Chien Bleu, la révélation de l’année
‘’On va jamais mourir’’, peut-on entendre du côté de Chien Bleu. L’artiste genevois débarque ce vendredi 6 décembre avec une nouvelle sortie au titre très optimiste, peut-être même un peu trop.
Insouciance de la jeunesse, paternité, timidité, souhait d’immortalité, ‘’On va jamais mourir’’ aborde avec poésie et cynisme les galères et expériences qu’on a forcément traversées en grandissant.
Pour cet album, Chien Bleu a revu les bases. Il y a plus de ‘’lui’’ dans ses textes, et les instrus sont allées chercher quelque chose de plus organique. Alors oui, ‘’organique’’ c’est un joli terme, mais qu’est-ce que ça veut dire? Il y a comme un retour aux sources et une épuration de la composition des morceaux. Déjà, les instruments: guitare, batterie, basse, clavier. Pour l’enregistrement, Chien Bleu a laissé ses musiciens s’exprimer sur leur attirail, en fermant un peu la vanne de l’électronique et de la composition sur ordi. Évidemment, l’album comporte toujours des samples et un saupoudrage de sons produits très bien dosé. On est sur des arrangements très subtils qui lient les instruments et comblent les petites pauses dans le texte, comme certains claps discrets sur ‘’Saisons’’.
D’abord les instruments
Dans cet album, les instruments jouent vraiment le rôle de pilier de soutien au texte. On retrouve l’ambiance intimiste d’anciens titres comme ‘’Azur’’ ou ‘’J’aime le feu’’, mais avec un son plus naturel, où le mixage applique moins de filtres que d’habitude sur les instruments. Il y a bien sûr la formation classique guitare-basse-clavier-batterie, mais beaucoup d’autres sons s’ajoutent à la danse, histoire de toujours coller au contexte. Un des premiers trucs qui m’a frappé quand j’ai commencé mon écoute, c’était le style assez ‘’macmillerien’’ de la musique, avec son côté très jazzzzz (oui, c’est obligé de mettre 5 ou 6 fois la lettre z). Sans aller jusqu’à empiler des notes dissonantes et appeler ça un accord de jazz, on a quand même ce côté chaud dans les mélodies et les harmonies. Ça donne à la fois un côté optimiste et nostalgique, pour laisser d’autres instruments s’inviter à la jam, comme on peut entendre sur ‘’Renaud’’: Un peu de vibraphone, quelques cordes très légères, et une longue note de trompette qu’on peut entendre au loin. Sur Renaud ou d’autres morceaux comme ‘’Jeunes Dieux’’ ou ‘’Blue Jean’’, on a ce groove qui avance de manière inexorable et qui vient lui-même nous prendre la tête pour la faire battre au rythme du métronome. Franchement, on est bien quand on écoute cet album. Et posés sur ce groove, les textes de Val.
Puis viennent les textes
On va dire les termes directement et sans détour: La plume de Chien Bleu est juste incroyable. ‘’On va jamais mourir’’ parle de l’insouciance de la jeunesse, et les paroles nous embarquent dans tout ce bouillonnement d’émotions, en particulier dans ‘’Mman’’ ou ‘’Avant l’aube’’. On retrouve des notions de fragilité et de conflit, que j’ai ressenties comme une sorte de ‘’mea culpa’’ qu’on a tous et toutes envie de faire envers les autres, mais surtout envers nous-même. Il y a énormément de choses qui se passent dans les paroles de ces morceaux, et ‘’Avant l’aube’’ est déjà dispo sur les plateformes, donc je ne peux que recommander d’aller l’écouter.
Retour à l’adolescence
Frapper fort avec des textes, c’est un peu la particularité de cet album. Que ce soit pour pousser une gueulante emplie de cynisme avec ‘’Foutu’’ ou ‘’Tous les mêmes’’, ou pour écrire un texte qui chope l’ado qu’on était par les tripes, ‘’On va jamais mourir’’ est blindé de paroles qui ne laissent jamais indifférent-e. Il y a énormément de thèmes abordés dans cet album: du cynisme, la sensation de stagner, les conneries de jeunesse, la timidité, le sentiment d’invincibilité et la quête d’éternité… Bref, toutes ces expériences et ces galères qui caractérisent le fait de grandir.
La track qui m’a le plus touché avec ce thème est ‘’On peut voler’’. Au même titre qu’on peut se baigner dans un volcan ou faire un bras de fer avec un ours, on retrouve cette insouciance de la jeunesse, centrale à l’album. Tant qu’on se concentre pas sur l’atterrissage, la sensation est unique, et la chute est belle.
Quand on est jeune, le temps semble figé, et d’un coup on grandit et tout s’accélère. L’album est une claque, avec des textes intenses qui se posent sur des instrus à la fois simples et riches.
Au final, ‘’On va jamais mourir’’ c’est juste l’album d’un mec qui tatoue à la jonction, comme le dit Chien Bleu lui-même, mais ça représente déjà beaucoup de choses, et c’est pour ça que les textes visent toujours juste.
On a en tout cas hâte du 6 décembre, date de la sortie de ‘’On va jamais mourir’’. Là tout de suite, c’est pas à la Jonction qu’on se rend, on va plutôt faire un crochet par New York.
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Luis, Alexis
Première diffusion antenne : 2 décembre 2024
Crédits photos : N. Firmino (@twohvnds)
Crédit photo Une : Chien Bleu
Publié le 2 décembre 2024
Modifié le 11 décembre 2024
Mis en une le 12 décembre 2024
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