Elka Mare: La pop napolitaine de Viscardi e il Duo Magnetico

En ces mois gelés de janvier, où j’ai l’impression qu’il fait genre moins cinq dehors, j’ai envie de saveurs estivales, de profiter comme il se doit ma playlist d’été, de ses accents de soleil, et d’un bon thé froid sous une chaleur caniculaire. Comme quoi, ce dont je parle dans cette chronique m’a tout l’air d’avoir été un cadeau du ciel, de quoi tenir jusqu’à juin prochain.

Aujourd’hui, je te parle de la pop italienne d’ »Elka Mare », du groupe Viscardi e il Duo Magnetico. Composé du DJ, producteur et chanteur Pascal Viscardi, de Yavor Lilov et d’Alain Sandri (tous deux du groupe de jazz-fusion genevois, L’Éclair) ce trio magnétique nous offre un son à mi-chemin entre une pop rétro et un funk atmosphérique.

Je n’exagère pas, ça faisait longtemps que je ne me suis pas autant éclaté en écoutant un groupe du coin ! J’ai passé un super moment !

La première chose qui saute aux oreilles est que les paroles sont en italien. Lors de ma chronique précédente, j’avais émis l’idée que si un artiste émergeant choisit de chanter dans une autre langue que celle qu’il parle tous les jours, c’est soit par choix artistique, soit pour cacher ses limites en tant que parolier.

Viscardi est définitivement dans le premier cas, c’est voulu et travaillé. Pour la petite histoire c’est son père napolitain qui lui a transmis sa culture. En formant ce projet, Pascal a eu envie de travailler là-dessus et il a trouvé que ça fonctionnait parfaitement au niveau de sa musicalité. Et aussi, je trouve que c’est un choix plutôt audacieux pour un environnement musical francophone comme le nôtre.

Mais ce n’est pas uniquement pour ça que c’est bien. En fait, ce qui fait le sel de tout ça, c’est que ça groove de fou ! « Mamma mia », ces arrangements ! « Che belleza ! » Il n’y a pas eu une seule fois où la basse, la batterie et la guitare n’ont pas fait bougé mon boule !

On a d’un côté des morceaux dansants, voire frénétiques, qui sont mes instants préférés de l’album. Des chansons inspirés de la pop ou de la house comme « Macchina Furiosa », « Guaglió ! » ou encore le très disco « Sale sole », qui fleure bon l’été et qui te fait attendre le prochain avec impatience.

De l’autre, on a des sons plus calmes qui, malgré un tempo moins élevé, conservent un groove non-moins dansant. Des titres comme « Capire l’Indomani », « Giardini Scuri », ou encore le très new-age « Elka Mare », qui est un vrai havre de tranquillité et de repos sur la piste d’argent qu’est cet album.

Par ailleurs, la chaleur des guitares, des basses, des percus et de la batterie se marient parfaitement à la froideur d’un invité peu commun dans les arrangements le synthé Elka OMB5 – qui donne son nom à l’album.

Il s’agit d’une machine italienne des années 80 assez cheap, du genre, selon les dires du chanteur, à avoir été utilisée par les artistes de piano-bar peu fortunés. Le projet est ici de faire de la pop avec un instrument sous-coté comme celui-là, en tirant parti de ses sonorités synthétiques et froides. Celles-ci, mêlées aux couleurs chaudes et solaires des autres instruments, font un contraste qui fait sortir les qualités de l’une et de l’autre.

Le résultat final est une pop à la fois rétro tout en restant dans l’ère du temps. En témoigne la dernière piste de l’album, « Jamba Club », qui avec une pointe de nostalgie t’évoque les nuits dans le nightclub ou tu rencontres et danses avec ton crush.

Si je devais résumer cet album, je dirais que c’est de la pop italienne dansante, parfois rétrofuturiste, aux influences éclectiques. C’est aussi un album qui m’amène aussi beaucoup de saveurs estivales. Une œuvre que je garderai bien au chaud en attendant que passent ces mois gelés, pour pouvoir profiter comme il se doit d’Elka Mare, de ses accents de soleil, et d’un bon thé froid sous une chaleur caniculaire.

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Chronique : Julián
Animation : Emma
Réalisation sonore : Leo et Gianpier
Première diffusion antenne : 23 janvier 2024
Crédit photos : Savarit
Publié le 30 janvier 2024

Une publication de Julian