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ÉcransLa Quotidienne

« Die Theorie von allem », thriller métaphysique déroutant

Radio Vostok | 22 février 2024

Des montagnes enneigées baignés de lumières apocalyptiques, un vieil hôtel alpin aux personnages complexes et énigmatiques, des nuages bizarres, des morts qui réapparaissent ou encore une pianiste qui sait tout avant même qu’on le lui ait dit… Bienvenue dans « Die Theorie von allem », le thriller métaphysique de Timm Kröger, une coproduction suisse, autrichienne et allemande sortie le 21 février en salle.

Dans son dernier long métrage, le jeune réalisateur allemand explore le sujet très actuel du multivers. Le fait que plusieurs réalités peuvent coexister en même temps. Le titre, « Die theorie von allem », la théorie du tout en français, fait allusion au fantasme de tout physicien : développer une loi capable d’expliquer toutes les forces et particules de l’univers.

Le film nous plonge au début des années 1960. Le jeune Johannes se rend en compagnie de son directeur de thèse à un congrès de physique dans un hôtel de montagne dans les Grisons. Le doctorant défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais personne n’y croit, pas même son directeur. Les mystères s’accumulent pourtant dans la vallée alpine où le réel semble bien fragile. Vous l’avez compris, la virée helvétique tourne rapidement au cauchemar paranoïaque. Serait-ce dû au secret que couve la montagne?

Présenté en avant-première à la Mostra de Venise l’été dernier, « Die Theorie von allem » a reçu un bon accueil du public. Il a obtenu de nombreux prix dans différents festivals à gauche à droite. Il devrait plaire aux nostalgiques des années 60, aux cinéphiles aguerris et aux amateurs de science-fiction à l’ancienne.

Pour moi, le film a trois points forts indéniables.

Tout d’abord, son esthétisme léché. Hormis une séquence au début, toutes les scènes ont été tournées noir et blanc. Les contrastes sont très marqués. Des ombres planent accentuant le côté dramatique des lieux. Les expressions des personnages sont intensifiées par les clairs-obscurs. Il y a du Orson Welles dans certains plans. Côté paysages, « Die Theorie von allem » nous en met plein la vue. Il offre des perspectives grandioses des alpes en hiver. La neige y est abondante et les pistes de ski désertes. De quoi faire pâlir ceux qui dévalent actuellement des pentes à moitié vertes…

Le deuxième atout du film est sa musique. Une bande-son orchestrale dramatique qui s’égrène au fil des scènes. La partition de Diego Ramos Rodríguez m’a prise aux tripes. C’est bien plus qu’une toile sonore de fond. Elle fait partie intégrante du scénario. Dans les moments-clés, on ne sait plus si c’est l’image ou la musique qui est la plus saisissante. Certains trouveront qu’elle prend trop de place, moi j’ai aimé. Elle rappelle certaines ambiances hitchcockiennes.

Enfin, le troisième point fort du film est sa capacité à nous interroger de manière ludique sur une thématique complexe. Timm Kröger ne nous donne pas de réponse toute faite sur l’existence ou non de monde parallèle. Mais il nous questionne sur notre rapport à la réalité, à notre réalité. Plus les minutes avancent, plus on se met à douter. Que croire ? Où se situe la vérité ? Où s’arrête le réel et commence l’imaginaire ?

Si le film traite ces questions avant tout d’un point de vue physique, les aspects psychologiques, voire philosophiques ne sont pas écartés pour autant. Le cinéaste aborde indirectement la valeur qu’on donne à nos rêves et à nos intuitions, la place laissée au passé ou encore les quêtes qu’on mène.

Ses différents personnages incarnent tous une manière différente de se représenter le monde, de donner du sens à ce qui nous échappe. A chacun, chacune de se faire son avis sur l’issue du film en fonction de ses croyances.

Finalement, c’est un peu comme avec le multivers, plusieurs réalités peuvent coexister en même temps. Et selon les forces en présence dans nos esprits, les interprétations pourraient bien être à des années lumières…

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Chronique : Céline
Animation : Emma
Réalisation : Sébastien
Crédit image vignette : Roland Stuprich
Première diffusion antenne : 21 février 2024
Mise en ligne : Céline
Publié le 22 février 2024

Une publication de Radio Vostok


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