Giulia Dabalà – Cruda: Une colère sourde enfin libérée

Cruda peut être traduit par ‘’brut’’, et je pense que le nom de cet album ne pouvait pas être plus approprié. Les 8 nouveaux titres de Giulia Dabalà ont tous ce caractère cru mais sincère, autant dans leurs paroles que dans leur composition. D’après l’artiste, ‘’Cruda’’ est une réappropriation et une légitimation de la rage féminine, une rage qui a envie de s’affirmer depuis un bon moment. De manière générale, tous les morceaux de l’album partagent cette colère sourde. Il y a quelque chose qui gronde, et ça finit soit par péter, soit par se résoudre, comme dans ‘’Shut Up and Listen’’.

Résumer le style de Giulia Dabalà en quelques mots, c’est aussi difficile que trouver une affiche du MCG qui soit pas affreuse. C’est justement ça qui fait la force de ‘’Cruda’’: Les morceaux ont tous une ambiance commune, mais celle-ci est portée par un immense éventail de styles. L’artiste assume complètement ce mélange, à tel point qu’elle a travaillé avec 2 producteurs aux univers totalement opposés. Hook, qui est bien versé dans le rap, et Ripperton, qui lui est plutôt dans la musique électronique. Les deux producteurs ont collaboré sur chaque morceau pour donner des compositions hybrides sur lesquelles se pose la voix de Giulia Dabalà. C’est un pari risqué, mais qui fait largement ses preuves.

Et en parlant de voix, Giulia Dabalà ne fait pas que chanter avec.

Le chant principal est bien sûr bluffant, Giulia peut aussi bien sortir des mélodies douces et discrètes que des longues notes qui viennent du coeur. Mais j’ai aussi trouvé hyper intéressant et très original la manière dont elle utilise sa voix en tant qu’accompagnement. Dans des passages où on s’attendrait plutôt à entendre un clavier ou un son samplé, la voix vient appuyer la composition, et devient bien plus qu’une simple ponctuation dans l’arrangement. Couplé avec les harmonies vocales, on a vraiment la voix mise au premier plan. Il y a régulièrement ce jeu de question-réponse, où les backings résonnent comme un écho de la voix principale. Au final, grâce à un chant très riche et à un mixage efficace, on a l’impression d’avoir une multitude de Giulia Dabalà dans les oreilles.

Ainsi, l’espace est très bien rempli, et les dynamiques bougent dans tous les sens malgré un nombre limité d’éléments musicaux. C’est toujours compliqué de caser une montée en puissance sans passer par la solution de facilité, qui consiste à augmenter le volume de tout. Grâce à sa voix et au talent de ses deux producteurs, Giulia Dabalà arrive à nous submerger par sa musique, et on ne peut que se jeter à corps perdu dans les morceaux, avec comme seule guide la voix. Et c’est là qu’on arrive à une autre force de l’album: l’ambiance. Chaque titre a un petit côté lugubre ou mystérieux, voire oppressant quelquefois. Heureusement, il y a une résolution à tout ça, le plus souvent avec un switch sur des accords majeurs. Mais si on peut appliquer cette recette à la plupart des morceaux de ‘’Cruda’’, aucun titre ne se ressemble. ‘’I Will Find You’’ a une petite vibe de gospel en mineur, ‘’There For You’’ va plutôt chercher dans le RnB et la soul tout en faisant penser à l’artiste philippino-américaine Zeauxi. On a aussi un morceau totalement acoustique en guitare-voix avec ‘’Superman’’, et des sons plus catchy et dansants avec ‘’Chew Toy’’.
En bref, on a pas le temps de s’ennuyer avec ‘’Cruda’’. La composition est variée sans être surchargée, les arrangements sont toujours pertinents, les paroles tapent dans les feels, et l’énergie est toujours fidèle à ce que Giulia Dabalà veut transmettre. Même les visuels sont vraiment cools, honnêtement c’est un sans faute pour moi, je suis fan. ‘’Cruda’ s’écoute autant d’une traite que de manière plus parsemée. Chaque morceau est une aventure, et l’album est une saga.

Et quoi de mieux pour conclure une aventure que de récolter ce qu’on sème? On s’écoute tout de suite ‘’Reap What You Sow’’.
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Marlon, Alexis
Première diffusion antenne : 10 mars 2025
Crédits photo vignette: Droits réservés
Crédits photo fond: Nadia Tarra
Publié le 13 mars 2025

Une publication de Lionel