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De quoi vivent les artistes ?

Anne-Claire | 27 octobre 2020

Le statut des artistes est fragile. Entre jobs alimentaires, périodes de chômage et statut d’indépendant, comment et de quoi vivent les artistes en Suisse ? Comment améliorer les conditions de production des oeuvres ? Anne-Claire Adet reçoit Barbara Giongo, co-directrice du théâtre du Grütli à Genève, et Nicolas Rivet du collectif Rosa Brux.

Loin des cachets mirobolants de la vie d’artiste fantasmée, la réalité financière des travailleurs du monde artistique est moins rose. Des revenus souvent inférieurs à ceux des autres milieux professionnels, plus encore en ces temps singuliers, la réflexion sur cette question apparaît nécessaire. Art visuel et art théâtral, deux domaines bien différents mais soudés dans cette position de travail particulière, Barbara Giongo et Nicolas Rivet nous exposent leurs dernières observations sur le sujet.

Barbara Giongo a longtemps travaillé de l’autre côté de la barrière avant de s’employer à co-diriger un théâtre subventionné. Dans le numéro de novembre-décembre du magazine du théâtre « L’inutile », elle écrit et définit le statut d’artiste du théâtre comme un travailleur bénévole. Les subventions sont reçues dans des conditions particulières, à savoir lorsqu’un lieu est obtenu et que la phase de production est en marche. Entre six ou huit semaines donc, desquelles sont totalement absentes les nombreuses autres passées à mettre en place le projet, entre réflexion, élaboration et autres diverses étapes de conception en pré-production. La plupart des comédiens sont alors au chômage durant cette période, alors même qu’ils travaillent.

Nicolas Rivet fait partie du groupe Rosa Brux, un collectif d’art visuel qui, en plus d’organiser expositions et évènements artistiques, a mené une enquête sur les conditions de travail des artistes à Genève. 275 travailleurs dans le domaine contemporain ont été interrogés et les chiffres résultant de tout cela sont inquiétants. 90% d’entre eux ne peuvent vivre avec le revenu de leur profession artistique et se consacrent à un emploi alimentaire, afin de tendre vers la stabilité financière. En moyenne, 70% des artistes interrogés affirment gagner moins de 30’000 chf à l’année, ce qui les placent en-dessous du seuil de pauvreté genevois, qui est de 37’000 chf. L’artiste est rémunéré lorsqu’il expose – et encore c’est assez récent – par un cachet symbolique, l’institution concernée ne pouvant subvenir à tous les frais et tout le temps investi dans la préparation et la tenue d’une exposition. À noter que le terme de « cachet » n’existe pas légalement en Suisse, les artistes restent dans une zone floue et non déterminée, ils ne sont ni salariés, ni indépendants. Les rémunérations sont très composites et proviennent donc des expositions, mais aussi des résidences, des bourses, des prix ou encore de l’enseignement.

Les problèmes financiers sont donc bien marqués pour les artistes du monde du théâtre comme de l’art visuel, les solutions sont difficiles à trouver mais pas impossibles : mise en place de barème à respecter pour les institutions et soutien à ces institutions lorsqu’elles subventionnent les artistes par exemple, ce serait déjà un bon début.

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Invités : Barbara Giongo et Nicolas Rivet
Interview : Anne-Claire Adet
Animation : Lola
Production : Anne-Claire Adet
Réalisation : Pablo
Crédits photos : Aurélien Mole – Rosa Brux
Date de diffusion : 21 octobre 2020
Mise en ligne : Kelly
Publié le 27 octobre 2020

Une publication de Anne-Claire


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