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La face cachée de la culture

Lola | 27 novembre 2020

Secrétaire générale du Syndicat Suisse Romand du Spectacle, Anne Papilloud s’exprime sur la situation toujours précaire à l’extrême du monde du spectacle.

Le secteur culturel est intensément impacté par la crise sanitaire, mais celle-ci fait également ressortir les problèmes inhérents au système actuel de rémunération des professionnels du spectacle. Tout d’abord, une méconnaissance, du public comme des politiques, de l’envers du décor. Si certaines professions viennent aisément à l’esprit, la plupart des métiers de la culture sont inconnus de l’extérieur du milieu, et donc peu considérés en général et peu aidés actuellement. Si le soutien politique est tout de même présent en ces temps difficiles, le monde de la culture a du mal à montrer à celui de la politique ses conditions de travail et de vie.

« Les solutions prises dans l’urgence ne peuvent être qu’à court terme. »

Une prise de température a eu lieu le 16 novembre dernier, lors d’une rencontre entre Alain Berset et une vingtaine de représentants culturels. Cependant, seules les associations présentes sur tout le territoire suisse étaient conviées, le SSRS n’a donc malheureusement pas été convié.

Dans sa « Lettre à un ministre imaginaire », Anne Papilloud d’adresse à un ministre de la culture inexistant. Actuellement, celui-ci cumule santé et culture et a donc fort à faire avec la première, délaissant malgré lui la seconde. Il faudrait une voix forte entièrement dédiée à la culture, ça manque en Suisse, dit-elle.

Anne Papilloud, comme plusieurs de ses collègues, milite pour une réactivation des RHT. En s’adressant au Parlement, une modification de la loi Covid est demandée pour réintroduire le chômage partiel pour tous les contrats à durée déterminée. ainsi que pour les apprentis. Et ce n’est pas le seul objet de la lutte pour la survie du milieu culturel. Si des aides ont été prévues lors du premier confinement, certaines parties ne sont pas encore arrivées pour tous les travailleurs du spectacle. Certains ignorent même encore quel sera le montant des compensations pour les pertes subies.

Si la crise met en lumière les failles du modèle actuel d’aide à la culture, Anne Papilloud conseille cependant de ne pas prendre de décisions dans l’urgence. Afin de construire un système solide, la discussion doit être engagée, posée et réfléchie. Les professionnels doivent être plus écoutés, afin de résoudre les problèmes qui restent inconnus des étrangers au milieu culturel. Améliorer les conditions de production serait un bon début, en monnayant par exemple le travail de recherche et non pas uniquement la production elle-même. Repenser un modèle qui tend au court terme, à la rapidité, où les spectacles doivent être préparés de plus en plus vite pour être joués de moins en moins longtemps, serait aussi une bonne piste, et éviterait aux professionnels comme au public d’être lésés. Un intermittent du spectacle devrait pouvoir vivre de son activité, sans cumuler les emplois alimentaires. Socialement comme économiquement, cela ferait plus sens, former quelqu’un au monde du spectacle pour ensuite le voir exercer dans un tout autre domaine par nécessité, cela mène à un monde sans culture et donc à une société bien appauvrie.

Le monde du spectacle n’est pas encore sorti de la crise, celle-ci risque de durer plusieurs années. Il ne faut donc pas laisser tomber la culture, celle-ci a besoin de soutien sur le long terme.

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Invitée : Anne Papilloud
Interview : Lola
Production : Sidonie
Réalisation : Pablo
Crédits photos : Alex Avalos
Date de diffusion : 24 novembre 2020
Mise en ligne : Kelly
Publié le 27 novembre 2020

Une publication de Lola


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