Africa Negra, groupe légendaire de Sao Tomé-et-Principe

Quand la musique permet de découvrir un bout d’histoire et surtout de géographie. C’est ce que nous propose Bongo Joe avec leur nouvelle sortie. Respect massif au label pour commencer. Je reviendrai dessus plus tard, mais d’abord place au son, place au soleil. Je viens te présenter l’Antologia Vol.1 d’Africa Negra !

«Carombola» est le deuxième titre de cet excellent album sorti le 1er avril. Si tu veux doucement t’enjailler, tu peux y aller les yeux fermés. Le high life et la rumba congolaise se croisent avec pléthores d’autre styles pour créer la Puxa. Le genre phare des îles Sao Tomé-et-Principe. Situées au large du Gabon, sur l’équateur ! Là-bas on parle le créole Forro et le Portuguais, à cause de qui à cause de quoi ?! Les gentils colons bien sûr ! Quelle surpise ! L’indépendance s’est produite en 1975, quelques années après la révolution des œillets au Portugal. Avant cela, 4 siècles d’esclavage pour cet archipel! Un nombre incroyable de peuples afro et latino s’y sont côtoyés et les chaînes se sont lentement brisées. En résulte une musique généreusement nuancée. Malgré ce passé difficile, l’orchestre Africa Negra a produit des pépites ensoleillée. Formé en 1970 par un boucher et un guitariste le groupe est rapidement devenu un phénomène. Il a composé le fond sonore des liesses collectives à la libération. Ce vent d’optimisme plane tout au long de la galette. Chaque piste comporte au moins trois guitares, une basse et trois percussions. Sans parler des voix, entêtantes au demeurant. Les enregistrements se faisaient à l’époque dans la cours de la vétuste radio nationale. L’overdub crée une ambiance aérienne sur les grattes. C’est une technique où l’on double ou triple les lignes avec de subtiles disparités de ton ou de temps, ce qui donne du corps au son. Tu entendras aussi les ondes finement altérées par les effets de reverb’.

Concernant le label genevois, à mon humble avis, Bongo Joe est la meilleure maison de la ville. Située aux Halles de l’Ile, tu y trouves de tout et surtout des fins connaisseurs et -sseuses. Un endroit où il faut absolument perdre son temps. Le principe de base est de mettre en valeur, éditer et rééditer des pépites venues de loin et d’ici. Les productions contemporaines côtoient des vieilleries sorties du fin fond du monde. C’est aussi un café associatif où tu peux te délecter d’une kyrielle d’artistes en concerts. Tu peux également lire, boire et manger des cacahuètes. La folie! Je m’arrête là pour la pub, il faut y aller. Ponto.

Retour à Sao Tomé avec le tube emblématique «Vence Vitoria». Tu vas entendre le doux refrain chanté en cœur puis une sorte de frottement boisé. C’est le guiro, cousin africain de la planche à laver. Comme souvent sur l’album chaque temps est bien marqué, en 4/4, simple d’écoute pour nous européens. Ensuite une ribambelle de percussions syncopent la production, zouk garanti.. Les boucles se développent finement et tu rentres dans la danse sans t’en rendre compte. Imagine l’eau turquoise quasi translucide. Tu es sur la plage en fin de journée, température parfaite. Longues vacances, tu lâches tout et tu kiffes. Chaleur, Torpeur. Tranquilo.

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Chronique : Romain
Réalisation : Téo
Crédits photo podcast : © Bongo Joe
Crédits photo background : © Belo Monte
Date de diffusion: 7 avril 2022
Publié le 9 avril 2022

Une publication de Romain