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CultureExposLa Quotidienne

Au MAH, Wim Delvoye fait voler en éclats nos certitudes

Céline | 2 février 2024

Une carte blanche à l’artiste plasticien Wim Delvoye. C’est ce que propose le Musée d’art et d’histoire depuis le 26 janvier et jusqu’au 16 juin. L’exposition s’appelle « L’ordre des choses » et elle est simplement géniale !

C’est pas si fréquent ces moments où t’es à la fois charmée, surprise et amusée par ce que tu vois, et en même temps remise en question sur tes croyances et tes représentations. Pour moi, l’expo du MAH offre tout ça à la fois. Elle nous bouscule tout en nous faisant rire !

Le concept de la carte blanche est assez simple. En gros, l’artiste invité va faire son marché dans les dépôts du musée, il choisit les pièces qui lui parlent, puis il les met en scène avec ses œuvres à lui dans un but précis.

Dans le cas présent, Wim Delvoye nous confronte à notre rapport à l’art et aux objets. Il questionne ce qui a de la valeur à nos yeux, ce qu’on juge beau ou pas beau. C’est frais, ludique, et un brin provocateur ! Allez-y, je vous promets, vous ne serez pas déçu !

Wim Delvoye est un plasticien belge né en Flandre en 1965. Il est reconnu dans le monde entier pour sa capacité à surprendre et à faire voler en éclats nos certitudes. Sa notoriété a vraiment démarré en 2000 avec son œuvre Cloaca. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette installation mythique de l’art contemporain, Cloaca est un tube digestif géant. En gros, une machine à caca.

Wim Delvoye a un côté assez trivial. Il aime heurter le visiteur, l’inviter à voir les choses sous un autre angle. Ses œuvres ont d’ailleurs souvent fait scandale. En 2007, il a rassemblé des crucifix qu’il a ensuite fondu ensemble. Plus tôt dans sa carrière, il avait tatoué une série de cochons pour dénoncer la société de consommation et l’exploitation animale.

Le plasticien a cette particularité de proposer des produits à la fois très médiatiques et très contestataires. Il est mainstream et anti-mainstream. Bref, il est inclassable. Et ce qu’il nous propose, c’est précisément de revoir nos classements bien-pensants.

L’expo contient beaucoup de choses et beaucoup de choses très différentes. Je commence par le plus impressionnant : des tableaux de Picasso et d’Andy Warhol perforés à plusieurs endroits par un gigantesque circuit à billes. Les rails se déploient dans toute la salle. Ils transpercent des œuvres, des murs et des vitrines dans un bruit industriel assourdissant. L’effet est grandiose !

Plus tôt sur votre chemin, vous aurez vu des sculptures néoclassiques totalement revisitées. Certaines semblent avoir été prises dans une tornade, les corps sont comme déformés par la force du mouvement. On tourne autour malgré nous, il y a un côté hypnotisant.

Plus loin, vous découvrirez une collection impressionnante d’étiquettes de Vache qui rit ! Il y en a 2500 issues du monde entier ! Elles recouvrent plusieurs murs du musée. Ça vaut la peine de les observer de près. Elles sont toutes différentes, souvent à un détail près comme le nombre de portions ou le cadeau dans la boîte.

Wim Delvoye adore détourner les objets de leur contexte d’origine, puis les transplanter dans un tout autre univers. Il est aussi le spécialiste des rapprochements absurdes.

L’artiste a par exemple transformé trois petits salons feutrés du musée en des sortes de cabinets de curiosités surréalistes. En entrant à gauche, posé contre le mur, on trouve un écusson genevois peint sur une planche à repasser. Un peu plus loin, on découvre un vélomoteur couché dans un étui d’instrument de musique à côté d’un sarcophage égyptien. Quel est l’objet d’art ? Quel est l’objet d’usage ? Wim Delvoye aime brouiller les messages pour mieux nous questionner.

Quant à la fameuse salle des armures, c’est un peu Trouver Charlie ! Le plasticien a semé des objets à lui parmi les collections de casques et d’épées du musée. Ils se fondent totalement dans le décor. Au point qu’on a de la peine à trouver l’intrus parfois.

Dans cet espace très chargé, l’artiste veut nous sensibiliser à notre peur du vide. À notre tendance à vouloir combler le moindre petit espace pour atténuer nos angoisses. À nouveau, l’artiste passe par le jeu pour nous amener vers des réflexions plus profondes.

Toute sa force est là. Wim Delvoye ne cesse de nous étonner. Ils désacralisent les tableaux les plus cotés, et réenchantent des objets du quotidien complètement négligés. Toujours avec humour, ils nous emmènent explorer des territoires artistiques méconnus. Il nous invite, par l’expérience, à interroger la beauté des choses qui nous entourent.

En sortant de l’expo, je suis ravie, mais aussi légèrement déboussolée. Un peu comme au retour d’un grand voyage. Comme si mon cerveau avait été réinitialisé. Au final, je me demande si c’est pas dans mon esprit que Wim Delvoye a greffé sa carte blanche.

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Chronique : Céline
Animation : Emma
Réalisation : Sébastien
Crédit image: DR
Première diffusion antenne : 31 janvier 2024
Mise en ligne : Céline
Publié le 2 février 2024

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Une publication de Céline


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