Focale s’expose en 36 poses: un boost de nostalgie!
Cette semaine l’association vaudoise Focale expose à Andata Ritorno à Genève. Alors, c’est quoi cette nouvelle tendance rétro qui va nous faire ranger nos smartphones ?
Plus besoin de passer des heures à chercher le filtre « sepia » pour rendre tes storys insta plus authentique et plus cool, c’est le grand retour de la photographie argentique. Alors, ressors tes appareils Pentax et va prendre en photo tout ce qui t’entoure. C’est justement ce qu’ont fait 19 photographes, toutes et tous membres de l’association vaudoise Focale. Iels exposent en ce moment le résultat de leurs travaux à Genève.
Cette expo n’est pas comme les autres…
Pour cet accrochage de photos dont le nom est « Focale s’expose en 36 poses », l’association a proposé à ses membres un défi : une seule pellicule par personne, pas une de plus, un périmètre d’1 km autour de leur domicile et trois mois pour produire leurs clichés. À eux de développer le reste. Aucune retouche possible, pas de Photoshop, les artistes ont dû focaliser leur créativité et leur sensibilité pour capturer leur environnement. Le résultat, c’est une mosaïque de styles : qui va du ludique, au documentaire et du paysage au portrait.
Du coup, nous on se balade dans la galerie et sur les murs, il y a les tirages des 36 photos de chacune des pellicules. Ça fait le même effet que si on déroulait un film image par image ce qui donne une narration visuelle assez fascinante. C’est une mise à nu complète pour les artistes, puisque normalement on ne montre pas le travail préliminaire et donc on évite d’exposer les ratés, les mauvais cadrages… ici pas de filtre ! Du plafond, tombent aussi des tirages, mais attention, pas des photos au hasard : une seule image de chaque pellicule a été sélectionnée et agrandie. Là où ça devient croustillant, c’est que ce choix n’a pas été fait par les photographes eux-mêmes, mais par Focale. Imagine seulement la surprise des artistes découvrant laquelle de leurs photos avait été mise en lumière le soir du vernissage. Certainement un clin d’œil au suspens de l’époque où on faisait développer les pellicules sans savoir ce qu’on allait véritablement obtenir !
Un bon coup de pression !
Les artistes ont dû choisir dès le départ une pellicule, soit couleur soit noire/blanc, ensuite iels ont dû respecter une cohérence dans le format et la narration, tout en documentant leur quotidien. Donc il n’y a pas la place pour de grosses mises en scène, pas le temps de perfectionner les lumières. On a donc des exemples assez éclectiques, Weber a capturé des ruelles crétoises baignées de lumière d’un bleu profond et envoûtant. Ayral et Lopreno, eux, sont allés à fond dans les gros plans intrigants ce qui donne des images proches de l’abstraction. Il y a aussi Ramser, qui joue sur les perspectives et sur les points de vue. Avec ces images, il fait un rappel à la première photo de Louis Daguerre, avec cette grande rue en plongée et des silhouettes qui s’effacent au loin. Et enfin, Meylan qui s’inspire de la publicité vintage ou encore Virginie Rebetez qui s’intéresse, elle, au portrait documentaire. Bref, ça shoote dans tous les sens, mais toujours avec un style bien précis.
Cette expo, c’est pas juste un exercice de style pour les artistes, c’est aussi une piqûre de nostalgie.
L’argentique, tout comme le polaroïd avant lui, revient en force, et reprend tout ce qu’on aime : l’esthétique du vintage, du grain spécial de ce type d’images, de la luminosité imparfaite dû au flash et surtout un rappel à la belle vie des années 80/90 ! C’est bon tout le monde la ressent, cette bonne nostalgie ?
Bon c’est pas anodin, c’est un phénomène de mode très actuel, qui nous fait revenir à ce qui nous rassure, à un monde où on vivait bien et où tout allait – semble-t-il – beaucoup mieux. Un monde de Friends et des tout premiers jeux Mario. Et il y a même un nom qui existe pour en parler : c’est la newstalgia – une contraction de new et de nostalgie, comprenez « reprendre les éléments du passé et les remettre dans notre époque ».
Franchement, dans ce monde où « on vivait mieux avant », j’attends avec impatience le grand retour des scoubidous à nos porte-clés et des tamagotchis.
Focale s’expose en 36 poses, et c’est à la galerie Andata Ritorno à Genève jusqu’à dimanche. L’expo est une rupture avec la photographie numérique moderne et c’est un retour vers l’authenticité. Ça nous ferait presque oublier un bref instant la perfection d’un monde visible que sur Instagram.
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Chronique : Michaël
Animation : Emma
Réalisation : Laure et Sébastien
Crédit image vignette : Olivier Lovey
Crédit image fond : Kleio Obergfell
Première diffusion antenne : 11 décembre 2024
Publié le 13 décembre 2024
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