La Basket de Cendrillon: un conte à la Parfumerie
La compagnie 100% Acrylique joue jusqu’au 22 décembre un conte bien connu de tout le monde à la Parfumerie. Dans les personnages, il y a une jeune fille assez belle, une belle-mère tyrannique, un père qui s’en fout pas mal de la situation de sa fille, deux demi-sœurs qui sont – pardonnez-moi l’expression – particulièrement vénères et jalouses de la nouvelle, du coup elles la harcèlent, un bal organisé par le beau mec du quartier qui, par chance, s’avère être un prince et une pantoufle nonchalamment oubliée sur le parvis d’un château. C’est bon, tu l’as ?
C’est Cendrillon !
Enfin la pièce s’appelle « La Basket de Cendrillon ». Et on y découvre plutôt l’histoire de Sandrine, surnommée Cendrillon par sa belle-mère et par ses demi-sœurs. Parce que oui, ce spectacle c’est une réécriture du conte mis à la sauce contemporaine.
Pour le texte de 2024, signée Evelyne Castellino – qui assure aussi la mise en scène –, on mélange plusieurs disciplines : le théâtre, la danse, la musique live et les images vidéo. Le tout dans un style assez « rock n’roll ». On oublie donc la marâtre terrifiante du Disney avec son chat. Ici, la belle-mère est une tenancière de bar qui a pas mal de classe, mais qui est toujours autant méprisante et qui continue à maltraiter Cendrillon. On abandonne les deux sœurs Anastasie et Javotte, pour deux ados aux robes à pois style rétro/rock qui sont complètement accros à leurs apparences, au shopping et surtout aux réseaux sociaux. Et enfin, on n’ira pas dans le grand château où le prince donne son bal. Non, les sœurs voudront plutôt aller à un concert de rock donné dans un terrain vague. Et justement ça tombe bien parce que le leader du groupe s’appelle Lucien Le Prince.
Et pour les amateurices de la marraine la bonne fée…
Elle est bien dans la pièce et c’est d’ailleurs l’un des passages très drôles du spectacle, où la technologie vient se mêler à la réalité, mais je n’en dirai pas plus.
Du reste, dans cette nouvelle mouture, la thématique de la technologie et des réseaux sociaux est légèrement abordée. Et c’est vrai que la base de ce conte, c’est quand même la violence du regard des sœurs sur Cendrillon et surtout l’importance des apparences : les deux, elles ont les beaux habits, alors que la pauvre Cendrillon porte des loques et est reléguée au grenier. Alors le parallèle avec la technologie prend une ampleur particulièrement intéressante et ouvre sur plusieurs discussions. Dans la pièce, cette dualité entre réseaux or not réseaux est symbolisé par la rivalité de deux mondes : d’un côté la famille du bar donc les belles-sœurs qui sont sur insta et tiktok et qui se comportent comme des influenceuses, et, face à elles, le monde des jeunes musiciens, celles et ceux qui veulent un monde sans réseaux, un monde authentique. En plus c’est assez surprenant, car ici, les jeunes sont à l’initiative d’un abandon du téléphone, peut-être une volonté de suggérer une nouvelle morale.
Du coup Cendrillon en 2024 ça passe plutôt bien !
La pièce reprend les thématiques d’origine : l’apparence, la quête d’identité et le harcèlement, qui, cette fois, n’est plus uniquement à la maison, mais qui est devenu complètement public. Et du coup beaucoup de jeunes pourront se reconnaître dans les différents personnages. En plus, la pauvre Cendrillon – plutôt Sandrine – incorpore l’enfant qui est totalement laissé de côté, qui subit contre son gré, les malheurs d’une famille recomposée.
Bon, on va pas se mentir, Sandrine… elle va pas fort. Du coup, la fée, en bonne coach de vie, montre à Cendrillon que le succès ne réside pas sur des gains matériels, sur les apparences ni même sur les réseaux sociaux, mais bien plus sur l’idée que la véritable transformation se fait de l’intérieur. Cendrillon, à l’inverse de ses sœurs, elle, elle reste parfaitement authentique.
Et à la Parfumerie, la thérapie, ça se passe bien !
Bon c’est clair que c’est pas de tout repos, surtout avec cette mise en scène… ça bouge ! La bonne fée, jouée par Evelyne Castellino, aussi metteure en scène, met le paquet. Ça court, ça danse, il y a des cascades, de la musique en live et même le décor – qui est assez cool – tourne à toute allure. Faut dire qu’ils sont nombreux sur scène et ça donne un mélange d’énergie qui rend la pièce vivante, notamment grâce à la présence de jeunes comédiennes et de jeunes comédiens. Avec toutes ces folies, c’est pas étonnant que Cendrillon en perde sa pantoufle de verre… non pardon, sa basket.
Pour ses 40 ans, la compagnie 100%Acrylique reprend jusqu’au 22 décembre ce spectacle énergique, qui parlera aussi bien aux enfants et aux ados. Et le mélange de disciplines, l’énergie des interprètes et les effets vidéo permettent, pour cette période des fêtes, que la magie des contes opère encore.
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Chronique : Michaël
Animation : Emma
Réalisation : Laure et Sébastien
Crédits images : Pierre-André Fragnière
Première diffusion antenne : 4 décembre 2024
Publié le 9 décembre 2024
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