Dirty Colors, un EP lumineux signé Delia Meshlir

– Romain, pour notre premier échange radiophonique il paraîtrait que tu as trouvé une perle lausannoise dénommée Delia Meshlir. Raconte-nous. Quels sont les baux ? Pourquoi est-ce beau ?

– Avant je te souhaite la bienvenue dans tes quartiers, enfin presque puisque la radio a déménagé il y a peu. On est ben contents de te retrouver ici et je lance un big up à Sidonie, force à elle pour la suite. Sans transition  parlons peu, parlons son. Une superbe découverte du côté vaudois. Je vais te présenter l’EP «Dirty Colors» de Delia Meshlir, sorti le 15 février chez Irascible music. Du folk rock d’une classe étonnante, un vrai coup de cœur pour tout te dire. Trois thèmes entourent cette œuvre : l’amour, dans sa définition très large, le deuil et la construction du couple. Ce dernier élément est d’ailleurs plutôt porté sur la destructuration du schéma classique : un mec, une fille, des forces complémentaires… Une vieille théorie platonicienne où l’on naîtrait amputé de sa moitié. La chanteuse n’en a cure et propose une chanson en pied de nez à ce concept. La batterie tape doucement, l’énergie se développe avec un panache nuancé de guitares poético psychédéliques…

On a pas entendu le saxo final de the «Better half» mais je te recommande vivement d’y revenir. Puis on ne croise pas souvent ce type de voix par ici. Les journalistes la compare aisément à PJ Harvey ou Car Power. Je trouve un côté hypnotique et férocement juste au travers des productions de Delia Meshlir. Les éléments instrumentaux vont et viennent comme si on avait affaire à une journée mouvementée. Ça m’évoque un clip de danse contemporaine. Les gens se rentrent dedans et le temps change brusquement mais tout se répond dans un improbable esthétisme. C’est vivant, savamment orchestré mais sans qu’on le sente nécessairement. Comme dans le cinéma lorsqu’on oublie le jeu des acteurs/trices. L’empathie se révèle alors maximale. On sent le vécu, la lutte menée par l’artiste et aussi la résilience. Un combat nommé «la vie» ou «la mort» selon le moment. En résulte un cocktail de positivité mêlée de mélancolie et de rage. Selon mes recherches c’était l’effet escompté.

– De la rage dis-tu ? Dans quel genre ?

– Dans le genre comme ça !

La rage de vivre j’ai l’impression, la rage d’embellir si ça existe. C’est ce que m’évoque «Dirty Colors» et ses guitares volontairement fausses.

– C’est tout le long comme ça ?!

– Noooon mais cette partie me fait kiffer justement pour le côté dissonant et percussif. Un art de la fausse note difficile à expliquer. Ça résonne contre-intuitif mais lorsqu’on inclut des tonalités peu communes avec des éléments conventionnels le résultat peut vraiment détoner. Ça décuple les possibilités et rend l’œuvre potentiellement plus brute ou intéressante. Une sorte d’impulsion créatrice pour un effet de spontanéité. Faut oser et surtout doser ! Ce qui n’est pas une mince affaire. On peut souvent l’entendre dans le punk et le jazz. Ça me mène à la piste «Out of desire» qui verse dans ce dernier style. Une marche extatique à la Badbadnotgood. On va pouvoir écouter le sax’ cette fois et de folles reverb sur la voix. Elle se mue en nappe et se mélange avec un synthé incroyable en tapis de violons. Un tapis volant de violons je dirais même.

– Et les concerts alors ?! On n’en peut plus d’écouter la musique sur notre canapé !

– Ha oui j’allais oublier cette façon originale d’écouter nos artistes. D’ici octobre Delia Meshlir se produira 8 fois entre la suisse romande et le côté alémanique. Sans régionalisme aucun je vais juste citer les dates les plus imminentes : le 12 mars à Laus’, le 19 à la Tchau et le 24 à Nyon.

– On trouve le reste sur les internets je suppose…

– Tout à fait chère Lola

– On écoute donc «Out of desire» pour nous donner une idée de tout ça.

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Chronique : Romain
Réalisation : Cyril
Crédits photo podcast : © Delia Meshlir
Crédits photo background : © Stéphane Ryter
Date de diffusion : 9 mars 2022
Publié le 16 mars 2022

Une publication de Radio Vostok