La restauration genevoise de peintures françaises
Est-ce que vous vous êtes déjà senti comme une élève de 8e primaire parachutée d’un jour à l’autre en 4e du collège ? Eh bien, c’est ce qui m’est arrivé samedi en allant voir « De bleu, de blanc, de rouge », la dernière exposition du Musée d’Art et d’Histoire consacrée aux peintures française du 19e siècle.
Elle se veut la cerise sur le gâteau, la dernière étape d’une longue collaboration entre le musée et l’université. Durant trois ans, des chercheurs et des étudiants se sont penchés sur plus de 200 peintures françaises et en ont restauré une quarantaine. Bref, un travail titanesque que le musée est censé mettre en lumière!
La visite s’annonçait donc passionnante. En général, j’adore qu’on me raconte les coulisses des événements. Mais ce jour-là, la magie n’a pas pris. Je suis restée complètement hermétique à une grande partie des œuvres.
Moi qui aime bien être prise par la main, eh bien là, je me suis sentie complètement lâchée dans un monde étranger. A vouloir traiter trop d’aspects, l’exposition m’a perdue. Autant intellectuellement que physiquement !
L’exposition est éparpillée sur tout le deuxième étage du musée. Heureusement, la grande salle 415, la principale, est juste en haut de l’escalier. Là, les murs sont couverts de tableaux. Il y a des Cézanne, des Corot, des Boudin, des Pissarro ou encore des Monet classés par collection. Au centre de la pièce, on découvre toutes sortes d’outils et de mobiliers utilisés par les peintres du 19e.
Dans cette salle, le musée a de grandes ambitions : les visiteurs sont censés à la fois comprendre comment un corpus d’œuvres est constitué, saisir l’évolution du goût et des techniques artistiques et se représenter les différentes facettes du métier de peintre. Autant vous dire que chez moi, ça ne s’est pas passé comme ça.
Visuellement, j’ai trouvé très beau, mais avec mes maigres connaissances en histoire de l’art, je n’avais clairement pas les clés pour comprendre les vrais enjeux de chacune de ces thématiques.
Passé la salle 415, tout se complique. De là, débute une véritable course d’orientation. Le défi ? dénicher la vingtaine de tableaux disséminés parmi la collection permanente du musée. Et ce n’est pas comme si on était face à une enfilade de pièces, ce serait évidemment trop facile ! Non, là, il y a des culs-de-sac et des chambrettes cachées accessibles uniquement depuis certaines salles.
Donc, après avoir erré comment une âme en peine sur tout l’étage, je suis revenue au point de départ prendre en photo le plan indiquant les œuvres à voir. Je vous conseille de faire de même, sinon, sincèrement, c’est l’abandon assuré. Ce qui serait dommage, car, pour moi, la partie la plus intéressante de l’expo se trouve clairement dans les trois petits cabinets.
Ces espaces détaillent concrètement les différentes étapes du travail de conservation et de restauration d’une œuvre. Et ça marche ! J’ai eu l’impression de pouvoir me glisser un instant dans la peau d’un de ces chercheurs.
J’ai enfin compris comment en observant le dos d’un tableau on retrace le parcours d’une œuvre, comment et pourquoi on choisit parfois de retirer des couches de vernis ou encore comment on peut se tromper sur l’authenticité d’une peinture. Au final, c’est presque une expérience sensorielle !
Pour moi, le cœur de l’expo, sa vraie plus-value, c’est ça : expliquer le travail de l’ombre des musées, raconter toutes les recherches qui sont effectuées avant de montrer un tableau. J’avoue que j’ai de la peine à comprendre pourquoi cette matière n’a pas été plus exploitée.
Tout porte à croire que cette étape de vulgarisation pour le grand public ne faisait pas partie des priorités de l’équipe… C’est dommage, car la transmission des savoirs passe clairement aussi par là.
À défaut et en guise de boussole, je vous recommande fortement une visite commentée. Mais surtout, ne partez pas sans téléphone ou une amie sympathique dotée d’un bon sens de l’orientation !
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Chronique : Céline
Animation : Emma
Réalisation : Sébastien
Crédit image: Céline
Première diffusion antenne : 20 mars 2024
Mise en ligne : Céline
Publié le 21 mai 2024
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