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La QuotidienneMusique

« Am I slow enough » la plongée synthétique de Luce

Romain | 4 mai 2022

Présentation d’une lucernoise dénommée Luce. Son nouvel opus «Am I slow enough ?» s’écoute en baladodiffusion et en cassette depuis le 18 mars. Neufs titres apaisants en sensibles aux couleurs pastel. Je vais les décortiquer succinctement. Il faut d’abord noter qu’il s’agit du projet personnel d’une professeure de musique, Tiziana Greco de son vrai nom. De ce que j’ai lu d’elle et sur elle, elle écrit aussi en poète. Elle questionne le rapport au temps et cette société de la course. Est-ce que nous ne serions pas toutes et tous le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles ?

Ses productions rappellent le mouvement « slow food ». On choisit les ingrédients aussi lentement qu’on les cuisine. On prend le temps d’humer, de déguster, de s’arrêter… C’est de la philosophie culinaire ! Il y a de ça dans «Somersaulting», la chanson dont on vient d’entendre un extrait. Des sonorités aquatiques viennent accompagner la gracieuse tessiture de la chanteuse productrice. Elle fait quasiment tout de ses propres mimines : de la composition à l’enregistrement. Chapeau bas. La piste précédemment évoquée fait résonner sa voix, incroyablement porteuse et soutenue. Elle joue à de son vibrato à merveille. On dirait qu’elle s’adresse directement à nous. J’arrête là pour la partie vocale. Et le reste alors ? Du minimalisme et une attention particulière portée aux sonorités vieilles écoles. Des synthés des années 80 ou des sons de Gameboy reviennent fréquemment. Dans « Your spores » on plonge à deux mille lieues sous les mers… On entends le chant d’une baleine rockeuse, elle a mis de la dysto’ et nous emmène dans une eau bleue noire où le temps s’étend, lentement. Les réverbérations bassues recréent l’effet d’un hydrophone, un micro utilisé pour les explorations sous-marines. C’est en peut-être un d’ailleurs, on croirait vraiment sentir les bulles et les courants nous emporter.

Luce bidouille les potards avec brio. Le synthétiseur reste son instrument de prédilection depuis qu’elle est petiote. Bien équipé on peut aller loin avec un tel instrument. D’un simple bip neutre, on peut tirer des chef-d’œuvres expérimentaux. Boucler, distordre, retorde et ainsi de suite. Voilà ce que font les artistes derrière ces machines. Je parle là d’un courant différent de ce que propose l’artiste. Quelque chose de plus électro appelé notamment «musique répétitive» ou «musique contemporaine». Je retrouve de cette liberté dans l’album «Am I slow enough ?». Certains et certaines appellerait cela de la Synth-folk. Il présente à la fois des côtés conventionnels et perchés, comme si l’artiste avait voulu prendre le meilleur des deux mondes. Le dernier titre de cette chronique aurait pu être signé Kali Uchis, la fameuse diva colombienne. On se croirait dans un passage féerique du jeu Zelda. Tout est vaporeux, mousseux, on découvre la magie de l’arbre Mojo. La chanteuse groove avec classe et nous fait avancer dans cette étrange forêt…La vieille boîte à rythme latino et les faux violons parachèvent la touche surannée de la prod’.
S’il est vrai que le tort tue, le kitsch lui, coûte ! Ici cependant, il paye.


Chronique : Romain
Réalisation : Téo
Crédits photo podcast : © Thi My Lien Nguyen
Crédits photo background : © DR
Date de diffusion: 14 avril 2022
Publié le 4 mai 2022

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