Le Grand Nord en plein Carouge

Ahhhh le grand nord, ses paysages grandioses, sa nature fragile et ses villages isolés… Le photographe Thierry Vezon y a consacré une série de grands formats. Si vous aimez la fraîcheur et les images apaisantes, filez donc à la galerie L’Audacieuse à Carouge.

Regarder les photos de Thierry Vezon, c’est un peu comme s’offrir une session dans un caisson de flottaison. On ressent la même apesanteur, le même côté relaxant. On est dans une bulle… Bref, un super plan zen en plein Carouge !

Mais qui est donc ce dalaï-lama de la photographie que l’Audacieuse a déniché ? Thierry Vezon est français, il habite dans le Gard, il fait de la photo depuis 2004 et ses sujets de prédilections sont les animaux et les paysages sauvages. Il a déjà publié une dizaine de livres sur la biodiversité et la nature. Il collabore souvent aussi avec des magazines comme Geo et Terre sauvage.

Thierry Vezon fait aussi des photos aériennes. Un peu à la Yann Arthus Bertrand. Avec des couleurs très particulières ou des motifs qu’on ne peut pas voir au ras du sol. Mais, contrairement à son confrère qui a survolé la planète entière, Thierry Vezon a seulement deux terrains de jeu privilégiés : le sud de la France et le Grand Nord.

D’ailleurs, ce ne sont pas du tout ses images nordiques qui ont d’abord tapé dans l’œil de Stephan Lamielle, le gérant de la galerie l’Audacieuse, mais ses photos de Camargue. Plus exactement celles des salins immortalisés depuis le ciel.

C’est vrai que les images sont fascinantes. Elles sont souvent abstraites, dans des tons roses ou orangés avec des césures parfois très nettes entre les couleurs. On dirait une palette de peinture ou des clichés tirés d’un autre monde. À aucun moment, on imagine qu’elles ont été prises à moins de 500 km de chez nous !
Stephan Lamielle a été tellement conquis qu’il l’a programmé deux expos de suite de Thierry Vezon dans sa galerie. Une pour le Grand Nord et une autre, dans la foulée, sur la Camargue.

Ses images du Grand Nord sont essentiellement des paysages, avec parfois une trace humaine comme une maison ou un bateau, ou alors des animaux sauvages. La plupart des photos ont été prises en Norvège, en Islande et au Groenland.
Dans les plans larges, il y a par exemple ce chalutier qu’on voit pris dans les glaces au premier plan, avec des montagnes enneigées au fond et un ciel laiteux. S’il n’y avait pas le rouge de la coque du bateau, on pourrait croire à une photo en noir et blanc.
Je ne sais pas si c’est le fait qu’aucune image n’a été retouchée, mais il y a quelque chose de très puissant qui se dégagent de ces photos. Rien qu’en les regardant, on se sent directement plongé dans cet univers ouaté propre aux paysages enneigés. Tout est blanc, mais c’est jamais exactement le même blanc. Pas la même épaisseur, pas la même texture, pas le même ton. On a l’impression que le temps est distendu, on entend presque les sons étouffés par la neige.

Et puis on regarde l’image juste en dessous, et là, c’est la douche froide. Ou plutôt le grand frisson. C’est un gros plan de blocs de glace bleu gris qui surgissent de la mer. Le rendu est tellement réel que j’avais l’impression que si je touchais la photo, ma main allait rester collée.

Si Thierry Vezon est un écologiste convaincu, il n’y a pas de côté militant ou dénonciateur dans son travail. Son approche est plus douce. Il va plutôt chercher à nous montrer à quel point les paysages nordiques sont beaux et purs, à nous toucher émotionnellement, pour qu’on réalise nous-mêmes la nécessité de les protéger. C’est à nous de faire le lien entre les photos et les menaces qui pèsent sur ces milieux.

Ce qui est amusant avec cette expo, c’est qu’avant d’y aller, j’imaginais une immense galerie à la déco froide et épurée. Un peu à l’image des paysages du Grand Nord. Et en fait, c’est tout l’inverse ! L’audacieuse est un petit espace tout en longueur et avec beaucoup d’objets. Une sorte de Caverne d’Ali Baba.

Stéphan Lamielle partage l’arcade avec sa femme, Nathalie, qui est couturière. Ils ont réuni leurs deux univers dans ce lieu. Selon les expos, les deux mondes se font écho, ou alors créent des compositions insolites, c’est qui est un peu le cas ici.
Les glaces du Groenland font face à une blouse à imprimé cerise, une robe de soirée rouge et des boucles d’oreilles en forme d’hippocampe. L’avantage, c’est qu’en cas de coup de froid, il suffit de faire un quart de tour pour changer radicalement d’ambiance.
Les salins de Camargue se fonderont certainement mieux dans le décor ! À moins que L’Audacieuse se décide à proposer des écharpes et des bonnets en plein mois de mai !

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Chronique : Céline
Animation : Emma
Réalisation : Sébastien
Crédit image: Thierry Vezon
Première diffusion antenne : 27 mars 2024
Mise en ligne : Céline
Publié le 1er mai 2024

Une publication de Céline