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Nous sommes pleins de ressources, nous les missionnaires de la culture, les illuminés de la fête, même si pour l’instant, la fête, elle est dans nos têtes. Des têtes pleines de musiques, qui ne cessent de nous parvenir, car de nouvelles chansons sont mises en ligne chaque jour, et des albums sortent. Enfin, ils sortent numériquement du moins, car on a souvent du mal à les trouver en vinyle, chez des disquaires mal approvisionnés ou à cause d’envois postaux retardés. C’est pourquoi, malgré toute les difficultés que j’ai à l’obtenir en format physique, je viens te parler d’un de mes albums préférés de cette putain d’année 2020 : « Crack a light » par DOPE BODY.

A peine sorti de chez le coiffeur albanais de la plaine de Plainpalais que cette chanson me décoiffe déjà. Bon Dieu que ça arrache ! De bleu que ça sonne bien ! C’est le son grunge punk hardcore de Dope Body, un groupe furieux venant de Baltimore, USA, dans la droite lignée de Sonic Youth, Jesus Lizard et le Nirvana de « In utero ». A certains moments, ils flirtent même avec Rage against the machine et Prodigy.
Nostalgique du rock alternatif des années 90 ? Non, enfin, oui, presque, comment éviter d’être nostalgique en ce moment ? C’est pas facile, j’en arrive presque au point godwin du « c’était mieux avant » que j’ai essayé d’éviter toute ma vie, mais heureusement, Dope Body est un groupe de maintenant. Leur colère est la mienne, authentique et contagieuse, et en les écoutant, je me projette dans un concert fictif à l’Usine, au plus près de leurs amplis, de leur odeur et de leur feu, pour ressentir profondément ce mal qui me fait du bien, cette angoisse soignée aux décibels, cette énergie primale tellement
humaine, cette rage angoissante mais bienfaitrice.

Après cinq ans d’absence, Dope Body ont décidé de rebrancher leurs guitares électriques dans leurs gros amplis en nous offrant un nouvel album de rock accrocheur et très bien produit. Leur son est dérangeant, malsain, et dansant. Ce n’est pas incompatible, loin de là, souvenez-vous de Marilyn Manson. Mais chez Dope Body, le groove est plus organique, il y a du souffle et du souffre, et la voix du chanteur Andrew Laumann s’époumone constamment pour parvenir à surpasser le son d’un groupe tumultueux. Dès l’intro, dans « Curve », on l’entend crier à répétition : « I think I feel alright ». Il pense qu’il va bien, mais va t-il bien ?
Nous, on ne va pas bien mais on est sains d’esprit, est-ce qu’on est du genre à se foutre torse nu dans le salon en secouant des cheveux sur une musique ultra agressive poussée à fond dans des enceintes de chaine hi-fi qui n’en demandaient pas tant ? Oui ? Oui, Oh oui !! Moi aussi, I think I feel alright, et je vais très bien, jusqu’à ce que j’entende tambouriner les voisins, avec une certaine jubilation, je l’avoue, parce que j’ai faim, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes jeunes et nous voulons du rock !

« Crack a light » de Dope Body est une guérilla sonore, qui parle à la branche contestataire de notre organisme. Il remplit ce rôle de catharsis, d’exutoire, de libération des pulsions indispensable à notre équilibre mental. Certains ont besoin de danser la samba, d’autres de chanter en chœur avec des supporters dans un stade. Personnellement, j’ai besoin d’être violenté musicalement, j’ai besoin qu’on m’assomme, qu’on m’asperge de sueur, que mes
coudes saignent après un choc que je n’aurais pas senti. J’écoute l’album d’un groupe que je veux voir en concert, dans ces conditions, et surtout pour cette chanson « Known Unknown », au son presque électronique, sorte de « Smack my bitch up » 2020, en apogée d’un album gonflé à bloc.

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Chronique : Zebra
Réalisation : Alexis & Nacho
Crédit photo : DR
Date de diffusion : 11 janvier 2021
Mise en ligne : Alexia
Publié le 13 janvier 2021 à 17h

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