dernière vous ennuie.


Chronique : Elia
Animation : Emma
Réalisation : Noé et Candice
Première diffusion antenne : 12 novembre 2024
Crédits photos : Magali Dougados
Publié le 15 novembre 2024

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Une publication de Elia Resuli


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