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CinemaÉcransLa Quotidienne

La chambre d’à côté, un film sans vie autour de la mort

Johan | 10 janvier 2025

La chronique porte sur le nouveau film du réalisateur espagnol Pedro Almodovar : la chambre d’à cote. Avec attention deux des plus grandes actrices actuelles : Tilda Swinton et Julianne Moore. J’imagine que vous connaissez ce cinéaste célébré et primé depuis de nombreuses années pour ses films explorant les passions humaines de façon baroque, colorée et dramatique. Après pour ceux qui n’ont jamais vu un de ses films, il faut préciser en introduction que les œuvres d’Almodovar sont souvent bigger than Life , j’entends par la très romancé, avec des personnages excentriques, des situations limite too much . On adore ou on peut rester à la porte de ce cinéma passionné et exubérant. De mon côté, j’avoue avoir rarement été ému / touché mais nouvelle année aidant, j’y allais avec de bonnes dispositions espérant aimer le premier film en anglais de ce grand réalisateur. Mais autant jouer franc jeu tout de suite … ce ne fut pas le cas . Pour plusieurs raisons dont la principale repose que le fait que ça ne m’a pas du tout ému. Le sujet est pourtant porteur. C’est l’histoire de Martha – jouée par Tilda Swindon – ancienne reporter de guerre qui se sait condamnée par la faute d’un cancer incurable. Ne souhaitant pas subir une déchéance totale, elle décide de mettre fin à ses jours, mais veut le faire accompagner d’une de ses meilleures amies Ingrid – Julianne Moore donc. Alors quand je dis qu’elle souhaite qu’Ingrid l’accompagne, ce n’est pas dans la mort mais dans le lieu qu’elle a loué pendant un mois pour prendre sa pilule finale. Pas hyper gai à la base mais pourquoi pas, cela peut être intéressant d’explorer ces derniers moments suspendus avant l’inéluctable. Ce sont des questions que nous nous posons tous à un moment ou à un autre, on fait le bilan de ses relations, de ce qu’on a réussi, loupé. Bref cela pourrait être intéressant si ce n’était malheureusement très superficiel … en effet le film est construit en deux parties principales : la première présente les retrouvailles entre ces deux femmes et explore le passé de Martha. La seconde partie porte plus sur les préparatifs et les quelques jours semaines passés dans cette maison louée avant le grand saut.
Jusqu’ici tout va bien sauf que Almodovar aime le beau – jusqu’à son paroxysme : chaque plan pourrait être analysé par Vogue ou Elle autour des tenues des interprètes et du design et du mobilier montré. En gros j’ai eu l’impression pendant 1h40 d’être dans un catalogue la ligne Roset ou Roche Bobois avec deux mannequins senior fulll styled by paul smith , isabel marrant et autres créateurs . On connaît l’appétence d’Almodovar pour la mode – ou comme tu dirais Emma – la Fashion – mais là perso après je film j’étais pas du tout en empathie avec les protagonistes, j’avais surtout envie d’acheter ce canapé ou ces transats magnifiques vus dans le film ! Et je crois pas que c’était le but. 2nd problème sur le côté superficiel, le scénario. Ce sont deux supers copines qui se sont perdues de vue et donc Martha va raconter ses souvenirs. Mais le film ne raconte pas ceux de la période où elles n’étaient plus en contact mais ceux avant qu’elles se connaissent, donc qu’elles auraient dû se raconter lorsqu’elles étaient super amies non ? Tu me diras c’est un détail si on y croit et je suis d’accord avec toi. Sauf que là les péripéties racontées – qui veulent embrasser l’histoire américaine : guerre du Vietnam, guerre en Irak, montée de l’extrême droite, etc sont anecdotiques voire ridicules. Je suis obligé de citer comme exemple ce passage du film que je trouve navrant. Donc Martha reporter de guerre (journaliste mode aurait mieux collé mais bon je ne reviens pas là-dessus) est en Irak avec son photographe (attention ce sera le seul souvenir que l’on aura de toutes ces années). On les suit au moment ils doivent partir d’urgence de Bagdad car ça devient plus que dangereux même pour des reporters de guerre. Cependant Le photographe veut alors absolument lui montrer quelque chose d’indispensable avant de partir. Alors on pense à quoi ? la demeure de saddam Hussein saccagée ? La preuve de bombes bactériologiques ?
Alors c’est à peu près du même niveau, ils vont faire un petit bisou à l’ancien amant du photographe – un moine carmélite qui ne veut pas partir … ; ce qui permet une belle discussion dans l’avion sur tous les endroits en guerre où le photographe et le moine se sont retrouvés pour faire l’amour – ah cette petite plage en Somalie… J’exagère à peine mais je trouve que ça représente bien le cinéma d’Almodovar , certains vont aimer ce côté passionnel / romantique hors sol , d’autres vont trouver cela hors de propos et ridicule … Dernier point et je n’insisterai pas plus. Le côté très théâtral du film. Les actrices sont évidemment très bien mais il faut voir que le film consiste grosso modo à un long dialogue. La mise en scène arrive à ne pas rendre cela oppressant mais on peut ressentir parfois avec ces décors surfaits et le jeu des actrices ce côté un peu déclamatoire du théâtre. Ok le film a eu le lion d’or à la Mostra de Venise. Et oui la mise en scène est fluide, les actrices jouent bien, ce n’est pas un mauvais film, loin de là. Pour les amoureux du cinéma d’Almodovar, c’est probablement un bon cru, avec un côté plus sobre et stylé que sur ses productions espagnoles. Toutefois, de mon point de vue, l’émotion est absente et c’est clairement le gros raté du film. C’est esthétiquement très propre mais à en devenir presque superficiel, la forme l’emportant sur le fond.
La chambre d’à côté est censé parler de la mort mais c’est finalement ce film qui est sans vie…


Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Luis, Marlon, Christian
Première diffusion antenne : 06 janvier 2025
Crédits photo : El Deseo ; Iglesias Mas
Publié le 09 janvier 2025

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