Montreux Jazz: dernière symphonie entre lac et montagnes
Il y a des lieux qui marquent l’histoire d’un festival autant que les artistes qu’il programme. Depuis plusieurs années, la Scène du Lac et le Casino incarnent l’âme mouvante du Montreux Jazz Festival, entre panorama époustouflant et chaleur intimiste. En juillet 2025, pour sa 59e édition, le MJF y vivra une ultime traversée avant de retrouver, en 2026, les murs du Centre des Congrès pour célébrer son 60e anniversaire. Une page se tourne, mais elle se referme avec panache, au rythme d’une programmation qui embrasse les époques, les styles et les sensibilités.
Une édition entre mémoire et mouvement
Du 4 au 19 juillet, le Festival orchestre une dernière danse sur ces deux scènes devenues mythiques. Comme un adieu soigné, sensible, porté par un désir : faire dialoguer les générations et les genres dans ce décor de rêve où chaque coucher de soleil résonne comme une promesse musicale. Rémi Bruggmann, co-responsable de la programmation, le confirme : cette configuration unique a guidé les choix artistiques, pensés pour faire corps avec les lieux.
Sur la Scène du Lac, l’expérience se veut totale. Entre air libre, lumière dorée et horizon liquide, la musique se vit autant qu’elle s’écoute. Cette année, elle accueillera des concerts aux allures d’événements : Ray, le 9 juillet, en pleine ascension, ou encore les apparitions rares de Noah Kahan et Benson Boone, dont les passages européens se comptent sur les doigts d’une main. Et comme le festival aime à tisser des liens entre passé et présent, les retours très attendus de Pulp, absents de la scène suisse depuis vingt ans ou d’Alanis Morissette, fidèle parmi les fidèles, viendront ponctuer cette édition d’un souffle nostalgique.
Une pluralité de voix et d’esthétiques
Si le jazz, cœur battant du festival, reste bien présent, le MJF 2025 affirme plus que jamais sa volonté de refléter la richesse des sonorités actuelles. Le Casino, dans son ambiance feutrée, devient un écrin idéal pour brouiller les frontières entre les styles. R&B, pop, musiques latines ou hip-hop s’y croisent sans hiérarchie, portés par une acoustique soignée et une attention renforcée au confort du public. Yoa s’y produira le 16 juillet, au sommet d’une carrière en plein essor, dans une salle où les artistes peuvent donner toute la mesure de leur univers.
La scène accueille aussi deux générations de grandes voix jazz : Dianne Reeves et Samara Joy, réunies dans un passage de témoin délicat entre tradition et renouveau. C’est dans cet esprit que le festival mise sur les contrastes, les chocs, les dialogues. Ainsi, le dimanche 13 juillet sur la Scène du Lac, Jamie XX et FKA Twigs partageront l’affiche pour une soirée électrisante où les textures électroniques rencontrent la sensualité avant-gardiste d’une pop mutante. Une manière de défendre la diversité musicale sans jamais la figer, fidèle à l’histoire du Montreux Jazz, qui dès ses débuts, n’a jamais été un festival uniquement jazz.
Un regard tourné vers l’avenir
À travers cette édition charnière, le MJF ne cherche pas à clore, mais à transmettre. La programmation agit comme un miroir de notre époque : ouverte, multiple, mouvante. Les questions d’inclusivité et de parité, bien que non revendiquées frontalement, traversent naturellement les choix artistiques. « Le festival est un reflet de la société », explique Rémi Bruggmann. Et c’est peut-être là sa plus grande force : capter l’air du temps sans s’y soumettre.
Alors que les grands rendez-vous de la musique hyperpop ou du reggaeton bousculent les programmations estivales, Montreux répond avec sa propre lecture du présent : exigeante, singulière, en prise directe avec les tendances sans perdre son ancrage historique. Prendre des risques, inviter l’inattendu, croiser les voix et les visages. C’est dans cette tension entre fidélité et audace que le MJF continue d’écrire sa légende.
Une dernière fois, au bord de l’eau
Cette 59e édition a tout d’un instant suspendu. Un dernier tour de piste avant la métamorphose. En 2026, pour ses 60 ans, le festival reviendra au Centre des Congrès, son cœur historique, avec sans doute son lot de surprises. Mais en attendant, c’est au bord du lac, entre brise légère et lumière déclinante, que les notes s’élèveront une ultime fois sur ces scènes désormais mythiques.
Le rendez-vous est pris. Pour goûter une dernière fois à cette alchimie rare, où les lieux, les sons et les instants composent ensemble un langage universel. Celui d’un festival qui, depuis bientôt six décennies, sait faire battre les cœurs à l’unisson.
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Invité : Rémi Bruggmann
Animation : Emma
Réalisation : Candice et Noé
Production : Romain et Stéphanie
Communication : Lisa
Première diffusion antenne : 15 avril 2025
Rédaction et mise en ligne : Camille
Crédit photo vignette : DR
Crédit photo fond : Barry can’t swim / Marc Ducrest
Publié le 16 avril 2025
Mis en une le 15 mai 2025
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