menu Home search
CinemaÉcransLa Quotidienne

Au boulot ! un documentaire bancal mais touchant

Johan | 6 décembre 2024

Alors en préambule de cette chronique petit avertissement à nos auditeurs, le film documentaire que je vais vous présenter aujourd’hui porte principalement sur la France et sur des personnalités politiques ou médiatiques françaises. Restez calme, Ne vous en faites pas, je sais que la politique en France fait parfois peur mais on sera ici dans un espace léger et fraternel.

Au boulot est le 4ème film documentaire de François Ruffin, le 3eme coréalisé avec Gilles Perret. François Ruffin, tu le connais probablement, est un journaliste et homme politique français de gauche. Il avait notamment réalisé Merci Patron, une comédie documentaire, un peu dans le style Michel Moore et qui avait eu le César du meilleur film documentaire en 2017. Le film montrait le parcours de François Ruffin pour porter auprès du PDG de LVMH la voix d’une famille dont les deux parents avait été licenciés suite à la délocalisation d’un sous-traitant de ce géant du luxe.

Dans ce nouveau documentaire, il reprend un peu ce côté ludique dans la réalisation avec une idée de base assez simple. Pour t’expliquer cette idée je dois d’abord te présenter le personnage principal de ce documentaire, l’avocate et chroniqueuse tv Sarah Saldmann. Alors Te souviens-tu de la fameuse phrase d’Emmanuel Macron : « je traverse la rue et je vous trouve un travail »? Bon cette vision libérale et un peu hors sol, Sarah Saldmann la défend avec vigueur. Mais elle aurait probablement ajouté « je traverse la rue et je vous trouve un travail bande de petites feignasses qui ne servent à rien » car Sarah Saldmann dans ces interventions sur CNEWS BFM ou autres a le verbe haut c’est un peu Bigard fait de la politique. Elle dénonce entre autres les assistés, les glandus, les fragiles, les feignasses et j’en passe

Lors d’une de ces interventions sur RMC, elle fustigeait ceux qui trouvaient le SMIC trop bas en affirmant que l’on pouvait largement vivre avec 1300 euros par mois. François Ruffin, la prenant au mot, lui a alors proposé de travailler et de vivre avec un SMIC pendant 1 mois pour voir si c’était si facile que cela. Ce qu’elle a finalement accepté. Le film suit donc cette jeune femme travailler dans différents métiers mal payés mais pourtant indispensable à toute société : livreurs, ouvriers, serveurs, aides-soignants, etc. Et la place face à ses préjugés. Alors si vous regardiez la télé dans les années 2000/2010, ça ressemble beaucoup à un combo entre une émission de vis ma vie (ou deux personnes échangeaient leur vie pendant une semaine) et un épisode de the Simple life avec Paris Hilton et Nicole Richie ou deux jeunes jetsetteuses devaient survivre dans l’Amérique moyenne. Résultat, dans Au boulot, on est face à une jeune bourgeoise qui doit se mettre aux travaux manuels et découvre la difficulté de la vie une fois passé le périphérique parisien 😉

A ce moment de la chronique, je suis presque obligé de me dévoiler un peu afin que ma chronique n’apparaisse comme pas biaisée. Alors en tant que personne, j’aime bien François Ruffin, il m’apparait sincère sans sa démarche de soutien aux plus faibles d’entre nous. Ceci étant dit, cinématographiquement, Au boulot n’est clairement pas un grand film. Il n’y a pas vraiment de mise en scène, la réalisation est basique. Et c’est presque normal car ce n’est pas l’objectif des réalisateurs. D’un point de vue documentaire, même topo, la recherche formelle n’est pas la priorité ici, n’attentez pas la relève de Nicolas Philibert ou Raymond Depardon. La volonté de François Ruffin n’est pas de faire un film disons artistique mais de faire bouger les lignes, ici de sensibiliser les plus aisés aux difficultés d’une grande partie de la population française.
Sous cette perspective, le film a une grande vertu , son humanité et sa capacité à recréer un espace de dialogue dans une société fracturée. Sarah Saldmann, porte drapeau d’un ultra libéralisme libéré n’a pas une épiphanie mais elle se rend progressivement compte que ses préjugés se heurtent à la réalité, au quotidien de vies cabossées, à un travail difficile et épuisant. Car en parallèle, à travers ces rencontres, ce sont bien les témoignages de ces travailleurs de l’ombre ou de ces personnes aidées que le film met à l’honneur : leur labeur, leur dignité, leur volonté de s’en sortir… Le film est touchant, émouvant et clairement une réussite à ce niveau. Les témoignages combinés d’employeurs, d’employés, l’écoute de Sarah Saldmann permettent de rappeler qu’un monde où on peut dialoguer et mieux se comprendre existe ou peut exister. C’est également un plaidoyer pour toutes ces populations méprisées ou oubliées par une grande partie de l’appareil politique : les petites gens, les « sans dents » comme disait certains. Ce documentaire rappelle toute leur dignité et leur respectabilité.

Au boulot n’est clairement pas le documentaire le plus original de l’année, la mise en scène est neutre – disons journalistique – et le fond, la difficulté de vivre pour les personnes au SMIC ou en dessous a déjà été abordé. Toutefois, l’humanité et la fraternité qui s’en dégagent font que tu passes un vrai bon moment à le regarder.
D’ailleurs, arrive bientôt le moment des bonnes résolutions – l’une d’entre elles pourrait être celle d’emmener voir ce film cet ami ou connaissance qui parle uniquement entreprenariat et Crypto et qui pense que la pauvreté est un choix. Miracle de noël, grâce à ce film tu pourrais recevoir une nouvelle version de cette personne moins méprisante et avec une vision un peu moins manichéenne de la vie ! Merci qui, Merci Au Boulot !

Chronique : Johan M.
Animation : Emma
Réalisation : Alexis / Luis
Crédits photos : Les 400 cloups
Première diffusion antenne : 2 décembre 2024
Mise en ligne : Johan
Publié le 4 décembre 2024

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Johan


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




X

Tout schuss pour Vostok

Radio Vostok a besoin de toi maintenant
Dévale les Pentes de la Culture avec Nous !

63%
financé
3150 CHF
sur 5000 CHF collectés
22:45
restant
play_arrow thumb_up thumb_down
hd